La première édition de Breizh a live, organisée samedi 6 septembre à Carhaix, a incontestablement remporté son pari. Plus de 3 000 personnes ont répondu présent pour cette journée dédiée à la défense et à la promotion de la langue bretonne. Entre débats, concerts et rencontres intergénérationnelles, l’événement a offert une vitrine enthousiasmante de ce que peut produire une culture bretonne vivante et assumée.
Une mobilisation réussie
Dès l’après-midi, une table ronde consacrée à l’avenir de la langue a réuni plusieurs centaines de participants, parmi lesquels enseignants, artistes et militants. L’occasion de rappeler les difficultés persistantes autour de l’application de la loi Molac ou du financement des écoles Diwan, mais aussi de constater qu’une relève existe, notamment parmi les jeunes qui choisissent d’apprendre ou de transmettre le breton.
Le soir, la salle de l’Espace Glenmor a fait le plein pour une affiche réunissant plusieurs générations d’artistes : Denez, Dan Ar Braz, Clarisse Lavanant, Gwennyn, Tristan Nihouarn ou encore Miossec, accompagnés de chorales d’élèves et de bagadoù. L’ambiance, chaleureuse et festive, a confirmé l’attachement d’un public varié – familles, militants, simples curieux – à la langue bretonne et à sa vitalité.
Un succès… mais un vivier limité
Si le succès populaire est indéniable, un constat plus nuancé s’impose : l’essentiel du public provenait des cercles habituels – réseaux Diwan, militants culturels, sympathisants associatifs ou politiques liés à la cause bretonne, et habitants du Centre-Bretagne. Cette concentration interroge. Pourquoi un tel événement, riche en talents et en énergie, a-t-il tant de mal à attirer au-delà de ce premier cercle ?
Denez Prigent e Karaez ! Breizh a live 2025 ! pic.twitter.com/my6rCzvZeL
— Breizh-Info (@Breizh_Info) September 6, 2025
La question n’est pas nouvelle. Le mouvement culturel breton, malgré des réussites éclatantes dans la musique ou le patrimoine, peine encore à franchir certaines frontières sociales et géographiques. Trop souvent perçu comme un engagement réservé aux convaincus ou aux militants (de gauche de préférence), il a du mal à séduire les populations urbaines, les nouveaux arrivants ou les familles non impliquées dans les structures bretonnantes.
L’ambition affichée par les organisateurs de Breizh a live n’était pas seulement de célébrer la langue, mais de la projeter dans l’avenir. Pour cela, une interrogation demeure : comment faire en sorte que le breton, sa musique et sa culture cessent d’être l’apanage de réseaux déjà acquis à la cause ?
Faut-il investir davantage l’espace public, les médias, l’école ? Faut-il rendre plus accessibles les initiatives culturelles aux non-bretonnants, en mêlant systématiquement traduction, pédagogie et ouverture à d’autres publics ? Ces questions devront trouver des réponses si le mouvement veut éviter de tourner en rond dans son vivier naturel.
En attendant, cette première édition restera comme un moment fort : un public nombreux, des artistes engagés, une ambiance fraternelle et intergénérationnelle. Breizh a live a montré que la langue bretonne pouvait encore faire vibrer, rassembler et susciter l’émotion collective. Mais il a aussi souligné la nécessité d’un travail de fond pour élargir la base, dépasser les cercles militants et convaincre bien au-delà du Centre-Bretagne.
YV
Photo : breizh-info.com
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2 réponses à “Carhaix. Breizh A Live réussit son baptême, mais pose la question de l’avenir du mouvement culturel breton”
Comment faire en sorte que le breton, sa musique et sa culture cessent d’être l’apanage de réseaux déjà acquis à la cause ?
En faisant du Breton une langue de travail. Le Français s’est imposé en Bretagne car il était nécessaire pour travailler en ville et entrer dans la fonction publique. Si l’administration se met au Breton, que les entreprises doivent communiquer en Breton avec elle, ça amènera nécessairement les fonctionnaires et salariés à devoir apprendre le Breton pour garder ou obtenir un poste.
Dans l’état actuel, l’État français bloque toute bretonnisation de l’espace public, au nom du principe d’égalité républicaine. Tant qu’elle ne reconnaîtra pas l’existence du peuple breton et de son droit à s’administrer par lui même dans sa propre langue, il n’y aura aucune progression possible du Breton en dehors des cercles associatifs. C’est en cela que le combat pour la langue passe par le combat pour l’indépendance. Les gens qui disent que c’est trop demandé manquent de conviction. Si nous ne sommes pas fermes sur les principes, l’État ne fera aucune concession. Son objectif reste avant tout d’assurer la paix publique, et de travailler à la réélection de ses dirigeants. Ce n’est pas en confortant ces carriéristes qu’on parviendra à obtenir quoique ce soit d’eux.