Longtemps perçue comme une affection du grand âge, l’arthrose gagne du terrain chez les plus jeunes. « 30 % des patients arthrosiques ont moins de 45 ans », rappellait le professeur Yves Henrotin, président de la Fondation Arthrose, auprès du média belge RTL.be le 10 novembre. Le rhumatologue Emmanuel Maheu évoquait pour sa part auprès de CNews le 26 octobre dernier une « épidémie mondiale prête à exploser » : « Environ 600 à 700 millions de personnes souffrent d’une arthrose symptomatique dans le monde », dont « 10 millions en France », soit « une augmentation de 132 % sur les trente dernières années ».
Selon CNews, cette progression est liée à la hausse mondiale de l’obésité. Une étude publiée par The Lancet en 2024 fait état de « 879 millions d’adultes et 159 millions d’enfants et adolescents obèses en 2022 », contre « 195 millions d’adultes et 31 millions d’enfants et adolescents » trente ans plus tôt. L’Inserm, cité par CNews, rappelle que l’arthrose est « la maladie articulaire la plus répandue en France » et qu’elle affecte surtout « les genoux, les hanches et les mains ».
Une maladie de plus en plus précoce
Les femmes sont particulièrement concernées : « 80 à 90 % des personnes qui ont de l’arthrose digitale sont des femmes », souligne le docteur Maheu. Selon les données qu’il a recueillies à l’hôpital Saint-Antoine de Paris, « 54 % des patients ont des difficultés à écrire » et « 10 % d’entre eux luttent pour manipuler leurs médicaments ».
Le professeur Henrotin confirme que l’arthrose « touche aussi l’adulte jeune », souvent à la suite de traumatismes sportifs. Les lésions ligamentaires ou du cartilage peuvent, selon lui, « déclencher quelques années plus tard la réaction inflammatoire de l’articulation et la dégradation du cartilage ». Parmi les facteurs aggravants, il cite « le syndrome métabolique », associant hypertension, obésité abdominale et diabète.
L’alimentation joue également un rôle clé : « Il faut manger moins de sucres et moins d’acides gras saturés, donc moins d’alimentation ultratransformée industrielle, des pizzas, des lasagnes, et privilégier le régime méditerranéen, riche en antioxydants et en fibres », précise le spécialiste.
Prévenir et renforcer : les clés pour l’avenir
Les experts insistent sur la prévention, en particulier sur le rôle du renforcement musculaire. Une étude présentée lors du congrès de la Société de radiologie d’Amérique du Nord montre que « développer les quadriceps est significativement associé à des risques plus faibles d’arthroplastie totale du genou deux à quatre ans plus tard », citait Le Monde en décembre 2023. Le professeur Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), rappellait alors que « les quadriceps sont un stabilisateur de la rotule : s’ils sont faibles, la rotule ne va plus bien coulisser et cela peut être source de douleur et d’arthrose ».
De son côté, la BBC soulignait le 27 septembre dernier que le renforcement des quadriceps, des ischio-jambiers et des muscles fessiers « aide à éviter la dégénérescence du cartilage du genou ». Pour le professeur Alexis Colvin, de la Mount Sinai School of Medicine à New York, « il n’est jamais trop tôt pour commencer à renforcer ses genoux », l’idéal étant de s’y mettre « dès la trentaine ».
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