Dans l’imaginaire collectif, avaler un comprimé multivitaminé chaque matin, c’est se donner un petit coup de pouce pour vivre plus longtemps, prévenir les carences, renforcer son immunité. Une routine quasi religieuse pour des millions d’adultes, notamment outre-Atlantique, où près d’un tiers des Américains déclarent consommer régulièrement ce type de compléments. Pourtant, une nouvelle étude d’envergure bouscule ce mythe bien huilé : loin de prolonger l’espérance de vie, la prise quotidienne de multivitamines serait associée… à une hausse de 4 % du risque de mortalité.
Une étude de référence, des résultats troublants
Publiée dans JAMA Network Open et conduite par le National Cancer Institute, l’étude a suivi plus de 390 000 adultesaméricains en bonne santé sur une période allant jusqu’à 27 ans, ce qui en fait l’une des analyses les plus solides jamais menées sur le sujet. Les participants, sans antécédents de cancer ou de maladie chronique, ont été observés dans trois grandes cohortes indépendantes.
Résultat : aucun bénéfice en termes de longévité n’a pu être démontré pour les utilisateurs de multivitamines. Pire, ces derniers ont présenté un risque de mortalité légèrement supérieur à ceux qui n’en prenaient pas. Un constat qui, même s’il reste modéré, mérite réflexion.
Une santé « marketing » ?
Les chercheurs ont pourtant noté que les consommateurs de multivitamines adoptaient, en moyenne, un mode de vie plus sain que la moyenne : alimentation équilibrée, activité physique régulière, moindre tabagisme. Mais cette hygiène de vie exemplaire n’a pas suffi à inverser la tendance : les multivitamines n’apportent pas de bénéfice mesurable sur la longévité.
Cette conclusion interpelle, d’autant plus que l’industrie des compléments alimentaires, multivitamines en tête, repose largement sur une promesse implicite de protection et de prévention.
Déséquilibres nutritionnels et « fausse assurance »
Plusieurs experts s’accordent à dire que le déséquilibre des apports est un élément clé. De nombreuses formules vendues sur le marché contiennent trop de cuivre ou de fer, deux minéraux qui, à forte dose, peuvent provoquer du stress oxydatif, nuire au cerveau ou accélérer le vieillissement cellulaire. À l’inverse, la majorité des compléments sont pauvres en magnésium et en zinc, deux éléments essentiels au fonctionnement du système nerveux et immunitaire, dont la plupart des individus sont déjà carencés.
Robert Love, neuroscientifique, et le Dr Michael Bauerschmidt, spécialiste en médecine fonctionnelle, dénoncent également la faible qualité de nombreux produits, souvent bourrés d’additifs (comme le stéarate de magnésium) qui limitent l’absorption des nutriments.
Mais surtout, les experts pointent le risque d’un faux sentiment de sécurité : croire qu’un comprimé suffit à compenser une alimentation déséquilibrée, c’est entretenir une illusion dangereuse. Comme le résume le Dr Surender Neravetla, chirurgien cardiaque : « Pourquoi prendre quelque chose qui ne sert à rien et l’appeler une assurance santé ? »
Prudence sur l’interprétation
Bien entendu, cette étude reste observatoire, ce qui signifie qu’elle établit une corrélation, mais pas une causalité directe. Certains biais restent possibles, comme la fréquence des visites médicales ou les différences de suivi individuel.
D’autres experts, comme Morgan McSweeney, pharmacologue, rappellent qu’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives : les compléments peuvent avoir d’autres effets positifs non mesurés ici, selon le profil et les carences de chacun. D’où l’importance de ne pas s’auto-supplémenter, mais de consulter un professionnel avant toute prise prolongée.
Cette étude donne un coup de frein à l’engouement aveugle pour les multivitamines. Non seulement elles ne prolongeraient pas la vie, mais pourraient l’écourter légèrement dans certains cas. Plutôt que de se reposer sur un comprimé standardisé, mieux vaut investir dans une alimentation riche en fibres, en fruits, en légumes et en micronutriments naturels, véritable carburant du corps humain.
Dans un monde où la santé est devenue un produit marketing, il est bon de rappeler que la prévention passe d’abord par l’assiette, pas par la pilule.
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Une réponse à “Multivitamines : une illusion de longévité ? Une vaste étude remet en cause leur intérêt”
Oui. Vrai et… faux. Comme vous le soulignez, il existe des besoins non couverts pour une raison ou une autre : vitamine D et C (choisir liposomale) sans critère de dose maximale franche et magnésium. Le reste est douteux. Le gluthation est intéressant comme le saw palmetto. Vous devriez citer sainte hildegarde de bingen