Membre du Conseil national fédéral (Federal National Council, FNC) des Émirats arabes unis et présidente du comité d’amitié Émirats arabes unis–Hongrie, Sara Mohammad Amin Falaknaz était récemment en visite officielle à Budapest. Dans un entretien accordé à la presse hongroise (Hungarianconservative), elle revient sur le fonctionnement des institutions émiriennes, le rôle croissant des femmes dans la vie politique, la coopération stratégique avec la Hongrie et la position diplomatique des Émirats au Moyen-Orient.
Un système politique spécifique, mais doté d’un parlement actif
Contrairement aux démocraties parlementaires européennes, les Émirats arabes unis reposent sur un système monarchique fédéral. Pour autant, le Conseil national fédéral joue un rôle législatif et de contrôle du gouvernement. Il se compose de 40 membres, répartis entre les sept émirats, dont 20 élus et 20 nommés.
Une particularité mise en avant par Sara Falaknaz : la parité stricte hommes-femmes, instaurée par décret présidentiel sous le mandat du cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane. Le FNC compte ainsi 20 femmes, dont la moitié élues et l’autre moitié nommées. Une situation encore rare à l’échelle internationale.
Femmes et pouvoir : une trajectoire encouragée par l’État
La parlementaire explique que cet engagement féminin s’inscrit dans une vision ancienne, héritée du fondateur de la fédération, le cheikh Zayed, qui considérait l’éducation des femmes comme un levier central du développement national. Elle souligne que les Émirats offrent aujourd’hui aux femmes un accès large aux responsabilités : ministères, diplomatie, ingénierie nucléaire, programme spatial ou encore recherche scientifique.
Sara Falaknaz rappelle que 71 % des diplômés émiratis dans les filières STEM sont des femmes, et que celles-ci représentent environ 30 % des effectifs ministériels. Son engagement politique, dit-elle, vise avant tout à laisser un héritage positif et à ouvrir la voie aux générations futures, au-delà de la seule sphère institutionnelle.
Une relation stratégique renforcée avec la Hongrie
L’entretien met en lumière le rapprochement accéléré entre Abou Dhabi et Budapest. En 2025, les échanges de haut niveau se sont multipliés, avec plusieurs visites croisées des chefs d’État et de gouvernement. Quatorze accords bilatéraux ont été signés, couvrant notamment l’intelligence artificielle, l’agriculture, l’éducation et l’énergie.
Un accord spécifique a également été conclu entre le Parlement hongrois et le Conseil national fédéral émirien, afin de favoriser les échanges institutionnels et le partage de bonnes pratiques. Sara Falaknaz évoque une proximité historique et symbolique, soulignée par la référence commune à l’unification de sept entités fondatrices dans les deux pays.
Au-delà des intérêts stratégiques, la responsable émirienne insiste sur les valeurs sociétales partagées, notamment l’importance accordée à la famille. Les Émirats ont ainsi proclamé 2025 “Année de la communauté” et 2026 “Année de la famille”, tout en créant un ministère dédié aux affaires familiales. Des orientations qui, selon elle, trouvent un écho particulier en Hongrie.
Diplomatie régionale et position sur le conflit israélo-palestinien
Sur le plan géopolitique, Sara Falaknaz réaffirme la doctrine officielle des Émirats : neutralité active, recherche de stabilité et coexistence pacifique. La signature des accords d’Abraham avec Israël est présentée comme un choix stratégique assumé, visant à renforcer la sécurité régionale et à permettre une action humanitaire plus efficace.
Concernant Gaza, elle affirme que les Émirats sont le principal fournisseur d’aide humanitaire depuis octobre 2023, avec des infrastructures opérationnelles sur place (usines de dessalement, hôpitaux de campagne, boulangeries) et l’accueil de patients palestiniens sur le sol émirien. Abou Dhabi soutient une solution à deux États, condition préalable, selon elle, à toute participation à la reconstruction de Gaza. Elle précise également que les Émirats soutiennent le plan de paix proposé par Donald Trump, notamment pour obtenir un cessez-le-feu durable et l’exclusion du Hamas du futur politique palestinien.
Enfin, Sara Falaknaz se dit convaincue qu’un avenir de coopération économique et de coexistence pacifique entre Israël, les pays arabes et l’Iran reste possible. Une vision qu’elle décrit comme constante dans la diplomatie émirienne et qu’elle espère voir se concrétiser à long terme.
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