Irlande. L’Union européenne refuse aux agriculteurs en difficulté une réduction de la teneur en nitrates

Les modèles économiques de milliers d’éleveurs irlandais de vaches laitières et de bovins risquent de tomber à l’eau au début de l’année prochaine, la Commission européenne étant revenue sur les autorisations précédemment accordées aux agriculteurs irlandais en matière d’émissions de nitrates.

Dans le cadre d’un plan européen de réduction drastique de la pollution par les nitrates en raison d’un risque supposé pour la qualité de l’eau, les exploitations irlandaises à forte valeur ajoutée avaient initialement été autorisées par Bruxelles à émettre 250 kg d’azote par hectare, contre 170 kg selon la norme européenne, à condition que le gouvernement irlandais s’engage à améliorer ses normes de qualité de l’eau dans l’ensemble du pays.

Cet arrangement semble avoir échoué puisqu’une déclaration du ministère irlandais de l’Agriculture a révélé que Dublin n’a pas respecté les critères imposés par l’UE en matière de qualité de l’eau, ce qui entraînera une baisse de la limite de nitrates à 220 kg à partir de janvier 2024.

L’Irlande, l’un des trois seuls États membres de l’UE à avoir bénéficié d’une certaine clémence en matière de réduction des nitrates, craint désormais un abattage impromptu du bétail pour se conformer aux nouvelles réglementations et envisage également d’éventuels systèmes de compensation pour les exploitations touchées.

Cette décision choquante a suscité la colère des députés européens du Fine Gael, le parti au pouvoir en Irlande. L’eurodéputé Colm Markey a confirmé au Conservateur européen qu’il chercherait à obtenir une réunion en tête-à-tête avec le commissaire à l’environnement Virginijus Sinkevičius au cours de la semaine.

L’agriculture irlandaise a déjà du mal à s’adapter aux nouvelles directives climatiques, à l’impact du Brexit et à l’éventualité d’un accord de libre-échange avec l’Amérique latine qui pourrait inonder l’Europe d’importations de bœuf bon marché. On estime que l’industrie laitière irlandaise représente à elle seule un revenu annuel de 13,1 milliards d’euros pour l’économie nationale.

Malgré les demandes d’intervention de divers lobbies d’agriculteurs, le Premier ministre irlandais (Taoiseach) Leo Varadkar a déclaré que son gouvernement avait épuisé toutes les possibilités de faire marche arrière et qu’en fin de compte, la question relevait de la seule prérogative de Bruxelles et non de Dublin.

Dans une déclaration au Conservateur européen, les fonctionnaires de la Commission ont reconnu la « situation difficile » des agriculteurs irlandais, mais ont déclaré que leur décision de réduire la limite de nitrates était motivée par l’incapacité du gouvernement irlandais à améliorer les normes en matière d’eau. Les documents de l’UE ont cité une augmentation rapide de la production de bétail depuis 2016 comme un facteur supplémentaire pour les réductions de nitrates.

Jackie Cahill, politicien du gouvernement rural et producteur laitier à temps partiel, a déjà décrit comment la décision de l’UE de cette semaine affecterait les exploitations familiales en particulier, à un moment où l’industrie a du mal à retenir les jeunes.

Des manifestations contre les réductions d’azote ont déjà eu lieu en Irlande au cours des derniers mois. Quelque 2 000 agriculteurs et sympathisants se sont rassemblés dans la ville de Bandon en juillet dernier, peu avant la création d’un parti d’agriculteurs de type néerlandais qui a ensuite annoncé son intention de se présenter aux élections de l’année prochaine.

Crédit photo : DR

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2 réponses à “Irlande. L’Union européenne refuse aux agriculteurs en difficulté une réduction de la teneur en nitrates”

  1. Michel dit :

    Bonjour,
    Autant j’aime bien mon morceau de viande à base de bœuf ou de veau, autant j’aime beaucoup les produits laitiers, autant je dois dire que ces derniers sont mauvais pour la santé de l’adolescent et de l’adulte (sauf pour les gens qui tolèrent bien le lactose) de même qu’un excès de viande.
    Autant je déteste qu’on m’impose des insectes, même dans la farine de blé (!), sans le mentionner, autant je pense qu’il faut drastiquement réduire les vaches laitières et l’élevage de bœuf pour la viande et se concentrer sur la qualité de celle-ci.

    Mais le gouvernement, français comme européen comme mondial cherche t-il la santé des gens ?

  2. patphil dit :

    ben on pourra importer … on est submergés par des poulets ogm du brésil et maintenant d’ukraine! le boeuf d’argentine , on n’a plus besoin de ploucs français ! vive le mondialisme dirigé par l’UE

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