Alors que les dirigeants de l’OTAN rivalisent de discours martiaux sur l’urgence de réarmer face aux menaces géopolitiques croissantes, une question demeure taboue : à quoi bon des canons si personne n’est prêt à s’en servir ? Derrière les milliards annoncés pour la défense se cache une vérité inquiétante : l’Occident manque de soldats autant que de courage.
Une armée sans vocation
L’Allemagne, première puissance économique de l’Europe continentale, se targue de vouloir bâtir l’armée conventionnelle la plus puissante du continent. Mais les chiffres racontent une autre histoire. Un sondage récent révèle que seuls 17 % des Allemands se disent prêts à défendre leur pays en cas d’attaque. Le reste ? Trop confortablement installé dans une culture de la sécurité, du bien-être, et du refus du risque.
Ce constat n’est pas isolé. En Espagne, en Italie, en France, la volonté de défendre la patrie se délite au même rythme que le patriotisme. Même aux États-Unis, seulement un peu plus de la moitié des jeunes adultes interrogés accepteraient de prendre les armes en cas de conflit sur le sol national. La génération de l’après-héroïsme est née.
L’idéologie du confort contre l’éthique du sacrifice
Cette crise n’est pas seulement militaire. Elle est morale, culturelle, civilisationnelle. Pendant que les élites politiques multiplient les communiqués sur la modernisation des armées, leurs sociétés s’enfoncent dans un climat de déresponsabilisation. Le courage, l’honneur, le sens du devoir — ces piliers de la vocation militaire — ont été évacués des discours éducatifs, des représentations culturelles, et même des cercles du pouvoir.
Dans les séries, dans les écoles, dans les discours publics, le héros est devenu suspect, voire ridicule. Risquer sa vie pour sa nation ? Une absurdité dépassée pour les intellectuels postmodernes. La guerre est perçue comme une aberration, non comme un phénomène tragique mais possible de l’histoire. Le soldat n’est plus un modèle, mais un survivant maladapté à une société aseptisée.
Le paradoxe est cruel : l’Occident réarme, mais ne forme plus d’hommes et de femmes prêts à se battre. L’argent ne remplace pas la volonté. Les technologies les plus sophistiquées ne sauraient masquer le vide anthropologique creusé depuis des décennies par l’idéologie du confort, du relativisme et du pacifisme intégral.
Plus encore, l’armée devient un métier comme un autre, de plus en plus externalisé à des mercenaires, des intérimaires, des contractuels. Le citoyen moyen, lui, délègue la guerre, comme il délègue le reste. La défense nationale n’est plus un devoir partagé, mais une fonction de lointains professionnels.
Une société désarmée de l’intérieur
Cette démilitarisation morale a des conséquences concrètes : baisse du recrutement, défiance envers l’uniforme, et surtout, incapacité à faire bloc en cas de conflit majeur. Le danger n’est pas seulement extérieur : il réside dans cette incapacité à reconnaître que la survie d’une nation implique l’existence d’un peuple prêt à se battre pour elle.
Les discours sur la paix sont nobles — mais ils deviennent des slogans creux quand ils s’appuient sur un déni de réalité. L’Histoire, tragiquement, ne se décide pas toujours dans les salons diplomatiques. Elle s’écrit aussi sur les champs de bataille, là où les valeurs sont mises à l’épreuve.
Si l’Occident veut véritablement se défendre, il devra commencer par réhabiliter les vertus combattantes : le courage, l’abnégation, l’amour de la patrie, le sens du sacrifice. Non pas glorifier la guerre, mais comprendre que la paix se préserve aussi par la capacité à faire peur.
Réarmer sans redonner sens à l’engagement, c’est bâtir des forteresses de carton. Les missiles ne valent rien sans les hommes pour les tirer. Un arsenal sans guerriers est une illusion stratégique.
Pierre Korda
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10 réponses à “Réarmer sans guerriers : l’Occident désarmé face à lui-même”
La France est l’anti-thèse de Travail, Famille, Patrie et s’en glorifie.
-on touche de l’argent sans travailler
-on rembourse l’avortement et on promeut le mariage homosexuel
-on suspecte le patriotisme
Notre époque encourage l’individualisme: elle a oublié que l’intérêt général, ce n’est pas la somme des intérêts particuliers.
Oui, pour nos enfants,…il faut faire des enfants… et parfois en sacrifier. Si on est là c’est parce que nos aïeux l’ont accepté.
« Ils » nous ont imposé le communautarisme. Qui voudrait se battre pour cela? Défendre une communauté qui n’a que haine pour ce que je représente? Sans moi!
