Après une saison 2024 catastrophique, marquée par des récoltes historiquement basses, les paludiers de Guérande vivent un été 2025 en dents de scie. Les pluies exceptionnelles de la fin juillet ont brutalement stoppé la production, alors que pèsent déjà des inquiétudes sur les marchés internationaux, notamment aux États-Unis.
Dix centimètres de pluie en quelques jours
La saison avait pourtant bien commencé. « On a commencé pas trop mal. On a fait un peu plus d’une tonne à l’œillet », expliquait Maël Viaud, paludier, au Figaro le 24 juillet. Mais, vers le 20 juillet, 10 centimètres de pluie en deux jours (l’équivalent d’un mois d’hiver) se sont abattus sur les marais guérandais. Résultat : le marais s’est retrouvé inondé, noyé, ce qui a stoppé net la production.
Cette chute de salinité empêche la cristallisation du sel. Les paludiers doivent vidanger et nettoyer les œillets, une opération normalement réalisée en hiver. Il faut retrouver un niveau convenable de saison, Maël Viaud qualifiant cet épisode d’« extrêmement rare ».
Des stocks qui sauvent la saison
Si les indépendants subissent plus durement l’arrêt de la récolte, la coopérative des Salines de Guérande (qui regroupe 226 adhérents sur environ 385 professionnels) peut compter sur ses réserves.
Depuis mi-juin, la production avait atteint environ une tonne par œillet, loin de l’année 2024 où à peine 80 kilos par œillet avaient été récoltés. « On se pose toujours la question de savoir si on va avoir les bons volumes pour répondre à nos clients », reconnaissait Laurent Sériat, directeur général de la coopérative, auprès de France 3 Pays de Loire le 7 août. Avec « quatre ans et demi de stock » disponibles, l’entreprise livre chaque année 13 000 tonnes de sel dans le monde et envisage d’augmenter ses infrastructures de stockage.
Menaces américaines sur l’export
Autre sujet de préoccupation : les États-Unis. Le président Donald Trump a annoncé une hausse de 15 % des droits de douane sur certains produits, dont le sel. « Le sel de Guérande est toujours disponible aux États-Unis et le restera », assurait cependant Laurent Sériat auprès de Presse Océan le 6 août.
Pour les clients américains (surtout des professionnels), l’impact resterait limité selon lui : « On aura une légère augmentation du prix de quelques dizaines de centimes ». Et d’ajouter : « l’augmentation des droits de douane est de 15 % mais personne n’est vraiment inquiet, ça change toutes les semaines ». « D’ici la fin de l’année, on aura une vision plus précise », conclut-il.
Les récoltes devraient reprendre dans les prochains jours à Guérande. Mais cet été rappelle aux paludiers que leur activité reste suspendue à un double aléa : celui de la météo et celui des marchés.
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine