Inventeur ? Pas autant qu’on le prétend. Innovateur ? Assurément, par ses audaces techniques et scientifiques. L’exposition « À la croisée des arts et des sciences », présentée cet été à Rennes, ainsi qu’une autre consacrée à 60 maquettes de ses créations au château de Kérouzéré, en Finistère, ont rappelé l’ampleur de son génie.
Léonard de Vinci (1452-1519) s’inscrit dans la Renaissance, héritière du Moyen Âge et de la culture antique. Loin d’être une rupture, cette période prolonge les acquis chrétiens et médiévaux : découvertes, avancées scientifiques et affirmation des langues nationales, dont le français.
De l’Italie à la Touraine, en passant par la Bretagne
À 64 ans, Léonard de Vinci accepte l’invitation du roi François Ier et s’installe au Clos Lucé, près d’Amboise, dernière demeure de son immense créativité. Le souverain, qui aimait l’appeler « mon père », lui offre un cadre à la mesure de son génie. Le lieu garde aussi des traces bretonnes : son prédécesseur Charles VIII y fit construire une chapelle pour Anne de Bretagne, décorée d’hermines et de fleurs de lys.
Aujourd’hui, le Clos Lucé expose une grande partie de l’œuvre du maître.
Un touche-à-tout visionnaire
« Homme sans lettres », comme il se définissait lui-même, Léonard laisse derrière lui près de 20 codex et 17 000 pages de notes. Peintre de la célèbre Joconde – tableau où il perfectionne le sfumato, cette technique des contours fondus « à la manière de la fumée » –, il fut aussi ingénieur militaire, inventeur de machines de guerre, d’avions, de scaphandres ou de coques à double paroi pour les navires. Il imagina même une rôtissoire automatique.
Son rêve, jamais accompli malgré sa devise « ostinato rigore » (rigueur obstinée), était de faire voler l’homme. L’« Homme de Vitruve », ce dessin emblématique où le corps humain s’inscrit dans un cercle et un carré, témoigne de sa connaissance approfondie des proportions.
Si Léonard s’aimait lui-même, il savait surtout observer et comprendre les autres. Les nombreuses commandes religieuses qu’il réalisa expriment une vision spirituelle de l’homme et du monde : « Notre corps est au-dessous du ciel et le ciel au-dessus de notre esprit ».
Pour lui, la connaissance était la voie vers l’amour : « Plus on connaît, plus on aime », affirmait-il. Une invitation à ne jamais dissocier science, beauté et foi en l’homme.
Claudine Dupont Tingaud – Quimper, 31 août 2025
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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