Le métal jaune vit une année historique. Le 30 septembre, l’once d’or au comptant a franchi un record absolu à 3 839,52 $, portée par un cocktail d’inflation persistante, de tensions géopolitiques et d’anticipations de baisses de taux aux États-Unis. Dans ce contexte, les banques centrales gardent le pied sur l’accélérateur : selon la filière, 95 % d’entre elles comptent encore renforcer leurs stocks d’ici un an. Mais derrière cet appétit global, qui achète le plus, et pour quelles raisons ?
La Pologne mène la danse
En Europe, Varsovie s’affirme comme le premier acheteur étatique de l’année. La Banque nationale de Pologne a déjà ajouté environ 67 tonnes depuis janvier. Avec 515 tonnes désormais au coffre (près de 21 % de ses réserves), la Pologne fait de l’or un pilier de sa sécurité financière, dans l’ombre portée de la guerre en Ukraine. Le message est autant monétaire que stratégique : se prémunir du risque de change et consolider la crédibilité de la banque centrale.
Autre accélérateur : l’Azerbaïdjan. Ce n’est pas la banque centrale mais le fonds pétrolier d’État (SOFAZ) qui a doper la demande, + 34,5 tonnes sur le semestre. Depuis 2012, Bakou traite l’or comme une jambe à part entière de son portefeuille de long terme, pour lisser la volatilité de la manne hydrocarbures. À la clé, 181 tonnes accumulées à ce jour.
Kazakhstan, Chine, Turquie : achats prudents mais réguliers
Le Kazakhstan a fait volte-face après des ventes l’an passé et a racheté environ 24,7 tonnes en 2025. La Chine, de son côté, poursuit son grignotage méthodique (+ 20,8 tonnes cette année, > 2 300 tonnes au total), signe que Pékin continue de diversifier ses réserves hors dollar. La Turquie reste acheteuse (+ 19,5 tonnes), à un rythme plus mesuré qu’en 2022, mais toujours orientée vers l’or comme actif de confiance en période d’instabilité des prix.
Le « peloton » des acheteurs
Derrière ces locomotives, plusieurs pays avancent à pas comptés : République tchèque, Cambodge, Qatar, Ghana, Inde et Serbie figurent parmi les principaux acheteurs nets de 2025. Le Kirghizstan a ajouté 2,2 tonnes, loin des volumes de 2024, mais l’or pèse déjà plus de 60 % de ses réserves. L’Égypte continue aussi ses petits pas (+ 1,7 tonne), après sa grosse opération de 2022.
À noter, un mouvement symbolique : l’Inde a rapatrié environ 100 tonnes stockées au Royaume-Uni, signe d’une tendance lourde à « relocaliser » le métal dans les coffres nationaux pour réduire les risques juridiques et logistiques.
Des vendeurs qui prennent leurs gains
La flambée des cours incite, à l’inverse, certains à alléger. L’Ouzbékistan est le plus gros vendeur net de l’année (– 18,7 tonnes), dans le cadre d’arbitrages habituels mais profitant des prix hauts. Singapour a réduit ses avoirs d’environ – 15,8 tonnes, après deux ans de gestion active. La Russie a légèrement rogné (– 3,1 tonnes) après une longue phase d’accumulation, et l’Allemagne poursuit ses cessions homéopathiques (– 1,3 tonne). Mexique et Philippines ont procédé à de petits ajustements.
Trois moteurs expliquent la ruée : l’incertitude géopolitique (conflits et chocs d’approvisionnement), la défiance monétaire (inflation qui colle, dollar en reflux à l’approche d’un assouplissement de la Fed) et la diversification des réserves, alors que nombre d’États cherchent à réduire leur exposition au billet vert. Côté investisseurs, l’or rejoue son rôle d’assurance de portefeuille : l’ETF phare adossé au métal a gagné près de 46 % depuis janvier, reflet d’un flux massif d’épargne de précaution.
En stock absolu, le podium ne bouge pas : États-Unis (8 133 t), Allemagne (3 350 t), Italie (2 452 t), talonnés par la France (2 437 t), la Russie (≈2 330 t) et la Chine (>2 300 t). Mais la dynamique 2025 raconte autre chose : les acheteurs les plus actifs sont la Pologne, l’Azerbaïdjan (SOFAZ), le Kazakhstan, la Chine et la Turquie — un quinté qui dit la montée des risques perçus et la volonté de désoccidentaliser une partie des réserves.
La suite dépendra des taux américains, du parcours du dollar et de l’actualité géopolitique. Une chose est sûre : tant que les banques centrales resteront au bid, l’or gardera un plancher solide. Et 2025 restera, pour elles, comme une année de grand retour au coffre.
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