Une enquête d’ACASI, cabinet d’expertise comptable en ligne spécialisé dans les indépendants, révèle un paradoxe troublant : près de 6 freelances sur 10 utilisent déjà l’intelligence artificielle dans leur activité, mais près de la moitié préfèrent ne pas le dire, voire chercher à le dissimuler. Une situation révélatrice d’un malaise croissant entre l’usage réel des outils d’IA et la perception sociale ou professionnelle qui en découle.
Les indépendants, éclaireurs d’un monde qui change
Selon l’enquête menée auprès de 5 560 répondants (dont 1 802 freelances), les indépendants sont bien plus enclins que les entreprises à adopter l’IA dans leur quotidien professionnel : 59 % l’utilisent, dont 36 % de manière régulière. En comparaison, seuls 12 % des salariés en entreprise affirment s’en servir fréquemment.
Ces outils — qu’il s’agisse de ChatGPT, Midjourney ou Copilot — sont devenus pour les freelances de véritables copilotes, qu’ils mobilisent pour le brainstorming (48 %), la rédaction (41 %), la création visuelle (39 %), la synthèse de documents (27 %) ou encore le développement de code (21 %). Des chiffres qui confirment une intégration déjà avancée dans leur pratique professionnelle.
Une efficacité réelle, mais encore niée par les entreprises
Là où 54 % des indépendants estiment que l’IA leur permet de produire davantage avec les mêmes ressources, seuls 38 % des salariés en entreprise partagent cet avis. Un fossé qui s’explique notamment par l’inaction persistante des organisations : 66 % des entreprises déclarent ne pas utiliser l’IA du tout.
Ces écarts se traduisent aussi économiquement. Depuis qu’ils ont intégré l’IA, 61 % des freelances affirment avoir vu leur performance économique augmenter, contre seulement 43 % dans les entreprises. Un indépendant sur quatre parle même d’une hausse “significative” de son chiffre d’affaires ou de ses marges.
Un malaise diffus : 44 % des freelances préfèrent taire leur usage de l’IA
Malgré ces gains, l’usage de l’IA reste tabou : 44 % des indépendants évitent d’en parler ou cherchent activement à le cacher. À peine 8 % assument publiquement leur recours à ces outils. Cette réticence trouve son origine dans la crainte d’être jugé comme “moins compétent”, “trop dépendant” ou “remplaçable”.
Les entreprises ne font guère mieux : seuls 14 % de leurs salariés évoquent l’IA de manière transparente, tandis que 20 % reconnaissent la dissimuler. Le reste… ne l’utilise tout simplement pas.
Ironie du sort : les freelances, pourtant plus avancés, sont aussi ceux qui perçoivent le plus l’IA comme une menace directe. 39 % considèrent qu’elle représente un “danger réel pour l’avenir du freelancing”, et 28 % pensent qu’elle va “fortement” réduire le recours aux prestataires externes.
Une inquiétude que les entreprises ne partagent pas : seulement 4 % jugent l’IA dangereuse pour les freelances, et 51 % la voient même comme une opportunité.
Dans les faits, certaines tâches auparavant confiées à des indépendants sont déjà internalisées via l’IA (21 % des freelances l’ont constaté). Mais une autre tendance émerge : l’IA pousse les entreprises à rechercher des profils plus experts, plus spécialisés, capables de piloter ces nouveaux outils avec discernement.
Un avenir incertain, entre mutation et repositionnement
Au-delà des statistiques, l’enquête d’ACASI met en lumière un tournant majeur : le freelancing tel qu’il existe aujourd’hui pourrait se transformer radicalement dans les prochaines années. Les tâches standardisées, répétitives ou à faible valeur ajoutée sont déjà menacées d’automatisation. Rester compétitif suppose désormais de maîtriser l’IA tout en conservant une plus-value humaine forte : stratégie, relation client, créativité, expertise.
Encore faut-il que cette mutation soit assumée — publiquement comme professionnellement — au lieu d’être enfouie sous une chape de silence par peur de paraître illégitime. Car à force de cacher l’usage de l’IA, les freelances risquent de se couper des outils qui pourraient justement les rendre plus libres, plus efficaces, et mieux rémunérés.
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.