Face à l’arthrose du genou, les options de traitement sont souvent limitées : vivre avec la douleur, multiplier les médicaments ou, à terme, envisager une prothèse. Une étude internationale publiée dans The Lancet Rheumatology ouvre pourtant une piste inattendue : adapter légèrement la façon de marcher pourrait non seulement réduire la douleur, mais aussi ralentir la dégradation du cartilage.
Un angle de pied qui change tout
Les chercheurs ont montré que modifier l’angle du pied de seulement 5 à 10 degrés vers l’intérieur ou l’extérieur suffisait à diminuer les douleurs. Neuf patients sur dix ayant bénéficié de ce réapprentissage de la marche ont constaté un soulagement significatif, contre seulement deux tiers dans le groupe témoin.
Selon Scott Uhlrich, professeur d’ingénierie mécanique à l’université de l’Utah, l’effet est comparable à celui de l’ibuprofène, voire à certains antidouleurs puissants, sans les effets secondaires des médicaments.
Au-delà de la douleur, les IRM ont révélé une meilleure préservation du cartilage chez les patients ayant adopté l’angle optimal de marche, suggérant que cette méthode agit aussi sur l’évolution de la maladie.
L’essai clinique a suivi 68 personnes âgées en moyenne de 64 ans, toutes atteintes d’arthrose modérée du genou. Chaque participant a vu son schéma de marche analysé grâce à la capture de mouvement et à des simulations informatiques, afin de déterminer quel angle de pied réduisait le plus la contrainte sur l’articulation.
Un groupe témoin a conservé son pas habituel, tandis que l’autre a appris à ajuster son mouvement à l’aide de capteurs et de séances encadrées. Les résultats sont sans appel : moins de pression sur la partie interne du genou, une réduction de 7,5 % du stress articulaire et une évolution plus favorable du cartilage.
De la recherche à la pratique
Changer la manière de marcher n’a rien de révolutionnaire pour les kinésithérapeutes, qui savent depuis longtemps que l’orientation du pied modifie la répartition des charges dans le genou. Mais cette étude confirme, preuves scientifiques à l’appui, que la personnalisation est la clé.
Trouver l’angle adapté peut offrir une solution simple et peu coûteuse à l’arthrose débutante, et ainsi retarder l’échéance d’une chirurgie.
Pour l’heure, ce type d’évaluation nécessite encore des équipements spécialisés (tapis de marche sensibles, systèmes de capture vidéo). Mais les chercheurs imaginent déjà des applications plus accessibles, via des capteurs portables ou des logiciels d’analyse vidéo.
Alors que l’arthrose touche un quart des adultes de plus de 40 ans, cette approche pourrait combler un vide thérapeutique pour les patients trop jeunes pour la chirurgie mais déjà limités par la douleur.
En clair, une simple modification du pas pourrait, à terme, changer la vie de millions de patients, en leur permettant de continuer à marcher sans souffrir et sans dépendre de médicaments lourds.
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