Jérusalem gèle les comptes bancaires du Patriarcat grec-orthodoxe et menace la présence chrétienne dans la ville sainte

La municipalité de Jérusalem a gelé la totalité des comptes bancaires du Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, en raison du non-paiement de la Arnona, une taxe foncière pour des biens non utilisés à des fins de culte. Les responsables des Églises locales dénoncent « une campagne systématique d’abus » qui menace la présence des Chrétiens en Terre sainte.

Prise le 6 août 2025, cette décision, justifiée par la municipalité comme une mesure d’exécution administrative suite au refus du Patriarcat de répondre à ses demandes de paiement, a paralysé les activités du Patriarcat, rendant impossible le paiement des salaires du clergé, des enseignants et du personnel, ainsi que le règlement des factures. C’est tout le fonctionnement de leurs églises, mais aussi de leurs écoles, de leurs hospices et de leurs autres institutions caritatives qui est ainsi en péril.

Ce gel s’inscrit dans un conflit de longue date concernant l’application de l’Arnona aux biens des Églises, historiquement exemptés de cette taxe, et qui gèrent des établissements éducatifs, caritatifs et religieux. Le conflit a été exacerbé par des promesses non tenues, notamment celle du maire de Jérusalem de ne pas agir unilatéralement.

Plus tôt dans l’année, c’est le Patriarcat de l’Église apostolique arménienne qui était menacé de saisie immobilière et, à terme, de la vente aux enchères de ses propriétés ancestrales dans la ville sainte. Le 19 février 2025, au lendemain de cet incident, dénonçant « campagne systématique d’abus contre les Églises et les chrétiens » à travers la promotion d’une « loi discriminatoire et raciste qui prend pour cible uniquement les propriétés de la communauté chrétienne en Terre Sainte », les responsables des Églises locales publiaient une déclaration officielle, avant de fermer le Saint Sépulcre en guise de protestation :

Nous, chefs des Églises responsables du Saint-Sépulcre et du statu quo qui gouverne les différents lieux saints chrétiens à Jérusalem – le patriarcat grec-orthodoxe, la custodie de Terre Sainte et le patriarcat arménien – suivons avec grande préoccupation la campagne systématique contre les Églises et les communautés chrétiennes en Terre Sainte, en flagrante violation du statu quo en vigueur. Récemment, cette campagne systématique et offensive a atteint des niveaux sans précédent quand la municipalité de Jérusalem a émis des notifications scandaleuses de recouvrement et des injonctions de confiscation de biens, propriétés et comptes bancaires des Églises pour de prétendues dettes de taxes municipales punitives. Une mesure qui est contraire à la position historique des Églises au sein de la ville sainte de Jérusalem et à leurs relations avec les autorités civiles.

Outre l’historique statu quo qui régule les rapports entre les religions présentes dans la ville sainte, les Églises s’opposent à cette taxation sur les édifices désignés par la municipalité, arguant que l’exemption de cet impôt est un droit historique formalisé dans des décrets ottomans de 1852 et 1853, par la suite confirmés par les Britanniques et par l’État d’Israël, et rappelant qu’elles paient régulièrement des impôts sur leurs propriétés commerciales.

Mais l’attaque contre les communautés chrétiennes de Jérusalem n’est pas circonscrite au gel des avoirs des Églises. Depuis 2018, un projet de loi permettant à l’État d’exproprier des terrains vendus par les Églises à des privés est sur la table de la Knesset et son avancement n’a été suspendu que sous la pression des autorités américaines.

Ces décisions mettent ne mettent pas seulement en péril le rôle religieux, social, éducatif et caritatif des Églises : c’est la présence même des Chrétiens en Terre sainte qui est directement menacée. 

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Jérusalem gèle les comptes bancaires du Patriarcat grec-orthodoxe et menace la présence chrétienne dans la ville sainte”

  1. Poulbot dit :

    Depuis la création de l’état d’Israel , les juifs orthodoxe veulent la disparition de toutes les autres religions, ils considèrent que seul la religion juive doit exister en israel; si cela arrive il est a craindre la démolitions des églises et mosquées , quand au saint sépulcre……..

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