Le décor était majestueux, l’Adelaide Oval plein à craquer, le soleil austral comme projecteur, et les Lions britanniques et irlandais comme troupe principale. Mais le spectacle, samedi, n’aura été qu’un long monologue. Face à une sélection composite australo-néo-zélandaise surnommée « AUNZ XV », les Lions ont marché, couru, puis écraséleurs adversaires, inscrivant huit essais sans en concéder un seul : 48-0, score sans appel.
Et pourtant, cette sélection « invitée », bâtie avec des joueurs de seconde ligne néo-zélandaise et australienne, aurait pu, sur un malentendu, représenter un brin de résistance. Il n’en fut rien. Les Lions, eux, sont en mission. Et cette mission commence désormais sérieusement : trois tests face à l’Australie, à partir du 19 juillet.
Une orgie d’essais, un mur en défense
Le premier quart d’heure a suffi à poser le ton. Duhan van der Merwe, ailier aux jambes de feu et au sens du timing chirurgical, a aplati deux fois en coin (6e, 20e). Entre-temps, le demi de mêlée Ben White s’était faufilé en bord de ruck (9e), profitant d’une défense aussi perméable que la stratégie de l’AUNZ.
Si les locaux ont eu quelques occasions d’inquiéter l’armure britannique, ils ont constamment buté sur une défense rigoureuse, disciplinée, insensible à la panique. L’Irlandais Tadhg Beirne, capitaine du jour, pouvait savourer à juste titre cette feuille blanche : « Ne pas encaisser un point, c’est une fierté collective. »
Au retour des vestiaires, le récital a continué. Sione Tuipulotu, Scott Cummings, puis à nouveau Van der Merwe (pour le triplé), Ronan Kelleher sur une combinaison bien huilée en touche, et enfin Henry Pollock, jeune opportuniste en fin de match, ont complété le tableau d’une rencontre sans accroc.
Farrell, le retour du parrain
Il est entré comme on revient dans la lumière après avoir attendu patiemment dans l’ombre : Owen Farrell, rappelé pour sa quatrième tournée avec les Lions, a foulé la pelouse d’Adélaïde en seconde période. Sobre, précis, il incarne encore, à 33 ans, cette autorité rugbystique britannique que le sud de l’hémisphère regarde avec autant d’agacement que de respect.
Mais la vraie question n’est pas là. La vraie question est simple : cet échauffement ne fut-il pas trop facile ?
Car si les Lions sont invaincus depuis leur défaite inaugurale contre l’Argentine, ils n’ont affronté depuis que des franchises australiennes ou des sélections expérimentales. Les scores sont sans appel : 54-7 contre la Western Force, 52-12 contre les Reds, 21-10 contre les Waratahs, 36-24 contre les Brumbies, et donc ce 48-0 contre les AUNZ.
Mais ces larges victoires sont-elles un gage de solidité ? Ou bien une illusion de puissance contre des adversaires inoffensifs ?
Trois test-matchs, un verdict
Tout commencera samedi prochain, à Brisbane. Les hommes de Joe Schmidt, côté australien, attendent de pied ferme cette équipe britannique qui débarque avec son aura de tournée légendaire tous les quatre ans, ses centaines de milliers de supporters, ses hymnes mélangés et son maillot rouge unique.
Les Wallabies, eux, n’ont rien oublié de leurs dernières confrontations. Et si le rugby moderne ne laisse plus grand-chose à l’improvisation, ces trois matches pourraient réveiller l’instinct primaire, celui du combat pour l’honneur.
En attendant, les Lions traversent l’Australie comme un rouleau compresseur, confiants, soudés, et redoutablement bien préparés. Reste à savoir si ce confort ne les rendra pas vulnérables lorsque l’adversaire, enfin, sera à la hauteur.
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