En provenance d’Indonésie, première puissance musulmane du monde et, avec 295 millions d’habitants, quatrième pays le plus peuplé de la planète derrière l’Inde, la Chine et les USA, Emmanuel Macron avait terminé la série de ses voyages d’État dans l’Asie du Sud-Est — et notamment au Vietnam, théâtre de sa part d’un vibrant hommage à Hô-chi-Minh — à Singapour. D’où, le 30 mai, il avertit les Occidentaux que, s’ils « abandonnent Gaza et laissent faire Israël », ils risquent de « perdre toute crédibilité à l’égard du reste du monde » ; partisan de « durcir la position collective contre Israël », il avait surtout prôné la création d’un « véritable État palestinien, dont la reconnaissance n’est pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique. »
Toutefois, interrogé le 6 juin par RTL sur cette « exigence », le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot se montrait beaucoup plus nuancé, indiquant que la France ne s’engagerait « pas seule » dans cette voie mais souhaitait plus modestement « entraîner avec nous un certain nombre de pays ». Ce qui ramène l’échéance aux calendes grecques.
Pleurer les morts de Gaza ou se refaire une santé sur eux ?
Pourquoi ce nouveau revirement, pour ne pas dire recul ? Tout simplement parce que la déclaration de Singapour avait fait du chef d’Etat français l’homme à abattre pour les sionistes et durs qui, à l’instar de Gideon Moshe Sa’ar, ministre israélien des Affaires étrangères, l’ont carrément accusé de lancer une « croisade contre l’État juif », rien que ça, cependant qu’à Paris, le CRIF condamnait l’inexcusable « faute morale et politique » commise par Macron.
Oubliée, l’invitation à l’Élysée du grand rabbin de France Haïm Korsia qui, devant un président béat et au mépris de toute laïcité, alluma une à une le 5 décembre dernier les neuf bougies d’une grande menorah pour Hanoukkah, la « Fête des lumières » et des enfants, qui s’acharne à concurrencer Noël ! Oublié, son pieux pèlerinage à Auschwitz le 27 janvier pour le 80ème anniversaire de la libération du camp par l’Armée rouge (dont l’héritier Poutine, président d’un « pays agresseur » n’avait évidemment pas été convié) ! Le successeur de Hollande est désormais taxé du plus abject antisémitisme.
Mais si croisade il y a, quels en sont les motifs ?
Il est possible que le président français soit sincèrement ému et révolté par le sort réservé aux Gazaouis affamés, assoiffés, privés de toit, d’écoles et d’hôpitaux par les bombardements incessants de Tsahal depuis l’odieux massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 puis par l’offensive terrestre blindée qui a fini de détruire ce qui tenait encore debout, et dont près de 50 000 ont déjà péri — sur une population de 2 millions d’habitants. Un prix très lourd à payer pour l’élimination des chefs du Hamas, mouvement terroriste d’ailleurs encouragé et financé à l’origine par Tel Aviv pour faire échec à l’OLP, et que la population de Gaza n’est d’ailleurs pas unanime à soutenir.
Il est également possible que la passivité des Européens devant le drame gazaoui lui fasse à juste titre redouter sur le sol européen et notamment en France une réaction violente des très éruptives minorités musulmanes que nous avons eu l’imprudence d’accueillir en nombre.
Il n’est enfin pas exclu qu’en haussant le ton vis-à-vis d’Israël, l’ancien associé-gérant de chez Rothschild espère retourner ces minorités en sa faveur. Comme cela a si bien réussi à Jean-Luc Mélenchon et à La France Insoumise qui, délaissés par les « travailleurs-travailleuses » de souche tant dragués jadis par Arlette Laguiller, se sont trouvé dans les cités ethniques un électorat (et des élus) de substitution.
Un président en chute libre
En effet, les propos iconoclastes tenus par Emmanuel Macron avaient coïncidé avec la sortie d’une étude Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro, sondage insupportable pour son ego : 82% des Français, y compris 63% de ceux ayant voté pour lui en 2017 ou en 2022, estiment que le projet politique qu’il a porté depuis sa première élection est « plutôt un échec ». Pis, seuls 17 % de ses électeurs de 2017 ou de 2022 envisageraient de voter derechef pour lui s’il décidait de se présenter à la présidentielle de 2032 comme certains lui en prêtent l’intention.
Dans ces conditions, à quel poste prestigieux pourra-t-il prétendre quand, à peine quinquagénaire, il quittera le palais de la Pompadour ? Au secrétariat général des Nations-Unies peut-être, mais il lui faudrait se faire adouber par tous les pays de ce qu’on appelait le Tiers-Monde avant que certains d’entre eux, l’Indonésie par exemple, ne deviennent des tigres ou des dragons.
Il l’a montré en Algérie et au Vietnam, Macron est un décolonial de conviction. Est-ce pour s’assurer un destin non plus national mais international que, malgré le tintamarre prévisible, il a adopté, du moins en paroles, cette ligne dure en ce qui concerne Israël ?
Mais s’il peut influer sur l’avenir de Gaza, la reconnaissance d’un État palestinien est une autre affaire, infiniment plus complexe.