Oui de plus en plus on fera appel aux mercenaires pour défendre son confort matériel des suisses peut être comme à l époque de la monarchie de louis XIV où les bourgeois et les nobles profitent de Versailles cependant ce sont les gueux qui payent la note comme aujourd’hui cela conduira à la défaite de 1789 et le réveil de 1914 et le plus grand massacre mondial en Europe puis 1940la défaite impossible les français restent des incorrigibles petits bourgeois qui ne veulent pas payer le prix du sang pour leur confort heureusement qu il reste quelques indiens de souches dans les provinces de Bretagne d Alsace et Lorraine pays basque et Vendée en particulier et quelques autre en Auvergne et le problème de la dénatalité qui offre aux sarrasins notre beau pays par la natalité de leurs femmes
Vive la France résistante vive la Bretagne libre Kenavo yannig Louis
Un autre paramètre d’explication à la désaffection pour le « dévouement à a patrie » manque cruellement à cet article : la chute du sentiment de « faire peuple » dans des pays de plus en plus mités par l’immigration, l’insécurité et la corruption morale, par des classes dirigeantes et des états discrédités et défaillants. Qui aurait envie de se battre pour des pays pareils? Qui aurait envie de sauver la peau d’états pareils? Quand les états et leurs élites cyniques prennent leurs citoyens pour de vulgaires marchandises, pourquoi ces derniers ne prendraient-ils pas leur état pour un vulgaire marchand pour lequel on n’a pas envie de se sacrifier?
Ceux qui sont addicts à leur petit confort, leurs écrans, leur consumérisme perpétuel et leur détachement de l' »esprit français » et de la nation, ne vont pas risquer leur petite vie pour une grande cause comme l’ont fait nos ancêtres dans les guerres et la résistance contre l’ennemi. On n’ose plus défendre une personne dans les transports alors imaginez d’aller se battre avec un fusil et risquer sa peau pour un drapeau tricolore ! Les héros sont désormais dans les films à effets spéciaux et virtuels alors que la réalité demande de la sueur, du sang et des larmes comme disait W.Churchill…
Excellent article! La société mondiale a changé ! Nous ne sommes en 1940
Le peuple ne veut plus s engager et etc
Bien joli le discours, mais peut-être faudrait-il remettre l’église au milieu du village. Mourir pour qui? Mourir pour quoi? Nos élites, nos gouvernants, nos parlementaires et autres hauts fonctionnaires, la liste n’est pas exhaustive, iront-ils se battre, eux! Mourir pour la France, à quel titre? La liberté, quelle liberté? Celle qu’on nous rogne de plus en plus, au nom de principes orwellien. L’égalité? Quelle égalité celle des urbains versus ruraux, boomers versus générations XYZ, français de souche versus immigrés? Fraternité, ha, le beau mot, qui nous oblige au communautarisme invivable.
C’est ça que voulez défendre. Pathétique. Allez guerroyer, ce sera sans moi. Arrière petit fils, petit fils et fils de marin de la royale je suis certain que mes parents ne me desavoueraient pas en voyant la déliquescence d’un pays pour lequel ils se sont battus. Il n’est pas certain qu’ils s’y engageraient. Peut-être, même, se retournent-ils dans leurs tombes.
Donc les discours va t’en guerre, très peu pour moi. De toutes façons j’ai quitté définitivement la France, alors après moi….
Mais mourir pour quoi? Défendre les gôchistes de Paris, Lyon, Marseilles, Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Nantes, Rennes, Brest, Lille et j’en passe. Non merci
Comment pouvez-vous parler d’absence de volonté de défendre le pays ?
Les gens comprennent bien que les décisions prises par les dirigeants n’ont rien de bénéfiques – en tout cas en France.
Les 17% sont probablement shootés à la télé mainstream et boivent le discours de l’Élysée comme une canette de coca.
Avec l’exemple de l’Ukraine, de la Syrie, du Liban, de l’Irak, de l’ex-Yougoslavie, autant de guerres davantage félonnes les unes que les autres, et vous voudriez que les gens se précipitent la fleur au fusil, quand tous savent que le gouvernement leur ment comme un aragg ch auriez s’est et ne gouverne pas ?
Allons, un peu de bon sens!
et surtout qui menacerait la france ? la russie? des chars à Paris comme veut nous le faire croire macron et le général en chef français ? alors que poutine ne fait que grignoter en ukraine, il lui faudrait 2 ou 300 ans pour arriver en normandie