Le capitaine égaré, La bataille de Tripoli, Patrick Pearse, Les croisades, Le Massacre de Camp Grant : voici la sélection littéraire hebdo
Le capitaine égaré
Une plongée dans les remous de la guerre d’Indépendance, à travers le destin de ceux qui ont forgé l’histoire de leur pays.
Atlantique, 1777. Le capitaine Landais est à la poupe du Flamand, toutes voiles dehors. Il est missionné par Benjamin Franklin, ambassadeur de la cause des Insurgents en France, pour livrer des armes aux Américains, au nez et à la barbe des Britanniques.
Après avoir connu les geôles anglaises et accompagné Bougainville autour du monde, il a quitté la marine française avec fracas et espère trouver de l’autre côté de l’océan la reconnaissance qui lui a été refusée jusqu’alors.
Marin hors pair, cet homme tourmenté et ambitieux, hanté par l’ombre de son rival John Paul Jones, va au-devant de terribles tempêtes. Il devra naviguer entre les écueils de la jalousie et de l’honneur, au risque de s’y briser.
Livre de Vincent Gécquière, à commander chez Paulsen
La bataille de Tripoli
Le 5 octobre 1911, le drapeau italien flottait sur le port ottoman de Tripoli de Barbarie. La guerre italo-turque pour la possession de la Libye avait commencé. Filippo Tommaso Marinetti était du voyage. Agitateur-né, le chef de file du mouvement futuriste ne cachait pas son nationalisme agressif ; au contraire, il le claironnait. « Pour la guerre, seule hygiène du monde et seule morale éducatrice. » C’est en ces mots, qu’on retrouve dans sa préface à La Bataille de Tripoli (en fait, un extrait du manifeste de 1909), que Marinetti exhortait ses compatriotes à se réjouir de partir à la guerre, en artistes et en civilisateurs. C’est aussi dans cet état d’esprit qu’il fit ses bagages et prit le bateau, direction la Libye et le front des troupes italiennes.
« Sa » bataille, Marinetti la livra dans sept articles au journal parisien L’Intransigeant, écrits à chaud et publiés sous forme de feuilleton du 25 au 31 décembre 1911, avant d’être édités aux Edizioni Futuriste di « Poesia » de Milan en 1912. Telle qu’il la raconterait – la chanterait –, la guerre italo-turque se muerait en une guerre encore jamais lue : la première guerre « vraiment futuriste ».
Que Marinetti peigne la beauté des paysages toujours changeants du désert ou qu’il décrive les scènes de guerre auxquelles il assiste, ces pages restituent avec une intensité rare le chaos des batailles vécu de l’intérieur.
(Préface de Laurent Schang.)
Imprécateur et avant-gardiste, Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944) a été le chef de file du futurisme italien (dont Auda Isarn a également réédité les manifestes dans Tuons le clair de lune !).
A commander chez Ausa Isarn
Patrick Pearse, une vie pour l’Irlande
Patrick Pearse fut le général en chef et le président du gouvernement provisoire de la république de l’Irlande Libre, proclamée à Dublin le 24 avril 1916. Fusillé quelques jours plus tard, ce personnage extraordinaire avait parcouru toutes les étapes d’une nation exilée hors de l’Histoire. Il mena le nécessaire combat culturel au sein de la Ligue Gaélique, avant de rejoindre les militants politiques de la Fraternité républicaine irlandaise . Écrivain, poète, orateur, Patrick Pearse fut aussi le très non-conformiste fondateur de l’Ecole Saint-Enda, où il avait donné à ses élèves la devise d’une éducation virile :
« La force dans nos bras, la vérité sur nos lèvres et la pureté dans nos cœurs ».
