Le rapprochement récent entre Disney et la société OpenAI suscite une vive inquiétude dans les milieux de la création aux États-Unis. Le Writers Guild of America (WGA), principal syndicat des scénaristes américains, a exprimé publiquement ses craintes face à ce partenariat technologique, qu’il perçoit comme une étape supplémentaire dans la dépossession du travail créatif au profit des géants de l’intelligence artificielle.
En cause : un accord de licence conclu pour plusieurs années, permettant à OpenAI d’exploiter un vaste univers de personnages issus des franchises Disney, Marvel, Pixar ou Star Wars, afin de générer des contenus audiovisuels à partir de simples requêtes d’utilisateurs. Une évolution présentée par ses promoteurs comme une innovation ludique et encadrée, mais qui soulève de lourdes interrogations du côté des auteurs.
La crainte d’une légitimation du pillage culturel
Pour le syndicat des scénaristes, le cœur du problème dépasse largement le cadre d’un simple partenariat industriel. Il s’agit, selon lui, d’un précédent symbolique majeur : en collaborant avec une entreprise d’IA générative, Disney donnerait une forme de légitimité à des technologies dont les modèles ont été entraînés, en grande partie, sur des œuvres protégées par le droit d’auteur.
Les scénaristes dénoncent depuis plusieurs années ce qu’ils considèrent comme un pillage massif de bibliothèques de textes, de scénarios et de dialogues, utilisés pour nourrir les algorithmes sans consentement explicite ni rémunération équitable des créateurs. L’accord avec Disney est donc perçu comme un renoncement à défendre la valeur du travail artistique face aux intérêts technologiques.
Générer sans créer ?
Concrètement, le partenariat prévoit la possibilité pour les utilisateurs de produire des vidéos dites « inspirées » des univers Disney, à partir de personnages préexistants, via des outils de génération visuelle. Officiellement, les studios affirment que l’accord n’inclut ni l’utilisation des visages, ni des voix d’acteurs identifiables, qui resteraient soumis à des contrats spécifiques.
Mais pour les auteurs, la frontière est floue. Derrière les personnages, les univers et les récits, il y a des structures narratives, des archétypes, des dialogues et des imaginaires façonnés par des générations de créateurs humains. La crainte est que ces éléments deviennent de simples matériaux exploitables, dissociés de ceux qui les ont conçus.
Cette polémique intervient dans un contexte encore marqué par les grandes grèves hollywoodiennes de 2023, au cours desquelles la question de l’intelligence artificielle occupait une place centrale. Les scénaristes, puis les acteurs, avaient obtenu des garanties destinées à limiter l’usage de l’IA dans l’écriture et l’interprétation.
L’accord Disney–OpenAI ravive donc les tensions. Pour le WGA, il est impératif de clarifier les conditions d’utilisation des contenus générés, mais aussi de savoir dans quelle mesure des œuvres existantes servent de base indirecte à ces nouvelles productions. Le syndicat a annoncé vouloir examiner précisément les termes de l’accord et ses implications pour ses membres.
Des assurances… qui ne dissipent pas les doutes
Du côté des entreprises concernées, le discours se veut rassurant. OpenAI présente ce partenariat comme un modèle de coopération responsable entre technologie et industrie culturelle, censé établir de nouvelles normes éthiques. Disney, de son côté, met en avant le caractère encadré de l’utilisation de ses licences.
Les acteurs, via leur propre syndicat, ont adopté une position de vigilance prudente, affirmant vouloir s’assurer du respect des droits liés à l’image, à la voix et à la personne. Mais là encore, les garanties restent largement déclaratives.
Au-delà du cas Disney, cette controverse illustre un conflit plus large entre création humaine et automatisation culturelle. À mesure que les outils d’IA progressent, la tentation est grande pour les industries du divertissement de réduire les coûts, d’accélérer la production et de multiplier les contenus dérivés, au risque de transformer la culture en flux standardisé.
Pour les auteurs, l’enjeu est existentiel : peut-on encore parler de création lorsque l’imaginaire devient une matière première exploitée par des machines ? Et surtout, qui en captera la valeur ?
À l’heure où l’intelligence artificielle s’impose dans tous les secteurs, le bras de fer engagé par les scénaristes américains pourrait bien préfigurer des débats similaires en Europe. Car derrière la technologie, c’est une certaine idée de la culture, du droit d’auteur et de la dignité du travail créatif qui est désormais en jeu.
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