Fiscalité automobile : un siècle de taxes qui transforment les conducteurs en vaches à lait de l’État ?

Jamais un gouvernement n’avait autant compté sur les automobilistes pour équilibrer ses comptes. Avec le projet de loi de finances 2026, l’exécutif voulait initialement pousser le malus maximal jusqu’à 100 000 euros en 2028. La mesure a finalement été retirée, mais le calendrier reste vertigineux : 80 000 euros de malus en 2026, puis 90 000 euros en 2027. Parallèlement, le malus au poids se durcira dès le 1er janvier 2026, s’appliquant à partir de 1,5 tonne.

Pour la Ligue de Défense des Conducteurs (LDC), cette nouvelle escalade a été l’occasion de rappeler que cette logique punitive ne date pas d’hier. L’association a réalisé une frise historique couvrant plus de 100 ans de taxes automobiles, rappelant combien les conducteurs sont devenus une source permanente de financement public.

Des années 1920 aux années 1950 : les débuts d’une machine à taxer

La fiscalité automobile française démarre tôt. Dès le 25 juin 1920, apparaissent les premières taxes sur l’usage de l’automobile, l’essence et même une taxe de luxe. Les années 1920 et 1930 voient s’installer le stationnement payant, les taxes sur le carburant, et les premières règles de calcul de puissance fiscale.

Après la Seconde guerre mondiale, la machine se renforce. Entre 1950 et 1960, l’automobiliste devient officiellement le contributeur privilégié des finances publiques : taxe sur les voitures de société, vignette, péages autorisés en 1955, assurance obligatoire en 1958. Un « super-malus » annuel existait même dès… 1956.

Comme le rappelait le mensuel L’Automobile en 1951, chaque hausse de taxe avait une justification différente : reconstruction, réarmement, infrastructures… mais toujours aux frais des conducteurs.

Des décennies suivantes marquées par une inflation continue de prélèvements

La frise chronologique fournie par la LDC

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montre une montée en puissance quasi ininterrompue :

  • Années 1970-1980 : explosion de la fiscalité sur les carburants et montée de la TVA (jusqu’à 33,3 % sur les voitures neuves en 1981).
  • Années 1990 : généralisation du contrôle technique, hausse de la TIPP, et en 1993 la France devient le pays le plus taxé d’Europe sur les carburants.
  • Années 2000 : suppression de la vignette, création du bonus-malus écologique en 2008, régionalisation du prix de la carte grise.
  • Années 2010-2020 : durcissement massif des malus, explosion de la fiscalité écologique, multiplication des seuils et des montants maximum (jusqu’à 60 000 euros en 2024).

La fiscalité automobile évolue sans cesse vers plus de complexité, sans jamais se détendre. À titre d’exemple : le malus maximal était de 3 600 euros en 2012… et atteint 70 000 euros en 2025.

Depuis vingt ans : une accélération spectaculaire

Selon les données de l’ACEA, citées par la LDC, les conducteurs français ont versé en 2023 pas moins de 94,6 milliards d’euros au budget de l’État (TVA, carburants, malus, péages), soit 29,3 % de l’ensemble des recettes fiscales nationales.

Un chiffre colossal, rarement mis en valeur dans le débat public.

Or cette manne est menacée par la transition vers les véhicules 100 % électriques. La Direction du Trésor estime déjà une perte de 11 milliards d’euros de taxes sur les carburants d’ici 2030, et 33 milliards d’ici 2050. Le gouvernement devra donc nécessairement trouver autre chose… ce qui explique, pour la LDC, le durcissement continu des malus et contributions diverses.

La Secrétaire générale de la LDC, Nathalie Troussard, regrette que les conducteurs soient perçus systématiquement comme un problème : « Trop souvent, les conducteurs sont montrés du doigt simplement parce qu’ils utilisent leur voiture au quotidien. On critique leur comportement, leur empreinte environnementale… mais jamais leur rôle fondamental dans le budget de l’État. »

Pour l’association, cette frise permet de « remettre l’église au centre du village » : rappeler que les automobilistes financent une part essentielle des politiques publiques, tout en subissant des contraintes de plus en plus lourdes.

Avec un million de sympathisants, la Ligue espère ouvrir un débat public plus honnête sur la réalité de cette contribution massive, et sur la nécessité de cesser d’utiliser les conducteurs comme une ressource fiscale inépuisable.

Une fiscalité devenue tentaculaire

La frise historique fournie par la LDC , de 1920 à 2027, montre clairement :

  • l’empilement des taxes successives,
  • l’absence de période d’allégement durable,
  • le rôle central des automobilistes dans le financement de l’État depuis plus d’un siècle.

En 2026 et 2027, avec des malus portés à des niveaux inédits, cette tendance atteint son point culminant.

 

Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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