Peau de léopard, l’État palestinien est un vœu pieux
Depuis Ariel Sharon, l’Eretz n’a cessé d’empiéter sur la Cisjordanie et de la morceler à coups d’implantations de colonies juives. Près de 1500 sous le long magistère de Benyamin Netanyahou dont le ministre de la Défense Israel Katz a annoncé 22 nouvelles implantations en Cisjordanie justement où, défiant Macron, il veut finir de « construire l’État juif ». Selon le Times of Israel, ces « 22 nouvelles localités — implantations et avant-postes — comprendront une série de nouvelles implantations et la légalisation de plusieurs avant-postes déclarés illégaux par l’ONU ». Cette « décision historique […] renforcera l’emprise stratégique sur toutes les parties de la Judée-Samarie [nom donné par Israël à la Cisjordanie] et empêchera la création d’un État palestinien », s’est donc réjoui le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui a précisé : « C’est un grand jour pour le mouvement pro-implantations et un jour important pour l’État d’Israël. »
Grand jour en effet car tout État doit disposer d’une terre. Or, la transformation continue et croissante de la Cisjordanie en peau de léopard dont, défendues par Tsahal et des colons surarmés, toutes les taches ne cessent de s’étendre, rendant impossible l’avènement d’un État souverain. Et nous ne ferons pas à Emmanuel l’injure de penser qu’il l’ignore.
Tout comme il ne peut ignorer que la résolution prise par le gouvernement Netanyahou s’inscrit « dans le cadre des mesures d’annexion de facto du territoire » et stipule même, foin du droit international ! que « le processus d’enregistrement foncier mené par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie n’aura aucune validité juridique en Israël » qui, toujours selon le Times of Israël, a « ordonné aux agences de sécurité d’empêcher la poursuite de ce processus ». Du reste, ajoute le quotidien, le gouvernement Netanyahou avait averti dès le 26 mai « les principaux pays européens que toute reconnaissance unilatérale d’un État palestinien pourrait inciter Israël à prendre également des mesures unilatérales, pouvant aller jusqu’à l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie ». Poussant ainsi ses habitants à un exode massif. Car vider la « Judée-Samarie » de tous les Arabes, musulmans comme chrétiens priés d’aller se faire voir dans les déserts syriens ou jordaniens, tel est le véritable enjeu, et notre président le sait fort bien
Dûment informé, notre matamore avait-il néanmoins voulu renforcer ainsi une stature internationale devenue bien riquiqui en frappant l’un de ces « grands coups » qu’il prise tant ? Mais tout indique que cela aura été un coup dans l’eau, comme précédemment.
Reste une autre question : si la naissance d’un État palestinien viable semble très incertaine, quelle sera la longévité de l’« État juif » tant espéré pour mille ans par les ministres Gideon Moshe Sa’ar et Israel Katz, un État unifié de Tyr à Al-Arish et de Saint-Jean d’Acre (Akko) à la mer Rouge en passant par Nazareth, Bethleem et Ramallah, siège dérisoire d’une impotente Autorité palestinienne ? Rien ne dit qu’il durera plus longtemps que le Royaume latin de Jérusalem (1099-1291) fondé par les Croisés et dont l’islam, seldjoukide au nord-est et fatimide au sud-ouest, eut finalement la peau.
Camille Galic
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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4 réponses à “Israël. Macron « en croisade contre l’État hébreu» : pourquoi, et surtout comment ?”
Mais, entre-nous : Qui est Macron en dehors d’être un homme pervers qui préfère les hommes aux femmes ?
Et qui s’accoutre d’une personne féminine à ses cotés, alors qu’ils partagent lits et chambres differentes !?!?…
Et maintenant, il veut intervenir au niveau d’un conflit dont il n’est ni membre, ni recommandé par personne, ni voulu, et encore moins désiré.
C’est vraiment du n’importe quoi, alors que le torchon brûle ax affaires publiques françaises !!!
Beurk. On croirait lire Présent, ou Rivarol, ou le bulletin de LFI. Répugnant. Mélange de demi-vérités, de contre-vérités, de vrais mensonges, de délires complotistes et de haine des Juifs difficilement dissimulée. Mais puisque vous aimez tant que ça les arabes musulmans, soyez content : ils nous envahissent ! Vous allez pouvoir profiter de leur culture et de leurs moeurs si douces et tolérantes. Vous me faites penser aux gauchistes iraniens de la fin des années 70. Certains n’apprennent jamais rien… Si Israël tombe, nous seront les suivants. Israël ne combat pas seulement pour sa survie, il combat aussi pour nous car nous avons le même ennemi, qui nous hait à égalité.
Deux religions qui définissent le mécréant, celui qui ne croit pas comme eux (le Goyim ou Kafir) comme l’ennemi à dépouiller et à éliminer, cherchent à étendre leur influence depuis 1500 ans. Extension par les armes, par la démographie, par les finances, par les ressources pétrolières, par le soft power. Les chrétiens sont depuis longtemps éliminés de cette confrontation. Mais ils dépendant l’un de l’autre, l’un achetant le pétrole de l’autre. Russes Chinois et Indiens sont hors de ce conflit religieux, dont ils font cependant parfois les frais . L’Europe, ex-bastion catholique s’est soumise aux deux. Pute avec deux macs, ça finit en général assez mal.
Celui qui pense que » macron a des convictions » …n’a rien compris , ce type ne croit en RIEN , n’a pas de colonne vertébrale, se moque comme d’une guigne de la FRANCE et des français ,une girouette qui soutient un jour israel , et le lendemain le HAMAS ….Suivant ses intérèts électoraux ! il est urgent de le destituer