En baie de Saint-Brieuc, environ 2 600 tonnes d’algues vertes ont été ramassées à l’été 2025, contre plus de 12 000 tonnes en 2021. Cité par France 3 Bretagne le 5 octobre, le maire d’Hillion, Anne Guennou, salue la baisse : « En 2021, nous avons ramassé 12 000 tonnes d’ulves, 3 300 environ en 2023, et 2 400 cette année ! On peut espérer que ça va continuer à régresser de cette façon, c’est formidable. » Elle se félicite également d’un regain touristique : « On est plus serein, on peut se tourner vers l’avenir ».
Mais derrière cette accalmie apparente, la situation écologique demeure préoccupante. Selon Annie Le Guilloux, représentante de l’association Glaz Natur, « le taux de nitrate dans les rivières est en moyenne de 33 mg/L et ne baisse plus depuis dix ans ». Une stagnation qui montre que la baisse des échouages tient avant tout aux conditions météorologiques. Gilles Monsillon, président de l’Association de défense des victimes des marées vertes, l’explique ainsi : « S’il y a moins d’eau, et donc moins de débit, moins d’eau arrive à la mer. Les algues sont moins alimentées, leur nombre diminue et il y a par conséquent moins de marées vertes ».
L’État resserre l’étau sur les exploitations agricoles
Dans les Côtes d’Armor, les autorités veulent désormais traduire les engagements en obligations. Sur les 1 300 exploitations situées dans les trois baies concernées (Saint-Brieuc, Fresnaye et Lieue de Grève-Douron), près de 300 fermes « ne font pas d’efforts » suffisants selon les constats de l’administration repris par le journal Ouest-France le 7 octobre dernier. Le préfet François de Keréver a confirmé que « les mesures préventives de lutte contre cette pollution vont être un sujet central » lors du comité départemental du 9 octobre, rappelant que le passage « au réglementaire » avait été validé en mai.
Les contrôles montrent que 650 exploitations ont obtenu « des résultats probants », qu’un quart d’entre elles ont entamé des efforts jugés insuffisants, et que 293 ne sont toujours pas engagées dans la lutte. Dès 2026, la préfecture pourra imposer des arrêtés réglementaires assortis de sanctions financières pouvant aller jusqu’à 7 000 euros d’amende reconductible. En cas de manquement, le procureur de la République pourra être saisi.
Le préfet rappelle que la tendance reste « globalement à la baisse depuis dix ans », tout en soulignant l’effet conjoncturel de la sécheresse. Dans le département, 8 000 tonnes d’algues ont été ramassées en 2025, contre 14 000 l’an dernier. Seule la commune d’Hillion a connu onze jours de fermeture de plage cet été.
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Algues vertes en baie de Saint-Brieuc. Source : ©France Télévisions/France 3 Bretagne
Le modèle agricole breton remis en cause
Pour les associations environnementales, le problème reste avant tout structurel. En baie de Douarnenez, Jean Hascoët, président de l’association Baie de Douarnenez Environnement, jugeait les plans publics inefficaces auprès de RCF Finistère le 29 septembre dernier : « C’est un petit peu de la poudre aux yeux », affirmait-il. Les bandes enherbées et haies bocagères ne seraient que des « mesurettes », incapables de compenser la densité d’élevage. « On a 500 000 porcs qui sont élevés autour de la baie (…) ce lisier (…) engendre la prolifération excessive des algues », soulignait-il.
En baie de Saint-Brieuc, Annie Le Guilloux rappelle la disproportion entre animaux et surfaces : « Par hectare de surface agricole, il y a en moyenne un bovin, 22 cochons et 268 volailles », pour un total de 110 millions d’animaux d’élevage en Bretagne contre 3,4 millions d’habitants (en Bretagne administrative). Gilles Monsillon partage cette analyse : « Le cœur du problème, ce n’est pas plus ou moins d’efforts, c’est cette agriculture intensive. Tant qu’on ne remettra pas en cause ce mode d’agriculture, on n’avancera pas ».
