Brittia : l’histoire méconnue des Bretons – des Scythes à Nominoë, une autre lecture des origines bretonnes

L’ouvrage Brittia : L’Histoire méconnue des Bretons propose une relecture radicale de la genèse bretonne, mêlant archéologie, traditions celtiques et sources antiques, pour retracer une filiation méconnue entre les peuples scythes, cimmériens et les Bretons d’Armorique.

Publié en 2023 sous licence libre par Hervé Cariou, l’essai Brittia : L’Histoire méconnue des Bretons entend revisiter les racines du peuple breton au-delà du récit classique des migrations insulaires du Ve et VIe siècles. S’appuyant sur les chroniques antiques, les traditions galloises et irlandaises et les découvertes archéologiques de Bretagne, l’auteur y développe une thèse audacieuse : les Bretons seraient les héritiers d’un courant civilisationnel scytho-cimmérien, venu d’Eurasie par vagues successives, bien avant les grandes migrations médiévales.

Des mégalithes aux Scythes : une protohistoire maritime

L’ouvrage s’ouvre sur le Néolithique armoricain, qu’il relie à des civilisations de navigateurs bâtisseurs de mégalithes. À Barnenez, Carnac ou Locmariaquer, ces peuples auraient déjà pratiqué la navigation hauturière, la métallurgie et une symbolique solaire commune à d’autres cultures indo-européennes anciennes. L’auteur avance l’idée d’une “civilisation maritime de l’Ouest”, connectée aux routes de la Méditerranée et de la mer Noire bien avant l’âge du fer

Des Cimmériens à la naissance des “Brittons”

Reprenant les récits d’Hérodote et du Lebor Gabála Érenn, Brittia fait remonter les origines des peuples bretons aux Cimmériens, chassés des rivages de la mer Noire par les Scythes. Une partie d’entre eux aurait migré vers l’Europe centrale, fusionné avec la culture de Hallstatt, et donné naissance aux Gaulois et aux Celtes occidentaux.

Les “Cymri” ou “Kymry”, ancêtres présumés des Bretons insulaires, auraient ainsi une origine eurasienne et non exclusivement insulaire. Leur nom, proche du grec Kimmérioi, trahirait un lien ancien avec ces peuples cavaliers de la steppe.

L’auteur n’écarte pas les mythes : il évoque le Pays de l’été ou Deffrobani, paradis ancestral des traditions galloises, qu’il rapproche d’îles orientales mythiques et du souvenir d’un monde perdu pré-celtique.

De l’île de Brittia à la Bretagne armoricaine

La deuxième partie du livre se concentre sur la période antique et les migrations historiques. En s’appuyant sur Procope de Césarée et Geoffroy de Monmouth, Brittia retrace les vagues de colonisation brittonne vers l’Armorique à partir du Ve siècle :

  • une première migration sous Conan Mériadec, figure semi-légendaire associée à l’usurpateur romain Maximus ;
  • une seconde vague bretonne en 496, qui fonde la Cornouaille et le Broërec ;
  • puis une consolidation sous Waroc II, conquérant de Nantes et de Rennes, fixant la “marche de Britannia”.

Le texte souligne le rôle des Bretons dans la construction d’une identité politique autonome, indépendante des Gaulois et des Francs, et leur enracinement culturel antérieur à l’époque carolingienne.

Une autre lecture de la Bretagne ancienne

En conclusion, Brittia propose une relecture complète de la genèse bretonne :

  • les Bretons ne seraient pas seulement des insulaires réfugiés, mais les descendants d’une longue lignée eurasienne, mêlant Scythes, Cimmériens, Gaëls et Belges ;
  • la Bretagne armoricaine aurait accueilli ces populations dès la protohistoire, avant d’être réorganisée par des élites venues de Grande-Bretagne au haut Moyen Âge ;
  • l’identité bretonne apparaît ainsi comme une synthèse entre héritage continental et culture insulaire, un pont entre l’Europe orientale et l’Atlantique.

« L’Histoire des Bretons ne s’arrête pas en 1532. Elle plonge ses racines dans un passé plus vaste, où les bâtisseurs de mégalithes, les navigateurs scythes et les princes d’Armorique partagent la même mémoire d’origine », conclut l’auteur.

Référence :
Brittia : L’Histoire méconnue des Bretons, autoédition, Cariou, 3e édition revue et augmentée, 2023

llustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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3 réponses à “Brittia : l’histoire méconnue des Bretons – des Scythes à Nominoë, une autre lecture des origines bretonnes”

  1. guehennec yvan dit :

    Demat deoc’h ; il y a une continuité (dès moins 8000, et on sait que le Dogger Land était encore réel), voir les thèses de Kai-Helge Wirth et celle de Karl-Heinz Boettcher), entre les peuples d’Anatolie (Newgrange, Barnenez) et, les peuples de l’Europe (foyer Nord-Européen) avec donc un second foyer Nord-Pontique (foyer secondaire de certains I.E, à l’origine des Iraniens etc), après le Néolithique. Les liens proposés par Hervé Cariou sont des plus pertinents, mais tout ne vient pas d’Anatolie, il y une création locale évidente. Le monde breton continental s’est créé, comme le dit Cariou, bien avant les grandes migrations du haut Moyen Âge. Ce livre (que je vais me procurer) me semble être une lecture indispensable, même si l’Auteur appuie trop sur le monde asiatique, il faudrait voir le monde des navigateurs de très près. Voir aussi les apports du Campaniforme, apports essentiels. Les sources de la Bretagne sont liées aux sources de l’Europe. Ce livre, Brittia, mérite toute notre attention. Attention cependant, le terme Cymry signifie les « Compatriotes » (kom-brogi), il y a un lien manifeste entre les Gallois et les Bretons, il y a toute une façade brittonique (voir A.J. Raude, même si l’écriture de Raude peut paraître  »brouillonne »). Quel travail à réaliser !!! Brittia nous y pousse. Gourc’hemmennoù. YG

  2. RAYMOND NEVEU dit :

    Lorsque l’on lit BRITTIA, que l’on compare avec la médiocrité d’un type pour qui l’Histoire de notre bout de terre (France actuelle) commence avec un petit chef de bande, de gang du type Capone, au V ème siècle qui est badigeonné d’une crème déclarée sainte (pourquoi pas) du nom de Clovis. Mais prendre ce Capone pour le point de départ de notre Histoire…Arrête ton char surdoué de l’ENA, il se saoule de ses propres paroles.

  3. guernalec dit :

    à M. Neveu : précisez à quelle type « médiocre » vous faîtes allusion, ça ferait un commentaire digne d’intérêt pour commencer une éventuelle discussion (que vous n’avez pas l’air de souhaiter) Yann

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