La Chambre régionale des comptes de Bretagne a récemment rendu public un rapport définitif sur la Communauté de communes Lesneven Côte des Légendes (CLCL), intercommunalité finistérienne regroupant 14 communes. Si la montée en puissance de cette collectivité est saluée, les magistrats financiers pointent également de nombreuses failles dans sa structuration, sa gouvernance et sa stratégie d’investissement.
Une dynamique intercommunale en progrès, mais encore inachevée
Créée en 1995, la CLCL a progressivement élargi ses compétences, de l’environnement à l’urbanisme, en passant par les services techniques. Pourtant, selon les observations de la CRC, cette montée en charge reste incomplète. Le projet de territoire manque de traduction opérationnelle, et plusieurs politiques essentielles – développement économique, tourisme, gestion des déchets, eau potable – sont dépourvues de stratégies formalisées. L’absence d’outils comme un schéma de développement touristique ou un programme local de prévention des déchets en est l’illustration.
Concernant l’aménagement du territoire, le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUI) est en cours d’ajustement mais demeure à affiner, notamment sur le foncier économique. La gestion du trait de côte, enjeu critique dans cette zone littorale, est prise en compte, mais la digue Rousseau, principal rempart contre les submersions marines, repose sur un montage juridique jugé risqué.
Des finances saines, mais des investissements sous-dimensionnés
Sur le plan financier, la CLCL affiche un budget solide avec un endettement modéré et une capacité d’autofinancement appréciable. Toutefois, l’effort d’investissement reste inférieur à la moyenne régionale des intercommunalités comparables. Le rapport met en garde contre des pertes importantes dans la gestion des zones d’activités économiques : les terrains y sont vendus à des prix inférieurs au coût de revient, sans que ces déficits soient correctement comptabilisés. En résulte une surévaluation des stocks fonciers.
La gestion de l’eau et de l’assainissement cristallise les préoccupations. Cinq communes ne sont toujours pas raccordées à un réseau collectif. Près de 20 % de la population de l’intercommunalité est concernée. Cinq ans après la prise de compétence, la situation reste fragile : les réseaux sont mal connus, les investissements insuffisants, et aucun programme pluriannuel structurant n’a encore été adopté.
Gouvernance et organisation à renforcer d’urgence
L’extension des compétences n’a pas été accompagnée d’une modernisation suffisante des structures internes. Si la mutualisation de certaines fonctions est saluée – notamment sur le plan juridique ou administratif – la CRC souligne un déséquilibre entre pôles de services, une fonction financière à renforcer, et une absence de pilotage stratégique.
Parmi les recommandations fortes, le rapport appelle à l’instauration d’une comptabilité analytique fiable, à la mise en place de véritables prospectives financières pluriannuelles et à une programmation plus rigoureuse des dépenses d’investissement.
Un territoire à potentiel, mais confronté à ses fragilités
Le diagnostic démographique n’est guère rassurant : vieillissement de la population, vulnérabilités sociales croissantes, et faiblesse de l’attractivité économique. Pourtant, la proximité de Brest pourrait offrir à la CLCL des leviers de développement, à condition que soient résolues ses lacunes structurelles.
En résumé, la CRC dresse le portrait d’une intercommunalité en construction, ambitieuse mais encore trop désorganisée. Si elle souhaite sécuriser son avenir, la CLCL devra accélérer la structuration de ses politiques publiques, moderniser ses outils financiers et investir massivement dans ses infrastructures, notamment dans les domaines critiques de l’assainissement et de la défense contre la mer.
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Une réponse à “Lesneven – Côte des Légendes : la chambre régionale des comptes pointe une intercommunalité en croissance… mais en manque de cap”
Demat deoc’h. Au sujet du réseau d’eau, pourquoi à tout prix raccorder les réseaux ?? Dans ma commune cela a aboutit à un doublement de la facture et à la perte de cette compétence de notre commune.
Surtout, on parle de Développrement Durable mais en pratique votre article n’aborde que l’économie et un peu l’écologie. ET presque pas le 3ième volet, le social en pointant le vieillissement. Dans ce volet social il y a pourtant la CULTURE, et la langue. La CC de Lesneven est une CC où le breton a encore court avec un réseau d’école bilingues notamment : l’avenir du breton doit AUSSI être traité par la CC : bilinguisme, embaucher une personne ad hoc , aider des projets, etc : c’est un élément important pour enraciner les gens dans la CC et ne pas se faire complètement bouffer par Brest…