Endettement record, dépenses incontrôlées, absence de réforme : le rapport annuel de la Cour des comptes dévoile une situation budgétaire explosive.
La Cour des comptes a publié, le 2 juillet 2025, son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques en France. Le constat dressé est sévère, voire alarmant : le déficit public, loin de se résorber, continue de s’aggraver, atteignant 5,8 % du PIB en 2024, soit 168,6 milliards d’euros. Un chiffre qui place la France en tête des pays les plus déficitaires de la zone euro.
Ce dérapage budgétaire n’est pas imputable à des facteurs conjoncturels ou géopolitiques extérieurs. Il résulte, selon les magistrats financiers, d’un enchaînement de prévisions économiques trop optimistes, d’une croissance en berne… et surtout d’une incapacité structurelle à freiner la hausse des dépenses publiques. En particulier, les dépenses dites « de cœur » (hors intérêts de la dette et mesures exceptionnelles) ont progressé de 2,7 % en volume, soit plus du double de la croissance économique.
Le poids des administrations locales et de la sécurité sociale dans cette dynamique est considérable. À cela s’ajoute une stagnation inquiétante des recettes fiscales : les recettes de TVA, d’impôt sur les sociétés et d’impôt sur le revenu ont reculé à législation constante. Malgré quelques hausses d’impôts ponctuelles, le niveau des prélèvements reste inférieur à celui nécessaire pour stabiliser le déficit.
Le rapport souligne également une fragilité inquiétante de la stratégie de redressement annoncée par le gouvernement. La réduction du déficit prévue en 2025 repose essentiellement sur des hausses d’impôts — dont une partie seulement serait pérenne — et sur des prévisions de recettes jugées trop optimistes. Aucune réforme structurelle majeure n’a été engagée, et la répartition des efforts entre l’État, les collectivités territoriales et les organismes de sécurité sociale reste floue.
Pire encore : la dette publique, qui avait légèrement reculé dans d’autres pays très endettés comme l’Italie ou la Grèce, repart à la hausse en France pour atteindre 113,2 % du PIB. La Cour prévient que, dans l’état actuel des choses, le pays s’éloigne dangereusement de l’objectif de ramener le déficit sous la barre des 3 % à l’horizon 2029.
L’institution insiste donc sur la nécessité d’un retour durable à un excédent primaire, c’est-à-dire à un solde budgétaire positif hors charge de la dette. Cet excédent devrait s’élever à environ 1,1 % du PIB pour espérer stabiliser la dette publique, un niveau que la France n’a plus atteint depuis un quart de siècle.
L’alerte est claire : sans un ajustement budgétaire profond, socialement acceptable mais exigeant, la France court le risque de perdre définitivement la maîtrise de ses finances. Le rapport de la Cour appelle ainsi à une rupture avec les politiques d’ajustement de surface, et à une véritable remise à plat de la stratégie budgétaire nationale. Un avertissement qui, en pleine année préélectorale, pourrait bien être ignoré une fois de plus.
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Une réponse à “Déficit public : la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme sur une dérive française hors de contrôle”
la sonnette d’alarme est cassée a force de tirer dessus !