L’Église catholique a traversé de nombreuses crises au cours de son histoire, mais peu ont été aussi clivantes que celle que nous vivons ces dernières décennies, et plus particulièrement depuis le Concile Vatican II qui marque pour de nombreux pratiquants une déviation de la foi et de l’autorité ecclésiale.
Et si le respect dû aux défunts est un des fondements de notre civilisation – mis à dure épreuve en cette époque décadente – la mort d’un personnage éminent est aussi l’heure du bilan. Ainsi, sans vouloir accabler Jorge Maria Bergoglio – chose que nous ne sous sommes pas privé de faire de son vivant -, il convient de rappeler que François restera aussi dans les mémoires comme le Pape qui a renoué avec la répression des traditionnalistes et de la messe en latin, rompant avec le mouvement de réconciliation au sein de l’Eglise catholique inauguré par son prédécesseur Benoît XVI.
Nous sommes allés à la rencontre de l’un d’entre eux. Emilio Giuliana est italien, marié et père de trois enfants. Il ne reconnaissait pas Jorge Maria Bergoglio comme Pape.
Breizh-Info.com : Qu’est ce que le sédévacantisme ? Quelle cohérence y’a t-il à se dire catholique sans reconnaître le Pape ?
Emilio Giuliana : Qui est catholique est papiste, parce que la papauté a été instituée par Dieu qui s’est fait homme. Jésus, qui dit à son apôtre Simon, tu es Pietra [pierre] (Pietro serait une erreur, le masculin de pierre n’existant pas) et sur cette Pierre je bâtirai mon Église et je ne vous laisserai pas seuls jusqu’à la fin des temps. Jésus lui dit : « Je suis le chemin, et la vérité, et la vie; nul ne vient au Père que par moi. » Jean 14:6. Par treize fois il avertit les Hébreux en les appelant « race de vipères votre père est le diable ». Matthieu (Mt 3,7).
Il n’y a donc pas de place pour d’autres religions. Mais la voie empruntée par le concile Vatican II est l’œcuménisme et prétend mettre sur le même plan que le catholicisme toutes les autres religions. C’est une apostasie.
Celui qui enseigne et pratique l’erreur ne peut être le vicaire du Christ.
Il faut affirmer avec force que le plus grand délit qui est né du concile Vatican II a été d’avoir changé la doctrine catholique, et avec elle les rites et les sacrements. À l’exception des sacrements du baptême et du mariage, qui doivent être considérés séparément, les autres sont tous invalides. L’invalidité constitue une très grave escroquerie pour les fidèles non-avertis, ainsi privés du miracle de l’Eucharistie en ce que les prêtres ordonnés (le sacerdoce est un sacrement) sont invalides, et étant invalides, ils ne peuvent opérer le miracle de la transubstantiation, ils n’ont pas le pouvoir d’absolution du péché. Les évêques ne peuvent pas confirmer.
Breizh-Info.com : Quel est le développement du sédévacantisme en Italie ?
Emilio Giuliana : Il est, selon moi, en très bonne santé. J’avais 20 ans quand grâce au catholicisme (sédévacantisme) je me suis converti. Nous étions alors peu nombreux, aujourd’hui nous comptons nombreux fidèles avec de nombreuses chapelles privées en Italie, en Europe, en Amérique. L’Institut Mater Boni Consilii est notre institut religieux de référence et se trouve à Verrua Savoia dans la province de Turin.
Breizh-Info.com : Y’a t’il eu d’autres périodes de siège vacant ou de siège usurpé dans l’Histoire ?
Emilio Giuliana : Dans l’histoire bimillénaire de la sainte Église, le siège vacant tel que nous l’entendons n’a eu lieu qu’avec la mise en œuvre du concile Vatican II°, donc à partir de 1970. Au cours des millénaires, l’Église a été traversée par des lacérations, des schismes et des crises mais jamais aucun pape ne s’était permis, n’avait osé changer la doctrine catholique, ce que le concile Vatican II° a fait.