Malgré une baisse ponctuelle des échouages, la Bretagne reste prisonnière d’un modèle d’élevage intensif qui alimente les nitrates et fragilise son littoral. Le répit est météorologique, non structurel : la marée verte, elle, n’a pas encore reflué.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
8 réponses à “Algues vertes : le modèle agricole breton à bout de souffle”
L’élevage intensif est une hérésie : c’est un enfer pour les animaux et pour l’environnement (terre et eau). Encore un sujet qui aurait largement pu trouver un debut de solution via des refus de constructions (ou d’extention) de ces foutus élevages xxl, depuis des decennies.
Il serait intéressant d’avoir l’avis des professionnels de l’élevage. Cet article donne une solution unique alors qu’il est peut-être possible de poursuivre l’activité des éleveurs en diminuant la pollution maritime.
Je rappelle que ce phénomène de prolifération des algues vertes en baie d’Hillion existe au moins depuis 60 ans!
@Anne Simon. Vous avez un jugement lapidaire. Avec ce type de déclaration vous donnez l’illusion d’avoir raison, vous en êtes forcément convaincue mais ce serait plus constructif de nous convaincre en nous disant quels efforts de consommation êtes vous prête à assumer de votre côté. Quelle origine géographique de votre alimentation, de quels revenus disposez vous même pour votre train de vie, etc …
Il y a des décennies que l’on reprend la même antienne chaque année !
Trop de charge animale à l’hectare ; rien ne change , ça permet aux agro-industriels de gagner du temps ( et de l’argent ) ; l’élevage concentrationnaire est une hérésie .
A bientôt 80 ans , né dans une ferme , je peux affirmer que jusqu’aux années 60 , CE PROBLEME N’EXISTAIT PAS !
Tant que le modèle breton ne décrochera pas de l’industriel : rien ne changera !
Cette surproduction est faite pour l’exportation ( on exporte 50 % de nos viandes ) au bénéfice des coopératives , des groupements , des traders de l’import / export , qui à part leur faxs et téléphones ne se salissent pas les mains .
En attendant c’est la Bretagne qui s’étouffe dans la merde .
Tout à fait d’accord avec Jan-Bidel Bokassa je me souviens de ce temps avant 1960 avant l’arrivée du petit tracteur Renault rouge et la disparition des chevaux, avant l’apparition des hectares de maïs et l’adorable bonne prime à l’hectare octroyée par l’Europe inévitablement suivie de l’importation de tourteaux de soja du Brésil (Mercosur avant l’heure), de belles prairies de luzernes et autres graminées de chez nous suffisaient et en ce temps-là c’était une vache à l’hectare. Chaque penn ty (penn ti) avait sa soue à cochon nourri maison mais à partir des années 60 la soue a été transformée en gite pour touristes. Le bidel c’est le nom donné au capitaine d’armes dans la marine.
Le préfet pourra coller des amendes, et tout le monde sera content d’avoir ses boucs émissaires ; pendant ce temps on ne parle toujours pas des poudres à laver qui sont passées au travers des mailles du filet.
au lieu de rejeter les déjections animales dans la nature, il serait bien plus intelligent de les dessécher et vendre aux territoires qui ont besoin d’engrais bio
la problématique c’est le traitement des déjections animales qui aujourd’hui sont épandues sur les terres agricoles avec un cycle de l’azote qui favorise le développement des algues nitrophiles
cette pollution est connue depuis des dizaines d’années mais les mesures engagées sont trop faibles en rapport à la quantité des déjections qu’il faudrait traiter
certains éleveurs ont des installations de recyclage mais cela reste minoritaire
une solution : ne plus épandre
un moyen : recycler les déjections
une problématique : comment recycler ? à quel coût ? payé par qui ?
une suggestion: un % du prix du kilo du porc ou de la volaille allant au recyclage des déjections
une réalité : de plus en plus de zones de notre littoral breton sont touchées !!
une révolte : ras le bol de cette pollution qui pourrait cesser si la filière et l’état prenaient leurs responsabiltés