Digital Services Act : Virginie Joron (RN) dénonce une dérive liberticide et un bras de fer transatlantique

Membre française du Parlement européen, issue du Rassemblement National et particulièrement active au sein de la commission spéciale sur le Digital Services Act (DSA), Virginie Joron tire la sonnette d’alarme. Dans un entretien accordé à The European Conservative, l’élue accuse la Commission européenne d’avoir détourné l’esprit initial du DSA pour en faire un instrument de contrôle idéologique sur les plateformes numériques. Une critique directe et argumentée, qui bouscule le discours officiel sur cette législation présentée comme une simple régulation technologique au service des consommateurs.

Un changement de logique : du cadre juridique à la sanction politique

Selon Virginie Joron, le tournant est clair. La première mandature d’Ursula von der Leyen a consisté à bâtir le cadre législatif du numérique : DSA, DMA, régulations successives. La seconde, en revanche, inaugurerait une stratégie de sanction.
La députée fustige une opacité totale : absence de transparence sur les enquêtes, utilisation discrétionnaire des articles du DSA, procédures inconnues des parlementaires eux-mêmes.

« Nous ne savons pas combien d’enquêteurs travaillent, quels sont les critères… Nous en sommes réduits aux communiqués de presse », affirme-t-elle.

La procédure visant X est, selon elle, révélatrice.
Le recours à l’article 25 pour cibler le système de vérification des comptes montre à quel point l’interprétation du texte est politique et non technique.
Virginie Joron affirme s’appuyer sur son expérience de la commission pour dénoncer une lecture idéologique du DSA.

En filigrane, une question : l’UE cherche-t-elle à imposer une discipline aux plateformes jugées « hostiles » au récit officiel ?

Du contrôle des contenus au contrôle des idées

L’enjeu n’est plus la traque de réseaux criminels ou la vente de produits illicites. La députée voit dans l’alliance entre la Commission, les « fact-checkers » et des ONG subventionnées un écosystème de validation idéologique.
Un basculement qui inquiète : la création du Democracy Shield permettrait demain de s’attaquer non plus à des faits mensongers, mais aux discours remettant en cause les « valeurs de l’UE ».

Dès lors, contester une orientation politique pourrait devenir suspect.

Virginie Joron ne manque pas de souligner un paradoxe : la Commission, qui se pose en championne de la transparence, a été condamnée pour son refus de publier les SMS entre Ursula von der Leyen et le PDG de Pfizer.

Contrats opaques, prix dissimulés : pour la députée, difficile de donner des leçons aux plateformes quand l’institution elle-même occulte ses propres décisions.

Un conflit assumé avec les États-Unis

Autre angle : la tension croissante avec Washington. Selon Joron, la Commission a créé elle-même le problème en cherchant à imposer ses règles hors de son territoire, notamment aux plateformes américaines.
Plutôt qu’une souveraineté européenne, elle y voit un affrontement inutile, préjudiciable à l’innovation et aux relations transatlantiques.

Pour la députée, l’essor des réseaux sociaux a brisé le monopole informationnel des médias subventionnés. Les jeunes se détournent des chaînes publiques. Les partis souverainistes gagnent du terrain grâce à cet accès direct aux citoyens. Le durcissement du DSA serait alors une réponse politique à cette perte de contrôle.

Joron alerte sur un précédent : un candidat ayant contourné les médias traditionnels en Roumanie a créé un vent de panique institutionnelle.

La création de « centres de résilience » ou de dispositifs de surveillance pourrait, selon elle, ouvrir la voie à des ingérences dans les scrutins nationaux.

Au-delà de la critique, l’élue défend une autre voie : un DSA recentré sur la protection des consommateurs, le respect de la liberté d’expression et la souveraineté des États.

Une position qui rappelle un clivage désormais frontal : entre une Europe centralisée et une Europe des nations souveraines.

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Sociétal

Libération – Quand la censure traque les mots et tolère le sang

Découvrir l'article

International, Sociétal

Europe à la dérive : quand les coalitions politiques bancales empêchent toute vision politique

Découvrir l'article

International, Sociétal

Royaume-Uni. Une militante pro-vie de nouveau poursuivie pour… avoir prié en silence près d’une clinique d’avortement

Découvrir l'article

International

Tyrannie au Royaume-Uni : un internaute condamné à 18 mois de prison…pour deux tweets en réaction à une attaque islamiste sur un marché de Noël

Découvrir l'article

Sociétal

Bruxelles relance la bataille idéologique sur l’avortement : une résolution qui bouscule les souverainetés nationales

Découvrir l'article

A La Une, Agriculture, Social

Colère agricole : la fronde des campagnes s’étend et menace de déborder les frontières

Découvrir l'article

International

Immigration : la Hongrie attaque la Cour de justice de l’Union européenne après des sanctions jugées « politiques »

Découvrir l'article

Economie

Loi européenne sur le numérique : quand Washington a pesé sur un dispositif aujourd’hui utilisé contre X

Découvrir l'article

Sociétal

« Tu es né dans la tempête » : Nicolas Vidal adresse une lettre de transmission à la France qui vient

Découvrir l'article

Sociétal

Immigration : quand Bruxelles transforme l’échec en projet politique

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.