Alors que la Pologne se prépare, ce 1er juin, à des élections présidentielles cruciales (second tour), les enjeux dépassent largement les étiquettes politiques ou les personnalités. Selon Jacek Saryusz-Wolski, négociateur chevronné de l’UE et ancien vice-président du Parlement européen, ce scrutin pourrait déterminer si la Pologne restera une nation souveraine ou deviendra une province docile d’un super-État dirigé par Bruxelles. Artur Ciechanowicz l’a interviewé pour The European Conservative, traduction par nos soins.
Pourquoi l’UE reste-t-elle soudainement silencieuse sur des politiques controversées telles que le Pacte vert et la migration ?
Jacek Saryusz-Wolski : Comme l’a récemment rapporté Le Monde, la Commission européenne retarde délibérément ses annonces dans deux domaines politiques essentiels : le Green Deal et la migration. L’idée est d’éviter de mettre le candidat préféré du gouvernement polonais, le libéral pro-UE Rafał Trzaskowski, dans une position politiquement inconfortable avant les élections. Nous avons vu une situation similaire en Roumanie : après la victoire électorale du centriste pro-UE Nicușor Dan, tout a immédiatement avancé, y compris les initiatives liées à la migration. Nous assistons à une pause stratégique, essentiellement une licence temporaire accordée au Premier ministre polonais Donald Tusk par Ursula von der Leyen pour « tuer la vérité », pour ainsi dire. Cela donne à Trzaskowski la possibilité de prendre ses distances par rapport aux politiques les plus controversées de l’UE pendant la campagne, une sorte de camouflage politique. Après les élections, cette illusion ne sera plus nécessaire.
Si Trzaskowski l’emporte, à quel type d’alignement sur l’UE les Polonais doivent-ils s’attendre ?
Jacek Saryusz-Wolski : Trois questions majeures sont en jeu. Premièrement, si Trzaskowski l’emporte, nous pouvons nous attendre à ce que la Pologne s’aligne sans résistance sur le programme climatique et le Green Deal de l’UE. Cela n’a rien de surprenant compte tenu de la dépendance politique du camp Tusk vis-à-vis de Berlin et de Bruxelles. Deuxièmement, la politique migratoire. Bruxelles peut s’attendre à une mise en œuvre sans heurts de ses plans migratoires sous la présidence de Trzaskowski. Il n’y aura pas de résistance. Troisièmement, la future structure de l’Union européenne. Cela inclut les modifications des traités et le transfert progressif des pouvoirs nationaux au niveau européen. Sous Trzaskowski, la Pologne serait en fait un complice passif de ces efforts de centralisation, sans résistance ni lignes rouges. La transformation de l’UE en un super-État européen quasi fédéral se poursuivrait sans entrave. En revanche, si l’adversaire conservateur de Trzaskowski, Karol Nawrocki, l’emporte, on peut s’attendre à une forte résistance à ces tendances. Il défendrait la souveraineté polonaise en matière de climat, de migration et de constitution.
Quel serait l’impact sur les relations de la Pologne avec les États-Unis ?
Jacek Saryusz-Wolski : C’est la quatrième question, et peut-être la plus existentielle. Une victoire du camp Tusk-Trzaskowski nuirait aux relations de la Pologne avec les États-Unis. Seul un président polonais capable de coopérer avec Donald Trump peut garantir le maintien du soutien militaire et stratégique américain. Trzaskowski n’est tout simplement pas cette personne. Les pays d’Europe occidentale tentent déjà de prendre leurs distances avec les États-Unis et de promouvoir une « autonomie stratégique », c’est-à-dire une alternative européenne à l’OTAN. Une présidence Nawrocki garantirait que la sécurité de la Pologne reste fermement ancrée dans le système d’alliances dirigé par les États-Unis. Il s’agit d’une question de survie nationale, et non de politique partisane. Quiconque connaît l’histoire du XXe siècle sait combien il est dangereux de se fier à de vagues promesses en matière de défense européenne. Nous l’avons essayé en 1939, et nous savons comment cela s’est terminé.
Certains diront que le président polonais n’a pas autant de pouvoir que le président américain ou français. Est-ce vrai ?
Jacek Saryusz-Wolski : C’est en partie vrai. Le président polonais a moins de pouvoirs que ses homologues américain ou français, mais nettement plus que, par exemple, le président allemand. Il peut présenter des projets de loi, ce qui signifie qu’il peut tenter de former des majorités multipartites au sein du parlement polonais, appelé Sejm, sur des questions fondamentales. Il dispose d’une autorité considérable en matière de politique étrangère, en tant que représentant officiel de la République. Il est également commandant en chef et joue un rôle clé dans les domaines de la sécurité et de la défense. Il nomme les juges et dispose d’un droit de veto. Ce veto peut bloquer les lois du gouvernement, à moins que le Sejm ne le passe outre à la majorité qualifiée des trois cinquièmes, ce dont le gouvernement actuel ne dispose pas. Cela signifie qu’un président peut effectivement bloquer des réformes néfastes en matière de climat, de migration ou de traités si elles ne sont pas dans l’intérêt de la Pologne. Et il ne faut pas sous-estimer le soft power du président, c’est-à-dire sa capacité à parler au nom de la nation et à exercer une pression morale et politique sur le gouvernement lorsqu’il viole la Constitution, menace la souveraineté ou porte atteinte à la sécurité nationale.
Vous avez évoqué des inquiétudes concernant un « recul démocratique ». Pourriez-vous développer ce point ?
Jacek Saryusz-Wolski : Si Trzaskowski l’emporte, la coalition au pouvoir sera enhardie. Nous avons déjà assisté à des violations de la Constitution, à des abus de la force contre des institutions et à des arrestations politiques de députés de l’opposition. Ce n’était qu’un début. Il faut s’attendre à une pression accrue sur le pouvoir judiciaire, y compris la Cour suprême et le Tribunal constitutionnel. Les médias indépendants pourraient perdre leurs licences. L’espace réservé à la dissidence se réduira encore davantage. Le pire dans tout cela ? Il ne restera plus personne pour défendre les règles démocratiques au sein du système. La victoire de Trzaskowski donnera au gouvernement un blanc-seing de Bruxelles pour démanteler la démocratie, sous le prétexte orwellien de « défendre la démocratie ». L’idée de « démocratie militante » de Tusk signifie la suppression de l’opposition et des voix dissidentes par des moyens juridiquement douteux, voire carrément illégaux. Ce n’est pas du libéralisme, c’est la logique du fascisme ou du bolchevisme. Une fois démantelée, la démocratie est extrêmement difficile à rétablir.
En conclusion, pourquoi les électeurs devraient-ils s’en soucier ?
Jacek Saryusz-Wolski : Ces élections ne portent pas sur des personnalités, mais sur l’orientation future de la Pologne et sa place en Europe. Le climat, les migrations, la souveraineté, l’État de droit et la sécurité nationale sont tous en jeu. Les électeurs, même ceux qui ne soutiennent pas Karol Nawrocki, doivent prendre conscience de l’enjeu. Artur Ciechanowicz est le correspondant polonais de europeanconservative.com. Il est journaliste et expert en affaires internationales, ancien reporter pour l’agence de presse polonaise PAP à Berlin et Bruxelles. Auparavant, il était analyste au Centre d’études orientales (OSW) à Varsovie. Ses recherches portent sur les processus décisionnels et le lobbying au sein de l’UE, ainsi que sur la politique agricole de l’UE. Mots-clés : Artur Ciechanowicz, démocratie, Donald Tusk, Karol Nawrocki, Pologne, élections présidentielles polonaises, Rafał Trzaskowski
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4 réponses à “Pologne. Jacek Saryusz-Wolski : « Bruxelles peut s’attendre à une mise en œuvre sans heurts de ses plans migratoires sous la présidence de Trzaskowski. Il n’y aura pas de résistance » [Interview]”
Jacek Saryusz-Wolski, il était PO, le voilà PIS…
Désolé, mais les analyses de merde de crétins qui virevoltent d’une idéologie à l’autre: AUCUN CREDIT.
Il parle au nom de quoi et de qui, en tant que quoi?
C’est quoi cet article de merde?
On espère tous que PO va se ramasser mais on sait tous que c’est le candidat du système UE.
Demat pire que pis mais c’est la Pologne laquelle se bat pour conserver sa souveraineté. Souhaitons leur courage et victoire pour le camp souverainiste. En 2027, pour nous français que va t-il se passer pour nos élections suprêmes ? Gardons espoir et luttons pour une union des patriotes ou union des partis souverainistes (Rv à Arras le 13 septembre ?) ; Florian président des Patriotes disait hier soir lors de son live qu’une majorité des électeurs RN sont pour la sortie du traité de Lisbonne ou de l’UESS ( à réécouter pour savoir le pourcentage) ; en outre, de plus en plus de jeunes viennent aux rassemblements et manifestations et nous au parti des Patriotes accueillons tout le monde car nous aurons fort à faire avec Nicolas et François mais je les écoute personnellement sans aucun tabou ; soyons donc optimistes et écoutons la chanson d’Etienne DAHO « duel au soleil » et celle de Texas « Summer son » pour se divertir. Kenavo
Roumanie Pologne, bis repetita. L’UE est à la manœuvre. Bruxelles c’est fait surprendre par Méloni et a depuis verrouillé les élections en Europe. Ce n’est pas avec des bulletins de vote que les peuples européens retrouveront leur souveraineté mais avec des cartouches.
Je viens de visionner la vidéo très pédagogique mais un peu longue sur You Tube de 20 ans de l’Union Populaire Républicaine : « NON à la Constitution européenne – 20 ans de désastre ! » à voir : « https://www.youtube.com/@uprtvfa » ; vous y apprendrez plein de choses sur les vingt dernières années écoulées depuis le non à la Constitution Européenne du 29 mai 2005 ; François est très pédagogue en y allant franco dans le moindre détail. A noter que Florian a dit hier qu’il n’est pas pour l’Union des droites ( Rappel : Nicolas = Nicolas DUPONT-AIGNAN, Président de Debout la France ; François = François ASSELINEAU Président de l’UPR ; UESS = Union Européenne autocratique) ; puis je suis allé voir la vidéo dudit Nicolas sur le même sujet sur Odysee: https://odysee.com/@Larry_Golade:e/20-ans-de-trahisons—Comment-se-lib%C3%A9rer-de-l%E2%80%99UE : lui, il propose le bruxit puis Frexit si désaccord avec la plupart de nos partenaires européens ; alors, donc là pas de soucis si je me répète : oui à une coalition de tous les partis souverainistes comme au temps du Conseil National de la Résistance (naissance en 1943) avant si possible 2027 ; espérons-le ou alors la France ne sera plus « Éternelle » et risque de disparaître hélas en n’étant plus qu’une région d’Europe.