A commander chez ACE
Les croisades
Les livres sur les croisades ne se comptent plus. Nul n’ignore désormais ce qui s’est passé à Clermont en 1095, que les croisés prirent Jérusalem en 1099 ou que Saint Louis mourut devant Tunis en 1270. Mais le terme a fini par perdre en lisibilité, employé à toutes les sauces pour qualifier les conflits et tensions de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle : de George W. Bush en 2001 en passant par les djihadistes de Daesh jusqu’aux diverses » croisades » contre le cancer ou la Covid-19… Afin de conjurer l’histoire du passé, il est temps de rappeler ce que les historiens ont patiemment débusqué en analysant de près les documents d’époque, littéraires ou archéologiques.
Plus que de mettre à mal quelques idées reçues – non, les croisés n’étaient pas des anthropophages qui cherchaient à envahir le monde islamique… –, la formidable équipe d’historiens réunis par Martin Aurell et Sylvain Gouguenheim montre la complexité du phénomène en mettant en avant nombre d’aspects méconnus : sait-on ainsi que les croisades continuèrent bien après la mort de Saint Louis et l’officielle » huitième croisade » ? Que des croisés partirent en nombre en direction de la Baltique ? Qu’une guerre dite » sainte » n’est pas nécessairement une croisade et qu’une croisade n’est pas un » djihad chrétien » ? Que le monde arabo-musulman y fut largement indifférent en dehors des territoires directement concernés par les combats ? Que des chrétiens s’y opposèrent, tandis que d’autres firent souche sur place, donnant naissance à des sociétés originales, en Syrie ou en Morée ? Sait-on enfin que ce monde de guerriers fit leur place en nombre à des femmes, pour des rôles variés ?
Un ouvrage inédit, savant, mais vivant et souvent surprenant, rompant en visière avec bien des mythes.
Directeur éditorial : Martin Aurell, Sylvain Gouguenheim
Contributions de : Collectif
A commander chez Perrin
Le massacre du Camp Grant
À l’aube du 30 avril 1871, à quelque 80 kilomètres au nord-est de Tucson, Arizona, le Camp Grant est perdu au milieu de nulle part. Pourtant, c’est dans ce camp militaire qu’un des épisodes de ce qui est sobrement appelé « Les Guerres indiennes », se perpétra, dans un silence sournois, un massacre d’Indiens des plus effrayants. En quelques minutes, une centaine d’Apaches aravaipas, surtout des femmes et des enfants, sont exterminés dans leur sommeil à coup de gourdins assénés sur les têtes des dormeurs. Les acteurs de ce drame ont réellement existé et apparaissent ici sous leur vrai nom. Mettant en scène les origines du massacre qui fermentent chez beaucoup d’Arizoniens et notamment à Tucson, Elliott Arnold restitue avec rigueur le déroulement de cette tragédie. Sur fond de la vie quotidienne d’un camp militaire dont la garnison étique et désoeuvrée rumine ses idées noires, Arnold met en scène la rencontre entre un officier attachant, Royal Emerson Whitman, et un chef apache, l’Aravaipa Eskiminzin. Tous deux choisiront de se faire confiance, convaincus de faire le bien de leur peuple. C’est une milice civile de Tucson composée d’Américains, de Mexicains et de nombreux Indiens papagos – ennemis héréditaires des Apaches – qui accomplira à Camp Grant l’effrayante geste criminelle. Le récit de ce drame, aux rouages précisément appuyés sur une minutieuse recherche dans la presse locale de l’époque, constitue un véritable document historique. Ce massacre révolta l’Amérique. Le procès des tueurs fut ordonné par le président Ulysses S. Grant. Jugés en décembre 1871, les cent onze accusés furent innocentés. Ce roman est le chef d’oeuvre d’un écrivain chevronné, peinture saisissante d’une tragédie, mais aussi de la grandeur d’un officier et d’un chef indien aux prises avec l’inexorable fatalité.
Elliott Arnold né en 1912 à New-York est mort en 1980. Journaliste et grand reporter membre de l’US Air Force, il écrit et publie de nombreux romans traduits dans plusieurs langues. Elliott Arnold demeure un des auteurs américains de romans historiques les plus solidement documentés ; furent ainsi traduits en France Un avion ce matin-là, Le temps des Gringos et, dans la présente collection La Flèche brisée.
A commander aux éditions du Rocher
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine