Le tribunal rendra son verdict le 8 janvier 2026. L’affaire Gonidec, du nom de cet ancien conseiller municipal de Quimper, met en lumière un déroutant mélange de manipulation, d’imposture médicale et d’agressions sexuelles.
C’est un procès hors norme qui s’est tenu pendant quatre jours devant le tribunal correctionnel de Quimper. À la barre, Nicolas Gonidec, 44 ans, ancien élu municipal chargé de la culture bretonne et figure locale de l’audiovisuel. Face à lui, près d’une cinquantaine de femmes venues témoigner des pratiques d’un homme accusé d’avoir usurpé la fonction d’infirmier pour commettre des gestes à caractère sexuel.
Les faits reprochés s’échelonnent de 2015 à 2021, période pendant laquelle l’ancien conseiller aurait mis en place un véritable stratagème. Sous couvert de protocoles médicaux fictifs, Gonidec aurait convaincu ses victimes de participer à de fausses études scientifiques, prétendument centrées sur la phobie des aiguilles ou les effets physiologiques du plaisir sur la pression sanguine.
Du simple prélèvement à la manipulation sexuelle
Tout débute souvent par une simple prise de sang, dans un cadre faussement médicalisé : mallette de professionnel de santé, seringues, garrots, formulaires de consentement, tests prétendus anti-Covid… Autant d’éléments utilisés pour rassurer ses interlocutrices. Certaines connaissaient Gonidec par son statut d’élu ou son activité professionnelle. D’autres avaient été approchées via les réseaux sociaux.
Mais pour une partie des plaignantes, l’homme allait beaucoup plus loin : massages prétendument relaxants, attouchements, voire masturbations non consenties, le tout sous le prétexte grotesque d’un « orgasme thérapeutique ». Certaines scènes auraient même été filmées à leur insu. Huit femmes, notamment, ont décrit aux enquêteurs des gestes clairement assimilables à des agressions sexuelles.
Une obsession des veines aux relents fétichistes
Interrogé à plusieurs reprises sur son comportement, le prévenu a tenté d’expliquer son obsession pour les aiguilles et le sang par un traumatisme d’enfance. Une justification balayée par le procureur, qui a évoqué un comportement manipulateur et pervers, sans qu’aucun trouble psychiatrique ne soit relevé à ce stade par les experts. Selon l’accusation, les actes de Gonidec relèvent d’un mobile sexuel, maquillé sous une façade scientifique.
Le ministère public a requis cinq ans de prison ferme assortis d’un mandat de dépôt immédiat, soulignant la récidive du mis en cause, déjà condamné en 2021 à trois ans de prison dont un ferme à Saint-Brieuc pour des faits similaires. À cette époque, une soixantaine de femmes avaient déjà porté plainte.
Le parquet a également demandé dix ans de suivi sociojudiciaire, cinq ans d’inéligibilité et trois ans d’interdiction de séjour dans le Finistère. Une nouvelle procédure est en cours dans le Morbihan, où d’autres faits similaires pourraient être reprochés à Gonidec, selon les autorités.
Le verdict est attendu le 8 janvier 2026. D’ici là, la justice devra aussi statuer sur les suites de l’enquête parallèle en cours. Le procureur a estimé que « tous les voyants sont au rouge » concernant le risque de récidive.
Photo d’illustration : DR
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