C’est un changement discret mais lourd de symboles dans la guerre culturelle de l’alimentation : Coca-Cola a annoncé qu’elle proposera à l’automne, aux États-Unis, une version de son célèbre soda contenant du sucre de canne, et non plus du sirop de maïs à haute teneur en fructose (HFCS), accusé de nombreux effets délétères sur la santé.
L’annonce a été faite à l’occasion des résultats du second trimestre de l’entreprise. Coca-Cola justifie cette nouveauté par la volonté d’« offrir davantage de choix aux consommateurs, selon leurs préférences et les occasions de consommation ».
Mais c’est surtout l’ancien président Donald Trump qui revendique l’origine de cette décision. Sur son réseau Truth Social, le 16 juillet, il a affirmé :
« J’ai discuté avec Coca-Cola de l’utilisation de VÉRITABLE sucre de canne aux États-Unis, et ils ont accepté. C’est une très bonne décision de leur part. Vous verrez, c’est tout simplement meilleur ! »
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de son programme MAHA (Make America Healthy Again), qui pointe du doigt les ravages des aliments ultra-transformés et du sirop de maïs, utilisé massivement dans les sodas américains depuis les années 1970. Selon des études citées par l’American Diabetes Association et Princeton University, la consommation croissante de HFCS est fortement corrélée à la hausse de l’obésité et de maladies comme le diabète de type 2 ou la stéatose hépatique non alcoolique.
Un retour au goût d’origine ?
Aux États-Unis, certains amateurs de Coca préféraient déjà la version mexicaine, qui utilise du sucre de canne. Vendue dans des bouteilles en verre, cette version était notamment disponible chez Costco ou Sam’s Club.
La chaîne de restauration Steak ’n Shake a d’ailleurs annoncé qu’elle proposera, dès le 1er août, du Coca-Cola au sucre de canne en bouteille. Et Robert F. Kennedy Jr., actuel secrétaire à la Santé, s’en est réjoui : « MAHA est en train de gagner ».
De son côté, PepsiCo n’est pas resté silencieux : son PDG, Ramon Laguarta, a indiqué vouloir suivre les préférences des consommateurs, quitte à réintroduire des produits sucrés « naturels ».
Certes, le sucre de canne reste du sucre. Mais à la différence du HFCS, sa transformation est moins industrielle et ses effets sur l’organisme moins néfastes à long terme, selon certaines études.
En 2023, tous les États américains affichaient un taux d’obésité supérieur à 20 % de la population adulte, certains dépassant même les 35 %. Et le lien entre consommation de boissons sucrées et obésité est désormais établi, bien que les industries agroalimentaires tentent de minimiser l’impact.
Le retour au sucre de canne est aussi une guerre de représentations : celle d’une Amérique qui revendique un goût plus authentique, moins chimique, plus « naturel », contre l’hégémonie du maïs transformé, symbole des dérives de l’industrie agroalimentaire moderne.
Une manière aussi, pour Trump, de rallier une partie de la population inquiète de la détérioration de la santé publique, tout en frappant un grand coup dans l’imaginaire populaire américain. Une bouteille à la mer ou une révolution dans le monde des sodas ? Réponse cet automne dans les rayons.