RN et Mossa Palatina. La droite française s’unit au nationalisme corse : vers une synthèse identitaire ?

L’accord conclu entre le Rassemblement national, l’Union des droites républicaines et Mossa Palatina, le bras politique du mouvement Palatinu, dépasse de loin les limites d’une manœuvre électorale. Il signale la naissance d’un pont entre la droite continentale encore jacobine et un nationalisme insulaire revenu de ses illusions gauchisantes. Pour la première fois depuis longtemps, la Corse n’oppose plus sa fierté à la France, elle tente de la réorienter. Et dans ce geste, que d’aucuns jugeront téméraire, se lit la volonté de renouer avec une civilisation.

Je me souviens, en écrivant ces lignes au bar des Brisants à la pointe de Lechiagat, du sang corse qui dort dans ma mémoire familiale, venu de l’île Rousse, où vécurent quelques ancêtres oubliés, Pacuale Sanguinetti, Pablo Limarola, Vivenza Orsini, Giovani Quartini, Giacomo Mattei. Des hommes de pierre et de sel, fiers jusqu’à la déraison, à la fois pieux et querelleurs, comme il sied à ceux que la mer a contraints à vivre debout. Breton et un peu Corse, je regarde cette mer qui nous unit et nous sépare, et j’y vois la même obstination : celle de peuples que l’histoire a érodés sans jamais les dissoudre.

Le mouvement Palatinu, né d’une rupture avec les autonomistes de Femu a Corsica, s’est donné pour mission de réconcilier la Corse réelle avec son propre génie. Nicolas Battini parle de « résurrection » plutôt que de renaissance. Il dénonce, dans un style rude et franc, l’autonomisme « woke et impuissant » qui a livré l’île à la criminalité, à la drogue et à la bureaucratie. Pour lui, le peuple corse est menacé non par la France, mais par le mondialisme, par la dilution démographique et par la honte de soi que lui inocule la gauche. Ce discours, que d’autres diraient populiste, est en réalité une réaction vitale, une tentative d’ordre dans le chaos.

Ce n’est pas un hasard si Marion Maréchal, d’abord depuis Reconquête ! puis à titre plus personnel, a joué un rôle discret mais crucial pour faire connaître les Palatins à la droite centraliste continentale. Par son intermédiaire, nombre de jeunes élus, séduits par la fraîcheur doctrinale du palatinisme, ont découvert une Corse qui ne quémande plus mais qui propose un modèle. Même Éric Zemmour, lors de sa visite sur l’île et de sa rencontre avec Battini, en est ressorti changé. Lui qui voyait dans les régionalismes français une dispersion de l’énergie nationale a compris, semble-t-il, qu’ils pouvaient aussi devenir des bastions de résistance contre la dissolution républicaine.

Ce frémissement n’est pas passé inaperçu à Rome. Alors que l’Église de France s’abandonne au progressisme social et aux postures déréelles, l’Église corse, elle, soutient discrètement les Palatins. Des prêtres, diocésains ou issus de fraternités traditionnelles, voient dans leur mouvement un renouveau moral. Là où le continent multiplie les bénitiers inclusifs, la Corse redécouvre le chapelet, la langue latine et l’esprit de service. Il y a là un signe des temps : la foi, quand elle se réenracine, retrouve sa vigueur politique.

L’accord avec le RN, pourtant, reste fragile. Marine Le Pen n’aime guère les démarches identitaires. Elle les redoute comme des hérésies qui diviseraient sa grande coalition électorale. Tel le scorpion sur le dos de la grenouille, elle pourrait bien, par réflexe, torpiller cette alliance avant d’atteindre l’autre rive. Car les Palatins ne sont pas des courtisans : ils parlent d’enracinement, de hiérarchie, de peuple ethno-culturel, autant de mots qui font frémir les communicants de Nanterre. Entre eux et les techniciens du « social souverainisme » à la Philippe Tanguy, qui rêve d’un nationalisme à la fois tricolore et planificateur, individualiste et désincarné, jouisseur et anti-famille, le fossé est abyssal. La Corse n’aime pas les tableaux Excel et les rêves arc en ciel, elle préfère les montagnes et les mythes.

Pourtant, cet essai d’union porte un parfum d’avenir. Il redonne sens à l’idée même de nation comme alliance de fidélités locales. De la Corse à la Bretagne, la même équation s’impose : tant que le nationalisme restera dominé par la gauche et ses repentis culturels, il demeurera impuissant à réveiller le peuple. L’autonomisme breton, livré depuis trop longtemps aux marins d’eau douce de la sociologie progressiste, pourrait méditer sur le modèle corse. Là-bas, le nationalisme est redevenu viril, organique, charnel. Il parle de transmission, non de déconstruction.

La Bretagne et la Corse partagent plus que la mer : une même solitude historique, une même fierté meurtrie, un même sens du tragique. L’une sculpte le vent, l’autre apprivoise le feu. Dans les deux, la politique se confond avec la géologie : elle est affaire de roches et de fidélités. Si la Corse redonne à la droite française le goût de la patrie réelle, la Bretagne lui rappellera peut-être que l’Europe ne sera sauvée que si ses provinces retrouvent leur âme.

Les peuples, disait Spengler, sont comme les arbres : ils se renouvellent par leurs racines, non par leurs fruits. Le vent du large emporte les feuilles, mais le granit demeure.

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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