Ulster : une remise de diplômes perturbée par une altercation autour du drapeau palestinien

Une cérémonie de remise de diplômes organisée à la Waterfront Hall par l’université d’Ulster a été marquée le 10 juillet dernier par un incident mêlant revendication politique, tensions communautaires et menace de violence physique. Au cœur de la polémique : l’apparition d’un drapeau palestinien sur scène et la réaction violente d’un individu présenté comme proche de la mouvance loyaliste.

Alors que les étudiants de la promotion 2025 en sciences politiques recevaient leurs diplômes, l’un d’eux a brandi un drapeau palestinien après avoir récupéré son parchemin. L’acte, interprété comme un geste de solidarité avec Gaza, a suscité une ovation dans la salle. Mais la scène n’a pas été du goût de tout le monde. Un homme, identifié par plusieurs témoins comme affilié à un groupe loyaliste de l’est de Belfast (avec des liens présumés avec l’UVF), aurait alors proféré des menaces à l’encontre du père d’une diplômée, lui promettant de « lui trancher la gorge ».

Le père, qui assistait fièrement à la remise de diplôme de sa fille, a raconté avoir simplement applaudi le geste du jeune diplômé, comme la majorité du public. L’homme assis devant lui serait alors « entré dans une rage noire » : « Il s’est retourné, m’a menacé de mort. C’était très violent. » Malgré la provocation, la victime présumée a refusé de répondre, afin de ne pas gâcher un moment important pour sa fille.

Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Selon le témoignage rapporté par le Sunday World, la tension est montée d’un cran lors de la réception organisée après la cérémonie. L’individu aurait violemment bousculé la jeune diplômée en tentant de s’en prendre une nouvelle fois à son père. Il a fallu l’intervention rapide du service de sécurité pour éviter une agression plus grave.

La fille a depuis déposé une plainte auprès de la Police d’Irlande du Nord (PSNI), qui a confirmé avoir été alertée de deux incidents distincts ce jour-là. Toutefois, après enquête, aucune infraction n’a été retenue et l’affaire a été classée sans suite, en l’absence de plainte formelle pour l’un des deux faits.

Le Sunday World affirme connaître l’identité de l’individu impliqué, connu pour ses photos sur les réseaux sociaux en uniforme paramilitaire et sa proximité avec un mémorial loyaliste à Belfast. Il n’a cependant jamais été condamné, et était présent ce jour-là pour soutenir un membre de sa famille diplômé.

Une vidéo modifiée par l’université

Fait notable : la vidéo de la cérémonie, initialement publiée sur le site de l’Université d’Ulster, a été brièvement retirée avant d’être remise en ligne, amputée de la séquence où apparaissait le drapeau palestinien. Le père de la diplômée, contacté par le média nord-irlandais, s’est dit déçu de cette suppression : « Le geste a été salué par la majorité des présents. C’était une expression d’un sentiment largement partagé parmi les étudiants, et cela ne devrait pas être effacé. »

L’université a confirmé qu’un « acte d’expression pacifique » avait eu lieu, tout en réaffirmant son attachement à la liberté d’expression dans un cadre respectueux. « Notre priorité reste de garantir un environnement sûr et inclusif pour tous nos étudiants et leurs familles, notamment lors des cérémonies de fin d’études », a-t-elle précisé dans un communiqué.

Cette scène s’inscrit dans une série d’actions similaires observées ces dernières semaines dans les universités britanniques. À Édimbourg, Cambridge ou encore Birmingham, des diplômés ont profité de leur passage sur scène pour brandir des drapeaux, interrompre des discours ou dénoncer les liens financiers entre leurs établissements et Israël. Ces actions font écho à un rapport de la rapporteuse spéciale de l’ONU Francesca Albanese, qui a épinglé plusieurs universités britanniques comme « lourdement impliquées financièrement dans le soutien à la politique israélienne à Gaza ».

Alors que le conflit au Proche-Orient continue de susciter l’indignation d’une partie de la jeunesse européenne, la fracture idéologique semble de plus en plus visible au sein même des institutions académiques.

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