Réunie pour la première fois à Vannes le 4 décembre 2025, l’Instance de Concertation et de Suivi (ICS) du projet de parc éolien flottant Bretagne-Sud a ouvert ses travaux dans un climat déjà délétère. Créée par un arrêté inter-préfectoral en juillet dernier, cette instance devait permettre un échange entre l’État, les collectivités, les usagers de la mer et les associations concernées. Mais dès ses débuts, elle fait l’objet de vives critiques.
L’association Gardiens du Large, implantée à Quiberon, dénonce son exclusion de cette instance malgré une demande officielle adressée aux préfets dès le mois d’août. À la différence de leurs homologues impliqués dans le comité de suivi du parc de Saint-Nazaire, les représentants de cette structure militante n’ont pas été admis, les autorités ayant argué d’une clôture des inscriptions… à la date même de signature de l’arrêté fondateur. Une réponse jugée tardive et opaque, intervenue seulement après une relance formelle mi-novembre.
Au-delà de cette mise à l’écart, les Gardiens du Large pointent surtout le ton autoritaire adopté lors de la réunion inaugurale. Selon plusieurs participants, les représentants de l’État auraient affiché un mépris marqué à l’égard des élus locaux exprimant leur opposition au projet. Une phrase aurait particulièrement choqué : « votre opposition ne sert à rien, c’est une décision nationale, le projet se fera ».
L’association dénonce aussi les éléments de langage contenus dans le communiqué officiel publié à l’issue de cette première session. Deux affirmations sont jugées emblématiques d’une posture technocratique déconnectée : la prétendue compatibilité entre les parcs éoliens et l’inscription des mégalithes de Carnac au patrimoine mondial de l’UNESCO, ainsi que l’idée que le futur parc AO5 pourrait alimenter 450 000 habitants bretons, soit 13 % de la population régionale.
Les Gardiens du Large réfutent ces assertions qu’ils qualifient de « contrevérités idéologiques ». Selon eux, le raccordement du parc ne se fera pas au réseau breton, mais au réseau national de RTE à très haute tension, sorte de « plaque de cuivre » centralisée. Autrement dit, l’électricité produite par les éoliennes en mer ne sera pas spécifiquement destinée aux Bretons, mais diluée dans l’ensemble du système électrique français et européen.
Ils rappellent aussi que la production éolienne dépend de conditions météorologiques rarement réunies : des vents supérieurs à force 6 (plus de 50 km/h), ne représentant que 10 % du temps. Quant à l’objectif affiché d’alimenter 450 000 personnes, il supposerait une production trois fois supérieure à celle réellement attendue du projet Pennavel.
Face à ce qu’ils considèrent comme une confiscation du débat, les Gardiens du Large réclament à nouveau leur place au sein de l’ICS, ainsi qu’une ouverture plus large à la société civile. Ils rappellent que l’action publique, surtout lorsqu’elle prétend relever de l’intérêt général, ne peut se faire sans une écoute sincère des territoires concernés.
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