Fédération française des Banques alimentaires : une organisation débordée par l’afflux massif de subventions publiques

Alors que les besoins en aide alimentaire explosent, la Cour des comptes dresse un constat accablant sur la gestion de la Fédération française des Banques alimentaires, incapable d’absorber les crédits alloués et de garantir la transparence exigée par la puissance publique.

La Fédération française des Banques alimentaires (FFBA), pilier du dispositif national d’aide alimentaire aux côtés des Restos du cœur, de la Croix-Rouge et du Secours populaire, traverse une crise profonde. Dans un rapport publié le 19 juin 2025, la Cour des comptes alerte sur des dysfonctionnements majeurs au sein de cette institution subventionnée massivement depuis 2020 par l’État et l’Union européenne. Une croissance rapide des moyens financiers, non accompagnée d’une structuration adéquate, a abouti à un pilotage défaillant et à des manquements graves dans la gestion de fonds publics.

Une croissance financière hors de contrôle

Entre 2019 et 2023, le budget de la FFBA a été multiplié par cinq, atteignant 47 millions d’euros, notamment sous l’effet de la crise sanitaire et de l’inflation alimentaire. Les subventions publiques, passées de 6,6 à 22,5 millions d’euros sur la même période, ont été versées pour répondre à une situation d’urgence. Mais la Fédération n’a pas su adapter ses moyens humains ni ses processus internes à cette nouvelle échelle. Résultat : une part importante des fonds est restée inutilisée — plus de 23 millions d’euros fin 2023 — et leur traçabilité est jugée défaillante.

La Cour des comptes constate que la fonction financière de l’association est immature, mal équipée et mal organisée. Les outils comptables font défaut, et les retards de recrutement à des postes-clés ont privé la FFBA de la capacité à encadrer efficacement ses antennes locales.

Au-delà des dysfonctionnements logistiques et budgétaires, les magistrats financiers pointent des manquements préoccupants à la réglementation en matière de commande publique. La FFBA, dont plus de 50 % des ressources proviennent de fonds publics, a l’obligation de respecter les règles applicables aux pouvoirs adjudicateurs pour tous ses achats. Si cette règle est appliquée aux denrées alimentaires, elle ne l’est pas pour les prestations informatiques ou autres achats, ce qui constitue une irrégularité manifeste.

De plus, les signataires des contrats n’ont pas reçu les délégations de signature appropriées, fragilisant juridiquement les engagements pris par la fédération. L’ensemble de l’organisation des achats est à revoir, selon la Cour, afin d’éviter toute dérive ou risque contentieux.

Comptabilité erratique et communication floue

La FFBA, en tant qu’organisme bénéficiant de la générosité du public, est tenue à des obligations comptables renforcées. Or, les rapports financiers produits sont instables, non validés par la direction ou la gouvernance, et comportent des erreurs grossières, comme l’absence de frais de fonctionnement déclarés. Une telle légèreté met en péril la confiance des donateurs et des pouvoirs publics.

La communication financière de l’organisme est jugée insuffisante, voire inadaptée à sa nouvelle dimension. En l’état, la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) considère qu’il n’est plus possible de maintenir un niveau de subvention aussi élevé sans réforme immédiate.

Si la Cour des comptes salue l’engagement exemplaire des milliers de bénévoles qui assurent au quotidien la distribution de millions de repas à 2,4 millions de bénéficiaires, elle estime que la FFBA, en tant qu’institution, a échoué à structurer un pilotage cohérent et sécurisé de son réseau. Son rôle de tête de réseau reste symbolique, son positionnement trop passif vis-à-vis des banques locales, et ses processus de gestion sont inadaptés.

L’enjeu est désormais de taille : éviter que l’inefficacité administrative d’un acteur clé de la solidarité nationale ne compromette l’effort collectif de lutte contre la précarité alimentaire. La Cour appelle à une réforme en profondeur du fonctionnement de la fédération, en priorité sur le plan des ressources humaines, de la gouvernance et de la conformité juridique. Faute de quoi, la puissance publique pourrait se tourner vers d’autres canaux pour distribuer une aide devenue plus précieuse que jamais.

Il est tout de même paradoxal de constater que l’Etat, qui organise en partie la pauvreté de ses administrés (taxes, charges, impôts, immigration qui pèse à la baisse sur les salaires) subventionne dans le même temps massivement…l’aide aux plus pauvres.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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