Le gouvernement promet une « stabilité » des factures d’électricité pour 2026 et 2027. Une annonce censée rassurer, alors même que disparaît au 1er janvier 2026 l’un des derniers mécanismes qui protégeaient partiellement les consommateurs. Derrière les éléments de langage de Bercy, le scandale demeure entier : les Français vont continuer à payer toujours plus cher une électricité que l’État a lui-même rendu rare, instable et dépendante des marchés.
La fin de l’Arenh : un tournant lourd de conséquences
Depuis 2011, le dispositif dit Arenh obligeait EDF à céder environ un quart de sa production nucléaire à prix cassé à ses concurrents et à de gros industriels. Officiellement, il s’agissait de satisfaire aux dogmes européens de la « concurrence ». En réalité, ce mécanisme a surtout affaibli EDF, amputé ses capacités d’investissement et contribué à la dégradation progressive du parc nucléaire.
Ce système prend fin le 31 décembre 2025. À partir de 2026, l’électricité nucléaire française sera vendue librement au prix du marché, sans amortisseur structurel pour les ménages. Autrement dit, une énergie pourtant produite à coût relativement stable devient entièrement soumise à la spéculation et à la volatilité.
Un nouveau mécanisme opaque et centralisateur
Pour remplacer l’Arenh, l’État met en place un dispositif baptisé Versement nucléaire universel (VNU). Sur le papier, il s’agit d’un « garde-fou » : si les prix dépassent certains seuils (78 € puis 110 € le MWh), une partie des revenus d’EDF serait prélevée pour être redistribuée aux consommateurs.
Mais dans les faits, ce mécanisme est illisible, technocratique et incertain. Tant que les prix restent sous le premier seuil, EDF conserve l’intégralité des recettes. Or, selon les projections actuelles de la Commission de régulation de l’énergie, le prix moyen du MWh en 2026 resterait autour de 66 €, ce qui signifie aucune redistribution, donc aucune protection réelle pour les ménages.
Une électricité désormais totalement dépendante du marché
Avec la disparition de l’Arenh, le prix de l’électricité ne sera plus composé en partie d’un tarif régulé, mais 100 % indexé sur les marchés de gros. Résultat : un MWh qui se vend aujourd’hui autour de 58 € pourrait rapidement dépasser les 70 €, sans même parler des pics liés aux tensions géopolitiques, aux conditions climatiques ou aux défaillances de production.
Cette dépendance est d’autant plus choquante que la France dispose historiquement d’un parc nucléaire capable de produire une électricité abondante, pilotable et peu carbonée. Mais années de fermetures idéologiques, retards dans la maintenance, abandon de réacteurs et soumission aux règles européennes ont méthodiquement saboté cet atout stratégique.
Certaines estimations évoquent des hausses de factures à deux chiffres pour les foyers au tarif réglementé, notamment pour les abonnements classiques de 6 kVA. Même si le gouvernement temporise, les associations de consommateurs alertent sur un choc tarifaire différé, d’autant plus probable que les marchés de l’électricité sont par nature instables.
Dans le même temps, les autorités continuent d’expliquer que les prix élevés seraient une fatalité extérieure, alors qu’ils sont largement le produit de choix politiques internes : ouverture forcée à la concurrence, affaiblissement de l’opérateur historique, renoncement à une stratégie énergétique souveraine.
Payer plus pour réparer les erreurs de l’État
Le paradoxe est brutal : les Français sont appelés à payer davantage pour financer les investissements futurs, alors même que ce sont les décisions publiques qui ont détruit le modèle énergétique français. Le nucléaire, autrefois avantage compétitif majeur, est désormais traité comme une variable d’ajustement fiscale et budgétaire.
Derrière les promesses de stabilité pour 2026 et 2027 se profile une réalité bien plus sombre : une électricité plus chère, plus instable et moins maîtrisée, dans un pays qui avait pourtant tout pour rester une exception énergétique en Europe.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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