Kristen Ziccarelli, analyste politique : « Le programme « America First » ne signifie pas « l’Amérique seule » »

KRisten Ziccarelli est analyste politique senior, spécialisé dans la sécurité intérieure, l’immigration et l’hémisphère occidental à l’America First Policy Institute (AFPI). Nos collègues José Papparelli et Álvaro Peñas l’ont interviewé pour The European Conservative. Traduction par nos soins.

Qu’est-ce que l’AFPI ?

Kristen Ziccarelli  : À la fin du premier mandat de Donald Trump, en 2021, quelques dirigeants du mouvement « America First » (Brooke Rollins, Larry Kudlow et Linda McMahon, tous trois anciens conseillers du président Trump et ayant une expérience au sein du gouvernement) se sont réunis pour former l’AFPI, un groupe de réflexion destiné à défendre les principes du mouvement. Au cours des quatre dernières années, l’AFPI a promu le programme « America First » en organisant des événements et des campagnes à travers le pays et en défendant tous les points de son programme : sécurité des frontières, économie forte, indépendance énergétique, valeurs chrétiennes, etc. Ces idées sont partagées par la majorité des Américains et sont à l’opposé de ce que l’administration Biden a fait pendant quatre ans. L’AFPI est un groupe de réflexion non partisan qui a pour objectif de promouvoir les politiques du programme « America First » (nous ne parlons pas au nom de l’administration Trump).

De nombreux Européens sont conscients que l’Occident est menacé : par les politiques woke mises en œuvre par leurs gouvernements, par la guerre, par l’immigration massive, etc. L’Américain moyen est-il conscient de cette menace ?

Kristen Ziccarelli  : Je pense que l’Américain moyen est dans une certaine mesure conscient de cette menace, même s’il est très clair qu’il ne veut pas de politiques extrémistes telles que l’idéologie du genre ou l’anti-américanisme qui ont été promues jusqu’à récemment par notre gouvernement. C’est pourquoi les premières mesures de Trump visaient à mettre fin à cette folie. L’Américain moyen veut que son gouvernement le protège, défende ses frontières et préserve les valeurs occidentales.

Et en matière de politique internationale, le repli sur soi implique-t-il une politique isolationniste ?

Kristen Ziccarelli  : Non, le programme « America First » ne signifie pas « l’Amérique seule ». En réalité, lorsque le président Trump pousse certains pays à investir davantage dans la défense, ce qu’il souhaite, c’est que ces pays puissent se défendre eux-mêmes et ne pas dépendre exclusivement des États-Unis ; tout l’Occident doit être en mesure de se défendre, c’est une chose logique. L’administration Trump s’attache à renforcer l’Occident et est consciente de la menace que représentent la Chine, la Russie et l’Iran, mais la vérité est que les États-Unis ont de graves problèmes à résoudre, qui traînent depuis des décennies, et nous ne pouvons pas les laisser perdurer.

Votre travail à l’AFPI est lié à l’immigration.

Kristen Ziccarelli  : Oui, depuis 2022. L’administration Biden a annulé toutes les mesures prises par Trump pour sécuriser la frontière et a provoqué une crise migratoire sans précédent qui a eu des conséquences terribles dans les communautés américaines, avec une augmentation de la criminalité et des coûts liés à la gestion de la crise. L’afflux massif d’immigrants clandestins a été un facteur déterminant dans le vote lors des dernières élections, car la plupart des Américains veulent protéger la frontière et ne veulent pas voir leurs compatriotes victimes de crimes commis par des immigrants clandestins criminels.

Une autre conséquence de la politique d’ouverture des frontières de Biden a été la crise du fentanyl, même si beaucoup ne l’ont pas compris au début, car l’ouverture des frontières a également entraîné l’entrée massive de drogues introduites clandestinement par les cartels mexicains. Le fentanyl, dont les précurseurs proviennent de Chine, était l’une de ces drogues, et ses effets ont été dévastateurs.

Dans certaines villes, nous avons vu des images de toxicomanes au fentanyl errant comme des zombies. Sommes-nous confrontés à un fléau similaire à celui du crack dans les années 80 ?

