Quiconque lit ou consulte des ouvrages sur Louis-Ferdinand Céline relève des informations contradictoires sur les origines familiales de l’auteur de Voyage au bout de la Nuit et de Mort à Crédit. La thèse la plus communément diffusée est que sa mère, Marguerite Guillou, était d’origine bretonne. s’appuyant sur son nom de jeune fille : Guillou, patronyme si répandu en Bretagne. Certaines sources affirment que son père était également d’origine bretonne.
La réalité est pourtant disponible sur le site Généanet grâce à l’arbre généalogique fait par l’un de ses petits-fils Claude Turpin. L’auteur n’a, en effet, eu qu’une seule fille, Colette Marguerite Louise Destouches (morte en 2011), mais celle-ci ayant eu 5 enfants, les arrières petits-enfants et arrière-arrières petits-enfants de l’auteur culte sont aujourd’hui très nombreux (13 « arrières-arrières » recensés à ce jour) ! Constat qui aurait fort rebuté le très malthusianiste Céline qui désapprouva vertement les maternités successives de sa fille unique.
Au regard de cet arbre généalogique, la question demeure : Céline était-il vraiment d’origine bretonne ? Et si oui, par quelle cuisse ?
Eh bien, il ne l’était pas par son grand-père paternel, Clément-Auguste Destouches comme on peut le lire ici et là. Celui-ci, était bien né le 5 novembre 1800 à Vannes, Morbihan et décédé le 30 janvier 1884 à Lorient à l’âge de 83 ans après avoir été administrateur des douanes à Vannes, Caen et au Havre, mais cette naissance bretonne était un accident. La famille était en vérité une famille noble d’origine normande (région de Coutances exactement), même si un ancêtre ou deux auront le bon goût de venir mourir en Bretagne (à Saint-Marc Le Blanc et Saint-Georges-De-Gréhaigne à quelques encablures du Mont Saint-Michel mais côté breton) chez leurs enfants installés là.
Mais Céline est bien (lointainement) d’origine bretonne ! La branche bretonne du pamphlétaire lui vient de la famille de son arrière-grand-mère paternelle Marie-Jeanne Elise NAYL de LA VILLE AUBRY. Celle-ci est, en effet, née à Vannes le 24 septembre 1800. Elle venait d’une famille de la petite noblesse bretonne de la région de Josselin, Ploërmel, Malestroit, Mohon, Quilly, Saint-Servant, en clair, le long de la frontière entre Haute et Basse-Bretagne, côté gallo, dans ce Morbihan intérieur catholique, rural, boisé et chouan.
La mère du père de Céline, Fernand Destouches, s’appelait, quant à elle, Hermance Caroline Delhaye et venait du Nord, de communes situées non loin de la frontière belge.
Venons-en maintenant à Marguerite Guillou, mère de Céline, gage habituel de la « bretonnitude » de Céline. Déception pour les céliniens tendance Gwenn-ha-du, celle-ci n’était absolument pas d’origine bretonne. Les grands-parents paternels de Marguerite, les Guillou donc, venaient également de Normandie, de l’Orne exactement, et, à la marge, de la Sarthe alors que Céline, Victoire Lesjean, grand-mère de Louis-Ferdinand qui donne son pseudonyme à l’auteur était, malgré son nom qui aurait pu être breton (beaucoup de noms bretons commencent par Les-) issue d’une famille de la région parisienne.
Le génial Céline, unanimement considéré comme « d’origine bretonne » était avant tout normand et ch’ti et n’affichait seulement qu’un huitième de sang breton. Cela ne l’empêcha pas, à l’époque, de rencontrer les dirigeants du PNB/Breiz Atao dont Olier Mordrel, de se proclamer « Breton » et d’envisager de s’installer à Quimper. A noter que la mère de sa fille Colette, Edith Follet, était, quant à elle, bretonne (Léon et Cornouailles), son grand-père étant le médecin (et maire, conseiller général puis député)Augustin Morvan, dont le nom a été donné au fameux hôpital Morvan de Brest. La fille de Céline, Colette viendra d’ailleurs vivre dans la commune d’origine de son grand-père (dont il fût maire) et des ancêtres de son grand-père : Lannilis.
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2 réponses à “Louis-Ferdinand Céline était-il vraiment d’origine bretonne ?”
Et bien ce très cher Céline a tout pris du 8è de son sang breton qui lui a donné une belle personnalité charismatique de type breton.
Simple précision en passant, après la Révolution les propriétaires normands non nobles limitaient le nombre d’enfants pour ne pas devoir partager les terres et faisaient appel à une terre qui avait trop d’enfants comme la Bretagne d’où la présence de nombreux noms d’origine bretonne; en Haute Normandie au-delà de la Seine les domestiques venaient du Nord, Picards et Flandres.(Journées de Cerisy)