Carhaix. Une réouverture partielle des Urgences en novembre 2025, mais la vigilance reste de mise

Après deux années de lutte acharnée des soignants, des habitants et des élus, les urgences de l’hôpital de Carhaix vont enfin rouvrir… en partie. En visite dans le Finistère vendredi 13 juin, le ministre de la Santé Yannick Neuder a officialisé la nouvelle : à compter de novembre 2025, le service des urgences sera de nouveau accessible en journée, cinq jours sur sept, et sans régulation préalable par le 15. Une étape intermédiaire en attendant, promet-on, une réouverture complète en novembre 2026.

Une réouverture sous conditions

Cette décision fait suite à une mobilisation de longue haleine dans le Centre-Bretagne. Depuis l’été 2023, citoyens, collectifs et élus n’ont cessé d’alerter sur les risques sanitaires engendrés par la fermeture du service d’urgences de Carhaix. La solution avancée par le ministère repose sur une augmentation des effectifs médicaux, avec l’intégration de 40 médecins supplémentaires et 30 praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) d’ici fin 2026.

En parallèle, une fédération médicale interhospitalière est créée entre les hôpitaux de Brest-Carhaix, Landerneau et Morlaix. Objectif : mutualiser les ressources et mieux gérer les tensions dans les services d’urgences.

Réactions contrastées

Si l’annonce a été accueillie avec un certain soulagement, les réactions ne sont pas unanimes. Pour Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, cette levée partielle de la régulation représente « un signal important » qui « salue l’engagement des soignants et de la population ». Il insiste toutefois sur le fait que « ce n’est qu’une étape », appelant à une vigilance constante pour que « la parole donnée soit tenue ».

Alain Guéguen, maire de Plouguérnevel et membre du conseil de surveillance du CHU, fait preuve de prudence. Il parle d’un « goût d’inachevé » et rappelle qu’aucune garantie budgétaire n’a été présentée pour assurer la viabilité du projet à long terme. Il redoute que, comme en 2023, certaines promesses ne soient pas tenues. « Chat échaudé craint l’eau froide », glisse-t-il.

Du côté du Parti communiste français, on fustige le recours aux Padhue comme unique solution de court terme. « Depuis deux ans, nous demandons l’arrivée de médecins cubains. Aucune autorisation n’a été accordée », déplore la section locale dans un communiqué. Ils dénoncent également l’absence de budget détaillé, alors que Bercy prévoit déjà de nouvelles coupes dans les services publics.

La réouverture annoncée ne masque pas les limites persistantes du système hospitalier français en zones rurales. L’ouverture de jour et cinq jours sur sept ne répondra que partiellement aux besoins des habitants du Centre-Bretagne. En cas d’urgence la nuit ou le week-end, les patients devront continuer à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres vers d’autres établissements déjà saturés.

De nombreux défenseurs de l’hôpital public rappellent que la réouverture à 100 % n’est envisagée qu’en novembre 2026, soit plus d’un an après la reprise partielle du service, ce qui laisse planer une forte incertitude sur la continuité des soins.

La réouverture partielle des urgences de Carhaix est une victoire symbolique pour les défenseurs de l’hôpital public, mais elle reste fragile. Les promesses doivent désormais se concrétiser, notamment en matière de moyens humains et financiers. Le Centre-Bretagne, qui a su faire entendre sa voix, est bien décidé à maintenir la pression pour obtenir ce qui devrait aller de soi : un égal accès aux soins pour tous, y compris en milieu rural.

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2 réponses à “Carhaix. Une réouverture partielle des Urgences en novembre 2025, mais la vigilance reste de mise”

  1. Michel dit :

    La solution ne serait-elle pas dans la télémédecine?
    En effet, le praticien ne fait ppas toujours de la médecine à plein temps.
    En le réduisant aux fonctions strictement médicales, via Internet il peut être partout à la fois.
    On risque aussi de manquer d’infirmières par manque de places dans les instituts de formation.
    Les candidat(e) s ne manquent pas mais la taille des salles de formation est réduite. On pourrait utliser les amphithéâtrez des facultés. Ou la formation en ligne à domicile.

  2. Raymond Neveu dit :

    Soyons sérieux en URGENCE on s’en fout de télémédecine de plus dans cette zone hélas déshéritée on a beaucoup de vieilles personnes déconnectées de ce monde d’Internet! Il n’y a pas qu’à l’Elisée et à l’ENA que l’on plane!

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