Dans la baie de Morlaix, les ostréiculteurs bretons tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Envahis par des marées d’algues vertes toujours plus précoces et massives, ils redoutent un effondrement de leur activité d’ici dix à quinze ans. Une perspective d’autant plus alarmante que le phénomène, bien connu, est directement alimenté par l’agriculture intensive, en particulier l’élevage porcin hors-sol, encore favorisé par la récente loi Duplomb.
« Elle risque de disparaître », alerte Marc Le Provost, directeur d’exploitation des huîtres Cadoret à Carantec (Finistère), cité par le média 20 Minutes le 25 juillet. Depuis deux ou trois ans, la prolifération des algues a pris une telle ampleur qu’il faut « des milliers d’heures » de travail pour éviter qu’elles ne pourrissent au fond de l’eau, asphyxiant les coquillages. Les huîtres, prises dans cette masse gluante, sont privées d’oxygène, affaiblies immunitairement et davantage exposées aux virus, notamment l’herpèsvirus ostréicole.
Plus de la moitié du cheptel porcin français est en Bretagne
Les causes de ce fléau sont connues : l’excès d’azote et de nitrates issus des engrais chimiques et du lisier d’élevages, notamment porcins. La Bretagne concentre plus de la moitié du cheptel porcin français, avec 6,6 millions de porcs en 2023 selon CNews, soit près de deux porcs par habitant. Sur certains territoires du Léon, la densité atteint 3 000 porcs par km². Lessivés par les pluies, les effluents se déversent dans les fleuves côtiers puis dans la mer, où ils alimentent la prolifération des ulves.
Pourtant, la baie de Morlaix n’est pas incluse dans le plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes. Et les demandes répétées d’inscription par les ostréiculteurs sont restées sans réponse. Face à ce mutisme, les professionnels multiplient les initiatives locales, sans réel soutien de l’État, et expérimentent des solutions alternatives, comme le pompage ou le recyclage agricole des algues, pour l’heure sans succès.
La loi Duplomb, une fuite en avant
Adoptée le 8 juillet 2025, la loi Duplomb facilite l’agrandissement des élevages intensifs et autorise le retour de certains pesticides controversés. Pour Arnaud Clugery, porte-parole de l’association Eau et Rivières de Bretagne cité par CNews le 26 juillet, ce texte est « une autoroute pour les élevages porcins ». Le phénomène des algues vertes est pourtant attribué à « plus de 90 % » à l’agriculture, selon un rapport de la Cour des comptes publié en 2021.
Les ostréiculteurs bretons se retrouvent ainsi pris au piège d’un modèle agricole destructeur qu’ils ne contrôlent pas, mais dont ils subissent chaque jour les conséquences. À Carantec, certains bateaux ne servent plus qu’à herser les parcs pour tenter de sauver les huîtres. Une activité de survie, loin de l’image festive et gastronomique que l’on se fait de l’huître bretonne.
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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4 réponses à “Environnement. Les ostréiculteurs de Bretagne condamnés à la disparition ? [Vidéo]”
Cela ne passerait-il pas par un dépôt de plainte au pénal avec constitution de partie civile contre X (ministères incriminés compris) pour empoisonnement ?
C’est à se demander s’il ne faudrait pas créer un Front de Libération Armoricain pour virer ces têtes de noeuds de beurtons qui ont salopé toute la péninsule . L’ Armorique aux Armoricains !
et si, au lieu de déverser des engrais naturels dans leurs champs, ils les déshydrataient et les vendaient aux agriculteurs du reste de la france
Toujours et encore le bashing anti-agriculture par des gens qui n y connaissent pas grand chose !
Pour info le produit réintroduit par la loi « Duplomb » est autorisé dans TOUTE l UE !!!!!!!!