Coloscopie : une étude remet en question son efficacité préventive générale contre le cancer colorectal

Longtemps considérée comme l’outil de référence dans la lutte contre le cancer colorectal, la coloscopie pourrait ne pas tenir toutes ses promesses. C’est ce que révèle une étude clinique d’envergure intituléNordICC (Nordic-European Initiative on Colorectal Cancer), publiée initialement en 2022 mais toujours au cœur des débats scientifiques en 2025.

Chaque année, ce sont des millions de coloscopies qui sont réalisées en Europe, notamment chez les adultes âgés de 50 à 75 ans. L’idée largement répandue est que cette procédure permet non seulement de détecter un cancer existant, mais également de prévenir son apparition en éliminant les polypes avant qu’ils ne dégénèrent. Mais les résultats de cette étude européenne invitent à reconsidérer cette croyance.

Une réduction de mortalité très faible selon les données du NordICC

Menée en Pologne, en Norvège, en Suède et aux Pays-Bas sur plus de 84 000 participants, l’étude NordICC a comparé deux groupes : l’un invité à effectuer une coloscopie, l’autre soumis à une prise en charge médicale habituelle. Après dix ans de suivi, les résultats montrent une mortalité liée au cancer colorectal de 0,28 % dans le groupe coloscopie, contre 0,31 % dans le groupe témoin — une différence jugée très faible. La mortalité toutes causes confondues était, elle, quasiment identique dans les deux groupes (11,03 % contre 11,04 %).

Ces résultats ont provoqué une onde de choc dans le monde médical. Pour certains experts, ils suggèrent que la coloscopie ne sauverait pas autant de vies qu’attendu. Pour d’autres, la faiblesse de la participation (seuls 42 % des patients invités ont effectivement passé l’examen) limite la portée des conclusions.

Bien que la coloscopie demeure la méthode la plus complète pour explorer le côlon, ses risques ne sont pas négligeables. On compte environ 14,6 cas d’hémorragie majeure et 3,1 perforations pour 10 000 procédures, sans compter les complications liées à la sédation. Des alternatives comme la sigmoïdoscopie (moins invasive) ou les tests immunochimiques fécaux sont souvent mieux tolérées, moins coûteuses et tout aussi fiables dans certains cas.

D’autres critiques pointent l’influence du praticien : le taux de détection des polypes varie fortement selon l’expérience de l’endoscopiste. Ainsi, un professionnel entraîné repère davantage de lésions précancéreuses, ce qui réduit les risques de développement tumoral.

Une prévention à personnaliser selon les profils

Le dépistage par coloscopie n’est pas à écarter pour autant. Il reste particulièrement pertinent chez les patients à haut risque : antécédents familiaux de cancer colorectal, polypes déjà détectés, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Mais pour la population générale, les bénéfices ne sont plus aussi évidents. D’autant que les risques (saignements, perforations, anxiété) ne sont pas négligeables.

Certaines sociétés médicales américaines ont d’ailleurs abaissé l’âge recommandé de dépistage à 45 ans, face à la montée préoccupante des cancers précoces, notamment liés à l’obésité, la sédentarité, le tabagisme, et la malbouffe. Mais ce rajeunissement du dépistage fait aussi craindre une explosion des surdiagnostics, des examens inutiles, et donc une surcharge du système de soins.

Faut-il continuer à considérer la coloscopie comme un passage obligé après 50 ans ? Pas nécessairement. L’étude NordICC, tout en étant critiquée, a le mérite de relancer un débat essentiel : celui de la pertinence des actes médicaux de masse. Le dépistage du cancer colorectal doit désormais s’appuyer sur une approche personnalisée, tenant compte du profil de chaque patient. Et non sur une politique de généralisation systématique.

La meilleure stratégie reste toutefois celle qui allie bon sens, accompagnement médical individualisé et prévention active : hygiène de vie, alimentation saine, exercice physique, et vigilance sur les antécédents familiaux.

Crédit photo : DR
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Une réponse à “Coloscopie : une étude remet en question son efficacité préventive générale contre le cancer colorectal”

  1. Durandal dit :

    Bonjour,

    De toutes les manières, après 50 ans, on l’a dans le …

    Cdt.

    M.D

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