Yvain, dit le chevalier au lion, de Chrétien de Troyes, constitue l’un des premiers romans de la littérature française. Mêlant aventures et amour courtois d’un chevalier de la table ronde, il vient d’être adapté en bande dessinée.
En quête d’exploits, le chevalier Calogrenant croise la route d’un bossu lui révélant un défi dont personne n’est encore sorti vivant : une fontaine magique au cœur de la forêt de Brocéliande déclenche une violente tempête dès que l’on répand son eau sur le perron. Calogrenant s’y rend mais, dès qu’il se met à vider la fontaine, un mystérieux chevalier apparait pour demander réparation et le bat en duel. Celui-ci l’humilie même en lui volant son cheval, l’obligeant ainsi à retourner à pied. Lorsqu’il rentre au château de Carduel, Calogrenant raconte sa mésaventure au roi Arthur. Découvrant cette histoire, Yvain décide de partir dès le lendemain matin en direction de la fontaine et rencontre le protecteur de celle-ci : le seigneur Esclados le Roux. Pour venger le chevalier Calogrenant, Yvain le combat mais le blesse mortellement, le poursuit et se retrouve pris au piège entre les herses de la porte d’un château. Il est alors fait prisonnier et s’éprend de dame Laudine, la veuve du défunt seigneur. Mais comment se faire aimer d’elle ? Lunete, une servante, obtient de la châtelaine qu’elle accorde un entretien à Yvain. Ce dernier la convainc qu’elle a besoin d’un chevalier comme lui pour protéger le château et la fontaine. Ils se marient. Laudine accepte qu’Yvain reparte à l’aventure, mais à une condition : il doit être rentré avant un an. Elle lui donne aussi un anneau d’invincibilité. Il va devoir choisir entre sa fidélité envers son épouse et son allégeance envers son roi. Mais un an plus tard, Yvain a oublié sa promesse. Il n’est toujours pas rentré. Laudine envoie alors une messagère pour reprendre l’anneau et annoncer au chevalier qu’elle ne veut plus le revoir. Fou de douleur, le chevalier erre dans la forêt pendant des mois…
Dans le tome 2, Yvain est recueilli par la servante d’une noble dame. En signe de reconnaissance, le chevalier promet de combattre l’ennemi de sa bienfaitrice. Une fois sa mission couronnée de succès, Yvain est témoin d’une scène incroyable : le combat entre un dragon crachant des flammes et un lion. Yvain choisit de sauver le lion, qui dès lors l’accompagne dans ses aventures. Yvain, appelé le « chevalier au lion », doit maintenant défendre l’honneur de la servante Lunete contre sa propre épouse : Laudine…
Après la mythologie grecque, Luc Ferry continue d’adapter en bande dessinée les textes fondateurs pour révéler leur message philosophique. Il imagine la trame de chaque tome mais ne le scénarise pas. N’étant pas un auteur de bande dessinée, il se contente d’écrire un cahier en fin d’ouvrage révélant le thème philosophique.
Dans cette nouvelle collection intitulée “La sagesse des mythes, contes et légendes”, il a commencé par Lancelot. Il poursuit par l’épopée d’un autre chevalier de la table ronde : Yvain, dit le chevalier au lion. Cette nouvelle série chevaleresque en trois albums, tirée du roman de Chrétien de Troyes, mêle aventures et amour courtois.
Chrétien de Troyes, écrivain du XIIème siècle, auteur de romans de chevalerie, est considéré comme le fondateur de la littérature arthurienne en ancien français. Il s’inspire des légendes bretonnes et celtes du Roi Arthur et de la quête du Graal, déjà transcrites par Geoffroy de Monmouth (Historia regum Britanniæ) et Wace (Roman de Brut). Ses œuvres conservées sont Érec et Énide, Cligès ou la Fausse morte, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Yvain ou le Chevalier au lion, et Perceval ou le Conte du Graal (inachevé). Mais Du roi Marc et d’Yseult la blonde reste malheureusement perdu. Il se focalise sur des chevaliers qui rivalisent de courage pour vaincre le mal : Yvain, Lancelot, Perceval, Gauvin… Dans ses romans mêlant aventure chevaleresque, esprit de croisade et amour courtois, les héros sont souvent confrontés à un choix difficile entre leur devoir de chevalier et leur passion amoureuse. Ces romans sont écrits en vers octosyllabiques (huit syllabes) à rimes plates, deux à deux, ce qui est courant au XIIe siècle.
C’est Clotilde Bruneau qui crée chaque scenario ainsi que les dialogues. Elle reste fidèle à l’œuvre originale. Ecrit vers 1176, ce texte constitue l’un des premiers romans de la littérature française. Il relate comment Yvain, rejeté par son épouse pour avoir rompu une promesse, devient chevalier errant, accomplit des actes héroïques, puis regagne les faveurs de sa dame.
Né en 1978, l’italien Diego Oddi, à l’âge de 35 ans, décide d’abandonner l’étude des maladies neurodéveloppementales pour se lancer en bande dessinée, ce dont il a toujours rêvé. En septembre 2013, il s’inscrit à l’École Internationale de Bande Dessinée de Rome. Ses collaborations réussies avec Bug Comics et Editoriale Aurea l’encouragent à se consacrer pleinement à cette carrière. Il est dorénavant l’un des piliers de la collection « La Sagesse des Mythes », pour avoir dessiné Œdipe, Orphée et Eurydice, Eros et Psyché, Narcisse et Pygmalion, Don Juan… Son trait classique est minutieux, mais on regrette que la colorisation de Scarlett Smulkowski soit un peu sombre.
L’album se conclut par un dossier sur l’amour courtois à l’époque médiévale sous la plume de Luc Ferry.
Kristol Séhec
La Sagesse des mythes, Yvain, Le chevalier au lion, Tome 1, La fontaine magique, Tome 2, Le Serment du preux, 48 pages chacun, 14,95 euros chacun. Éditions Glénat.
Illustrations : DR
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