Et si notre perception du temps influençait la vitesse de guérison ?

Une étude de l’université de Harvard remet en question nos certitudes : notre manière de percevoir le temps pourrait avoir un impact réel et mesurable sur la façon dont notre corps guérit, se répare et vieillit.

Paradoxalement, plus nous pensons que le temps passe vite… plus nous pourrions guérir rapidement. C’est l’une des conclusions d’un ensemble d’études menées par la professeure Ellen Langer, psychologue à Harvard, qui explore depuis plusieurs décennies le lien intime entre le corps et l’esprit. Ses dernières recherches, publiées en 2023, remettent en cause le dogme selon lequel le processus de guérison dépend uniquement de facteurs biologiques ou médicaux objectifs.

Quand l’horloge intérieure influence la cicatrisation

Dans une expérience étonnante, Ellen Langer et son équipe ont utilisé la technique ancestrale des ventouses pour provoquer des marques rouges sur la peau de volontaires. Les participants, concentrés sur un jeu vidéo pendant 28 minutes, ne savaient pas que l’horloge à côté d’eux était truquée : certains croyaient que presque une heure s’était écoulée, d’autres pensaient que seulement un quart d’heure était passé.

Résultat ? Ceux qui pensaient que plus de temps avait passé présentaient une cicatrisation significativement plus avancée, selon des juges extérieurs. La perception subjective du temps influait donc directement sur l’évolution physique de la blessure.

Cette découverte n’est pas un cas isolé. D’autres études, dirigées par la même chercheuse, confirment cette interconnexion entre esprit et corps :

  • Dans une expérience en laboratoire sur le diabète, des participants croyaient vivre des durées différentes d’exposition à un jeu. Ceux qui pensaient avoir attendu plus longtemps voyaient leur glycémie baisser davantage, indépendamment du temps réel passé.
  • Dans une expérience sur le sommeil, des volontaires ayant dormi cinq heures mais pensant en avoir dormi huit affichaient des performances cognitives supérieures à ceux conscients de leur courte nuit.

Ces travaux rejoignent une intuition ancienne, partagée par de nombreuses traditions médicales holistiques : la pensée n’est pas un simple reflet de la réalité biologique, elle peut l’influencer, la modeler, voire l’accélérer.

Quand changer de regard améliore la santé

Ellen Langer ne s’arrête pas là. Dans une autre étude, elle a simplement informé des femmes de ménage que leur travail physique équivalait à de l’exercice sportif. Un mois plus tard, sans changer leurs habitudes, elles avaient perdu du poids, vu leur pression artérielle baisser et amélioré leur indice de masse corporelle.

Le seul changement ? Leur perception de ce qu’elles faisaient au quotidien.

C’est là toute la force de ce que Langer appelle la « pleine conscience active » (mindfulness) : être attentif à ses sensations, à ses progrès, à ses capacités de changement. Selon elle, même face à une maladie chronique, cette attitude mentale peut inverser la tendance à la résignation, et redonner du pouvoir à la personne malade.

Le corps et l’esprit : un seul et même système

Depuis Descartes, la médecine occidentale a séparé le corps de l’esprit. Mais pour Ellen Langer, cette distinction est artificielle et contre-productive. Si toute pensée s’accompagne de changements physiologiques, alors agir sur notre état d’esprit peut entraîner des effets très concrets sur notre santé.

C’est aussi ce qu’elle a observé dès 1979, dans une étude devenue célèbre, où des hommes âgés placés dans un environnement recréant les années 1950 avaient, après une semaine, retrouvé vigueur, mémoire, mobilité et même apparence rajeunie. Une transformation spectaculaire… sans médicaments.

Ces découvertes ne relèvent pas du miracle ou de la pensée magique. Elles nous rappellent simplement que l’individu n’est pas une machine biologique figée, mais un être global, dont l’état intérieur façonne en permanence l’état physique.

Alors que la médecine moderne tente parfois de tout expliquer par la génétique ou la pharmacologie, cette approche remet au centre un facteur oublié : la conscience. Et si croire que l’on va mieux… aidait réellement à aller mieux ?

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2022-5, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Santé

Sommeil : 5 habitudes validées par la science pour enfin mieux dormir

Découvrir l'article

Santé

Santé mentale en Bretagne : des cabinets de psychologues pris d’assaut, surtout par les jeunes et les femmes

Découvrir l'article

Santé

Sommeil avant 23 heures : le véritable “soin de nuit” que votre peau attend

Découvrir l'article

Santé

Un nouveau syndrome toucherait 90 % des adultes américains : un signal d’alarme pour les pays occidentaux

Découvrir l'article

Santé

Smartphones, ordinateurs, TV…Ce que le temps d’écran fait réellement à notre corps

Découvrir l'article

Santé

Pourquoi le diagnostic de la démence prend-il autant de temps ?

Découvrir l'article

Santé

États-Unis : près de 70 % des adultes désormais considérés comme obèses selon une nouvelle définition médicale

Découvrir l'article

Santé, Vie Pratique

Heure d’hiver : un héritage du choc pétrolier que l’Europe n’a toujours pas su supprimer

Découvrir l'article

Economie, Social

Emplois à domicile : un secteur en tension, vital pour une France vieillissante

Découvrir l'article

Santé, Social

Tiers-mondisation : quand ce sont les soignants qui ont besoin de soins

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky