Travail de nuit : quels risques pour la santé ?

Alors que plus de 3 millions de Français travaillent de nuit, les alertes sur les effets délétères pour la santé se multiplient. Troubles du sommeil, dépression, maladies cardiovasculaires ou diabète : les répercussions de ces horaires atypiques sont désormais bien documentées, sans que de réelles mesures de prévention ne soient généralisées.

Une désynchronisation biologique aux conséquences multiples

Défini par le Code du travail comme une activité exercée entre 21 heures et 6 heures, le travail de nuit concernait 11,1 % des actifs en France en 2023 selon la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques). Cette proportion reste inférieure au niveau de 2019 (11,9 %), mais elle est en hausse continue depuis la crise sanitaire. Parmi les hommes en emploi, 15 % travaillent la nuit, contre 7 % des femmes selon un article de Franceinfo du 26 novembre 2024.

Ce rythme désorganise profondément l’organisme. Le sommeil de jour est non seulement plus court, mais aussi moins réparateur, ce qui provoque une dette chronique. L’horloge interne, qui régule température corporelle, hormones et cycle veille-sommeil, est perturbée. Cette désynchronisation favorise des troubles métaboliques : tour de taille accru, anomalies de la glycémie, excès de triglycérides, ou baisse du « bon » cholestérol. À cela s’ajoutent des risques accrus d’obésité, de maladies cardiovasculaires, de cancers et de troubles psychiques, y compris des épisodes dépressifs.

Les accidents du travail sont également plus fréquents la nuit, en raison de la fatigue accumulée et d’une vigilance affaiblie.

Des secteurs en première ligne

Certaines professions sont particulièrement exposées. En 2023, 27,6 % des personnes employées dans l’agroalimentaire ont travaillé au moins une fois de nuit sur une période de quatre semaines, contre 26,6 % dans les transports et l’entreposage, 19,2 % dans le secteur hospitalier et 17,9 % dans l’hébergement-restauration selon les chiffres de la DARES. La part est également notable chez les indépendants (13 %) et les salariés (10,9 %).

Malgré cela, peu d’aménagements sont proposés. La réglementation impose un maximum de huit heures de travail nocturne par jour (hors accords collectifs), et 40 heures par semaine calculées sur 12 semaines. Mais ces seuils restent insuffisants pour prévenir les pathologies chroniques.

Source : juritravail.com

Prévenir les effets du travail de nuit

Plusieurs stratégies permettent toutefois d’atténuer les impacts du travail nocturne. Il est recommandé de s’assurer chaque jour d’un sommeil de quatre heures minimum le matin, éventuellement complété par une sieste en fin d’après-midi. Un environnement calme, obscur et isolé du bruit est essentiel.

Une activité physique régulière permet également d’améliorer le sommeil, de limiter les risques cardiovasculaires et de réguler le métabolisme. Des techniques de relaxation ou de cohérence cardiaque peuvent aussi aider les travailleurs à mieux récupérer.

Enfin, un dispositif de reconnaissance de la pénibilité permet d’accumuler des points pour partir plus tôt à la retraite : un trimestre de travail de nuit équivaut à un point. Dix points donnent droit à un trimestre d’anticipation, 80 points à deux ans de départ anticipé.

Crédit photo : Pexels.com (CC0 Domaine public) (photo d’illustration)
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