Breizh-Info.com : Le philosophe italien Marcello Venezia a récemment écrit : « Le pape Bergoglio a été un pape humain, trop humain. Il a fait de l’humanité le sens et l’horizon de son pontificat. Il a humanisé le divin, désacralisé la foi, socialisé le christianisme, traduit la charité en philanthropie. Il n’a pas été le Saint-Père mais le Pape Frère ». Vous allez encore plus loin, puisqu’il était pour vous un imposteur ?
Emilio Giuliana : Bergoglio a sans nul doute été, par rapport à ses cinq derniers prédécesseurs – Roncalli, Montini, Luciani, Wojtila et Ratzinger – le plus honnête. Il a mis à nu, sans fioritures, le cours entrepris après le concile Vatican II°, anéantir l’Église catholique, comme s’y sont appliqués la synagogue de Satan et plus récemment son bras laïc, la franc-maçonnerie, depuis la crucifixion de Jésus jusqu’à nos jours.
Breizh-Info.com : Il a souvent était reproché à Bergoglio ses nombreuses intromissions dans la vie politique, notamment en matière d’immigration qui était une de ses idées fixes. Pensez-vous que sa volonté d’abattre les frontières a eu un réel impact dans la catastrophe migratoire que traverse l’Europe ?
Emilio Giuliana : Le Pape, un Pape vraiment Pape, a le devoir d’intervenir dans des questions sociales et donc aussi politiques, mais en gardant toujours ferme la foi catholique, ce qui n’a pas été le cas de Bergoglio. Dans la situation actuelle de l’Église, une citation de l’écrivain et philosophe colombien Nicolas Gomez Davila explique parfaitement notre propos : « Le dialogue entre communistes et catholiques n’est devenu possible que lorsque les communistes ont commencé à falsifier Marx, et les catholiques le Christ« . Je suppose que Davila n’aurait jamais imaginé que sa pensée serait dépassé et en pire !
Breizh-Info.com : Quels sont vos attentes quant au futur Pape qui sera élu ?
Emilio Giuliana : Nous prions tous les jours pour que le trône de Pierre ait un vrai Pape (le monde entier en a grand besoin, même ceux qui ne sont pas catholiques), tout en sachant que portae inferi non praevalebunt ! [Les portes de l’enfer ne prévaudront pas]
Breizh-Info.com : Il y a actuellement en France un mouvement massif de retour à la foi catholique. 36 % des baptisés adultes ont entre 18 et 25 ans. Ils étaient 23 % avant la période du Covid, ce qui représente une progression de 150 % en 5 ans. Un tel mouvement est-il observable en Italie ?
Emilio Giuliana : Il me semble qu’en Italie les personnes qui se rapprochent du catholicisme sont très peu nombreuses, les églises sont de plus en plus vides. Ce n’est pas étonnant vu que les enfants et les jeunes qui fréquentent les catéchismes pour les communions et les confirmations n’y apprennent rien, on ne leur enseigne rien, même pas les prières fondamentales comme le Notre Père et l’Ave Maria. Bien que marginaux et sur certains points, risibles, les mouvements traditionalistes se développent.
Je terminerai par une déclaration aussi emblématique que véridique du militant communiste, athée et homosexuel, le professeur Gianni Vattimo:
« Vous les catholiques avez résisté sans peur pendant près de deux siècles à l’assaut de la modernité. Vous avez cédé juste avant que le monde ne vous donne raison. Si vous teniez encore un peu, il se serait avéré que les « aggiornati » (1), les prophètes du futur post-moderne, c’était bien vous, les conservateurs. Dommage. Un conseil de laïc : si vous voulez changer encore, restaurez, ne réformez pas. Et en revenant en arrière, vers une tradition que tout le monde vous envie et que vous avez rejetée, vous serez plus en phase avec le monde d’aujourd’hui, vous sortirez de l’insignifiance dans laquelle vous vous êtes retrouvés en vous appliquant l’ aggiornamento en retard. Avec quels résultats, d’ailleurs ? Qui avez-vous converti depuis que vous essayez de nous rattraper sur cette mauvaise voie ? «
(1) adeptes de la « mise à jour » de l’Église, son adaptation aux évolutions de la modernité.
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