Sous couvert de protection des mineurs et de lutte contre les contenus illégaux, plusieurs États occidentaux durcissent progressivement leur arsenal législatif en matière de contrôle d’Internet. Dernier symptôme de cette évolution : les réseaux privés virtuels (VPN), longtemps tolérés comme outils de sécurité et de confidentialité, se retrouvent désormais dans le viseur des autorités publiques, au premier rang desquelles le Danemark et le Royaume-Uni
Le Danemark, fer de lance d’une offensive européenne
Durant sa présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, le gouvernement danois s’est illustré par son soutien actif au projet de règlement européen de lutte contre les abus sexuels sur mineurs en ligne, connu sous le nom de « Chat Control ». Si l’objectif affiché – combattre la diffusion de contenus pédopornographiques – fait consensus, les moyens envisagés ont suscité une vive opposition.
Dans sa version initiale, le texte prévoyait la surveillance généralisée des communications privées, y compris celles protégées par le chiffrement de bout en bout. Messageries instantanées, photos, vidéos : tout aurait pu être analysé automatiquement. Face à la résistance de plusieurs États membres, dont l’Allemagne, le projet a été amendé. Mais selon de nombreux défenseurs des libertés numériques, le compromis reste problématique, notamment parce qu’il ouvre la voie à une surveillance « volontaire » difficilement dissociable d’une contrainte implicite.
Anonymat remis en cause et communications sous condition
L’un des points les plus controversés du texte révisé concerne la remise en cause de l’anonymat en ligne. Certaines dispositions imposeraient une identification pour accéder à des services de messagerie ou de courrier électronique, rendant de facto impossible toute communication réellement anonyme. Une perspective jugée inquiétante par les journalistes, les lanceurs d’alerte et les associations, pour qui la confidentialité des échanges est une condition essentielle du travail d’enquête et de la liberté d’expression.
Parallèlement, le Danemark a envisagé une proposition de loi nationale visant à restreindre, voire interdire l’usage des VPN pour contourner les blocages de sites ou accéder à des contenus géo-restreints. L’ambiguïté du texte a provoqué une levée de boucliers dans la société civile, certains y voyant une dérive plus sévère que dans des régimes ouvertement autoritaires. Face à la contestation, le gouvernement a finalement reculé, du moins temporairement.
Le Royaume-Uni et l’âge de la vérification généralisée
Outre-Manche, la logique est similaire. L’instauration de contrôles d’âge obligatoires pour accéder à certains contenus en ligne a entraîné une explosion de l’utilisation des VPN, utilisés comme outil de contournement. La réponse des autorités a été d’envisager de nouvelles restrictions, notamment à destination des mineurs, dans le cadre de projets de loi sur le bien-être des enfants et l’école.
Ces dispositifs, présentés comme ciblés, risquent en pratique d’englober l’ensemble de la population adulte, contrainte de fournir des données personnelles ou des justificatifs d’identité pour accéder à des services numériques courants.
Une dynamique mondiale de surveillance accrue
L’Europe n’est pas isolée. En Australie, l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 16 ans repose sur des mécanismes de vérification d’âge qui impliquent, là aussi, une identification massive des utilisateurs. Aux États-Unis, plusieurs responsables politiques évoquent ouvertement des restrictions similaires, tandis que certaines agences de cybersécurité mettent en garde contre l’usage de VPN grand public.
Pour les spécialistes, cette convergence des politiques publiques traduit une évolution profonde : les VPN, en tant qu’outils de masquage de l’activité en ligne, sont désormais perçus comme un obstacle aux nouvelles normes de contrôle et de traçabilité numérique.
Un outil impossible à « bannir » sans dégâts collatéraux
Les experts rappellent toutefois que les VPN ne sont pas un gadget marginal. Ils constituent un élément central des infrastructures informatiques modernes, utilisés depuis des décennies par les entreprises, les administrations et les travailleurs à distance. Les interdire ou les restreindre lourdement reviendrait à fragiliser une partie essentielle de l’architecture d’Internet.
L’expérience danoise montre néanmoins qu’une mobilisation publique forte peut contraindre les gouvernements à reculer. Reste que, selon de nombreux observateurs, la tendance de fond demeure : par petites touches successives, les États occidentaux cherchent à reprendre la main sur l’espace numérique, quitte à rogner durablement sur la vie privée et l’anonymat en ligne.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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