Kristen Ziccarelli  : Ce phénomène ne touche pas seulement les grandes villes, mais aussi les petites communautés, et fait des ravages parmi les jeunes scolarisés. Le fentanyl est beaucoup plus puissant que les autres drogues, ce dont la plupart de ses consommateurs ne sont pas conscients, ce qui augmente considérablement le risque de surdose. En fait, le fentanyl est devenu la première cause de décès chez les Américains âgés de 18 à 45 ans. Cependant, l’administration Biden n’a pas pris de mesures et les drogues ont continué à circuler librement à travers la frontière.

Cette crise est-elle donc une conséquence de la politique d’ouverture des frontières ?

Kristen Ziccarelli  : À 100 %.

Les États-Unis ont toujours été un pays d’immigrants. Comment la nouvelle administration Trump aborde-t-elle l’intégration des immigrants légaux ?

Kristen Ziccarelli  : Au cours du premier mandat de Trump, le nombre d’immigrants légaux naturalisés était très élevé, donc l’idée selon laquelle le président serait contre l’immigration légale est complètement fausse. En réalité, l’immigration illégale porte gravement préjudice aux immigrants légaux qui viennent aux États-Unis et qui ont des demandes d’asile légitimes ou qui cherchent une voie légale. Le président a toujours été très clair sur le fait qu’un des piliers de l’idéologie « America First » est d’être en faveur de ceux qui veulent venir et devenir des membres productifs de notre société et qui respectent notre culture et nos valeurs. Ce qui ne peut être toléré, c’est l’arrivée de personnes sans aucun contrôle ni considération pour la sécurité nationale.

Des pays comme le Nicaragua ou le Venezuela, ou les cartels de la drogue au Mexique, jouent un rôle dans l’immigration illégale vers les États-Unis. Que fait-on à cet égard ?

Kristen Ziccarelli  : L’administration Trump est pleinement engagée dans la lutte contre les cartels de la drogue et l’immigration illégale en provenance de tous les pays. En janvier 2023, le président Biden a annoncé un programme de libération conditionnelle illégale pour les immigrants de Cuba, du Nicaragua, d’Haïti et du Venezuela, acceptant 30 000 immigrants par mois. Mais ce programme, comme d’autres mis en œuvre par son administration, ne prévoyait pas de protocoles de contrôle adéquats pour garantir que des personnes mal intentionnées n’entrent pas dans les communautés américaines. À la frontière sud, des immigrants illégaux ont été arrêtés puis relâchés dans notre pays, ce qui, dans la pratique, signifiait qu’il n’y avait pas de frontière. L’administration Trump a mis fin à cette politique de « capture et libération », également mise en œuvre par Obama, ainsi qu’à d’autres programmes illégaux, et a accru la pression sur les groupes criminels, ce qui lui permet d’agir plus efficacement contre eux.

Les récentes manifestations contre la politique migratoire de l’administration Trump rappellent beaucoup ce qui s’est passé avec Black Lives Matter. Qui est derrière ces violentes manifestations ?

Kristen Ziccarelli  : Je ne peux pas dire avec certitude qui est derrière ces manifestations, mais oui, elles rappellent beaucoup les émeutes provoquées par Black Lives Matter, qui ont semé le chaos et attaqué les forces de l’ordre. Le président a déjà clairement indiqué qu’il ne tolérerait pas de telles violences et a agi en conséquence. D’autre part, nous avons l’attitude du gouvernement mexicain, qui encourage les manifestations et ne se comporte pas comme un allié, ni dans cette affaire ni dans la lutte contre les narcos.

En parlant d’alliés, pensez-vous que la politique tarifaire de l’administration Trump pourrait causer des problèmes avec ses alliés traditionnels ?

Kristen Ziccarelli  : Je pense que Trump prend le monde d’assaut avec sa politique tarifaire parce qu’il a rompu avec ce que l’establishment a fait pendant des décennies. Avant tout, je pense qu’il veut rétablir l’équité pour les États-Unis et leurs intérêts économiques et donner la priorité à la sécurité. Les droits de douane sont un outil stratégique, basé sur les principes de l’« America First », qui vise à accroître notre compétitivité, à renforcer notre souveraineté et à défendre la classe moyenne américaine. À court terme, cela a conduit à certains conflits, mais Trump veut ce qu’il y a de mieux pour l’Amérique et souhaite amener les pays à la table des négociations afin de parvenir à un accord qui, à long terme, soit satisfaisant et bénéfique pour tous. En fin de compte, c’est ce que les citoyens attendent de leurs dirigeants : qu’ils défendent leurs intérêts et leur pays.

Crédit photo : DR

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