Liquidation de Coop Breizh : un séisme culturel pour l’édition bretonne

La nouvelle est tombée comme un couperet, ce mardi 17 juin 2025 : le tribunal de commerce de Brest a prononcé la liquidation judiciaire immédiate de Coop Breizh, structure emblématique de la culture bretonne fondée en 1957. En plus de signifier la fin d’une aventure éditoriale de près de 70 ans, cette décision risque d’entraîner des conséquences dramatiques pour l’ensemble du tissu éditorial breton.

Fin de partie pour une institution culturelle

Coop Breizh, basée à Spézet, n’est plus. Sa librairie de Lorient a fermé ses portes, le siège est désormais inaccessible et treize salariés perdent leur emploi. Après un placement en redressement judiciaire à l’automne 2024, puis un plan de cession jugé irréaliste, le tribunal a acté une issue devenue inévitable, faute de repreneur capable de maintenir l’activité.

Les dernières années avaient vu une dégradation constante de la situation : fermetures de points de vente (Quimper en 2022), arrêt de la production musicale, cession de fonds de commerce… Rien n’aura suffi à enrayer la spirale du déclin. Et pourtant, Coop Breizh avait encore généré 3,35 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Mais avec un déficit de près de 100 000 euros, les pertes accumulées ont eu raison de la structure.

Mais au-delà de la disparition d’une entreprise, c’est tout un écosystème culturel qui vacille. Coop Breizh assurait la diffusion et la distribution de près de 60 maisons d’édition bretonnes. Parmi elles, Yoran Embanner, maison connue pour son engagement en faveur des langues minoritaires, de l’histoire celte et de la Bretagne oubliée. Ces structures, souvent associatives ou micro-entreprises, n’ont ni les moyens ni les réseaux pour absorber un tel choc.

Seul candidat au rachat après le désistement du diffuseur Pollen, la maison d’édition Locus Solus (Châteaulin) n’a pu aller au bout de l’opération.  Si Locus Solus espère pouvoir reprendre une partie du catalogue, cela ne suffira pas à combler le vide laissé par Coop Breizh.

Un symptôme de plus du déclin culturel breton ?

Coop Breizh, c’était bien plus qu’une entreprise : un acteur central de la transmission et de la valorisation de la culture bretonne, aussi bien à travers le livre que la musique. Son effondrement s’inscrit dans un contexte plus large : désintérêt croissant des pouvoirs publics, centralisation des réseaux de distribution, marginalisation des cultures régionales.

À l’heure où l’identité bretonne cherche des relais dans un monde globalisé, la disparition de cette structure historique jette une ombre sur l’avenir de la création culturelle en Bretagne. Un pan entier de la mémoire collective risque de se perdre, faute de librairies, de disques, de livres accessibles et de moyens pour les produire et les diffuser.

Crédit photo : wikipedia (cc)
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3 réponses à “Liquidation de Coop Breizh : un séisme culturel pour l’édition bretonne”

  1. Raymond Neveu dit :

    On tourne en rond, on tourne en rond sur le pont d’Avignon…pour quelles raisons cette Coop n’a-t-elle pas tenir le coup? Le stock de livres est perdu pour les diverses associations alors solution simple l’une d’elles m’a demandé 50 € pour ne pas perdre d’argent, vieille technique de cette Eglise qui ne sait que tendre la sébile « à vot’ bon coeur! »

  2. Michel dit :

    Passer sur le Net?
    Plus de frais d’édition ni de diffusion.
    Les auteurs l’accepteront-ils?

  3. JLP dit :

    Les éditeurs bretons (souvent des structures associatives) ne toucheront rien, alors que la Coop détenait leurs stocks et que les ventes n’étaient pas relayées aux éditeurs mais servaient tout juste à boucher quelques trous. Jusqu’au jour où tout explose. Perdre et les livres, et l’argent attendu : que faire d’autre que de tendre la sébile pour permettre de surmonter (peut-être) l’obstacle ? Raymond, mon neveu, si la Coop n’a pas « tenu le coup », c’est d’une part parce que ni vous ni moi n’achetons plus de disques (vinyle), plus de K7, plus de cd (bien sûr, il aurait fallu un spotify celtique, mais pour combien d’abonnés ?), d’autre part parce que nous n’achetons plus autant de livres neufs qu’avant (et que nos descendants n’en achètent quasiment plus) : on espère trouver une belle occase chez momox ou amazon, ebay ou rakuten, etc. Le sort de la Coop Breizh était scellé de longue date, d’autant que la coopérative n’a pas été très bien cornaquée par certain président (je pense à Yvonig Gicquel, défaillant auparavant chez Kendalc’h !…), et que les cadres majeurs (Yann Goasdoué, « Yoran ») n’ont pas été remplacés par des pros mais par des gâs bien… On voit où cette bénévolence mène !

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