Catherine Connolly, figure de la gauche propalestinienne, devient présidente d’une Irlande désabusée. Moins d’un électeur sur deux s’est déplacé, et un nombre record de bulletins nuls expriment la colère d’un peuple qui ne croit plus à ses institutions.
L’Irlande a une nouvelle présidente. Catherine Connolly, 68 ans, indépendante issue de la gauche radicale, a remporté un scrutin que personne ne semble avoir vraiment voulu. Derrière une victoire « écrasante » face à la candidate de centre droit Heather Humphreys, se cache en réalité une participation en berne – à peine 46 à 48 % – et un taux historique de bulletins nuls, signe d’un désaveu sans appel.
Une fonction symbolique pour un pays désenchanté
La présidence irlandaise, créée en 1938, n’a rien d’un pouvoir exécutif. Elle se limite à un rôle représentatif, cérémoniel, presque protocolaire : promulguer les lois, nommer les ministres, recevoir les diplomates. Une fonction honorifique plus qu’un levier d’action.
Mais même ce symbole semble avoir perdu de son sens. Après quatorze années du poète socialiste Michael D. Higgins, l’élection de Catherine Connolly ressemble moins à un choix démocratique qu’à un geste automatique d’un corps électoral épuisé.
Des urnes désertées et des bulletins de révolte
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur 3,6 millions d’électeurs, à peine la moitié a voté. Et parmi eux, près de 214 000 bulletins ont été annulés, souvent volontairement. Certains portaient des slogans comme « No democracy » ou « Stop EU puppets ».
Cette explosion du vote nul – multiplié par dix depuis 2018 – traduit la rupture entre le peuple irlandais et une classe politique jugée fermée, idéologique et déconnectée.
Les conditions d’accès à la candidature (20 parlementaires ou 4 conseils locaux nécessaires) ont empêché l’émergence de figures nouvelles. Des personnalités populaires, comme l’ancien champion d’arts martiaux Conor McGregor, ont été écartées faute de parrainages. Résultat : une élection verrouillée, sans surprise, et sans élan populaire.
Une victoire sans légitimité
Connolly a obtenu environ 63 % des suffrages valides, soit un peu plus de 876 000 voix, moins d’un tiers du corps électoral. Loin d’un raz-de-marée démocratique, il s’agit d’un succès numérique dans un désert civique.
Son profil divise. Franc-parler, militantisme propalestinien, défense d’une Irlande unifiée et critique ouverte de l’OTAN : Catherine Connolly incarne une gauche militante plus qu’unité nationale. Soutenue par le Sinn Féin, le Labour et les Verts, elle s’adresse à une minorité convaincue, mais laisse indifférente, voire hostile, une majorité silencieuse.
Une présidence idéologique dans un pays fracturé
Connolly s’est engagée à « être une présidente pour tous » et à « promouvoir la paix et la diversité ». Des mots qui sonnent creux pour de nombreux Irlandais, notamment dans les campagnes, où la crise du logement, l’immigration incontrôlée et la perte de souveraineté européenne dominent les conversations.
Son élection apparaît comme le reflet d’une Irlande coupée en deux : d’un côté, les grandes villes progressistes, acquises aux causes mondialistes ; de l’autre, une population rurale, catholique et attachée à l’identité nationale, qui se détourne d’un système dont elle ne se sent plus représentée.
Catherine Connolly prendra ses fonctions le 10 novembre à Dublin. Elle hérite d’un poste essentiellement symbolique, mais d’une mission impossible : incarner un pays qui ne croit plus à sa propre démocratie.
Les feux d’artifice de Galway ne masqueront pas le malaise. Derrière la façade d’une victoire historique, l’Irlande vient de signer l’acte de défiance d’un peuple fatigué de voter pour rien.
YV
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