Manche : malgré l’accord « un pour un », les traversées de migrants se multiplient

Plus de 2 500 migrants ont traversé la Manche en onze jours depuis l’entrée en vigueur du nouvel accord franco-britannique dit « un pour un » : un renvoi vers la France en échange d’un demandeur d’asile autorisé à rester au Royaume-Uni. Le ministère de l’Intérieur britannique l’a confirmé, et la BBC a consolidé ces données le 17 août. Dans le même temps, un bateau de plus de 100 clandestins a encore été aperçu cette semaine dans la Manche.

Sur l’année 2025, environ 28 000 personnes ont déjà atteint les côtes anglaises à bord de petites embarcations selon la chaîne de télévision britannique. Et, depuis l’arrivée au pouvoir du Parti travailliste en juillet 2024, le cap des 50 000 traversées a été franchi, un seuil politiquement lourd pour un gouvernement qui promettait de « démanteler » les réseaux de passeurs de migrants.

Londres met désormais en avant le mécanisme « un pour un », annoncé en juillet par Keir Starmer et Emmanuel Macron. Le premier groupe de clandestins visés par ce dispositif a bien été placé en détention à Douvres début août, mais aucune expulsion n’a encore eu lieu ; elles pourraient prendre jusqu’à trois mois selon la BBC. Autrement dit, aucun effet dissuasif n’est objectivement observable tant que les renvois ne démarrent pas et ne montent pas en cadence.

Sur le terrain, les passeurs s’adaptent. « Les gangs de passeurs se moquent que les personnes vulnérables qu’ils exploitent vivent ou meurent, tant qu’elles paient », a déclaré un porte-parole du ministère britannique de l’Intérieur, en défendant un plan « sérieux et complet » pour briser leur modèle économique, via une coopération accrue avec la France et un programme pilote de détention-renvoi.

L’été favorise ces départs quand la météo est plus clémente, et les volumes fluctuent aussi au gré des pièces détachées disponibles pour les canots et de l’intensité des patrouilles sur les plages du Nord de la France. Les autorités soulignent par ailleurs des résultats contre la logistique des filières : 20 canots destinés aux traversées ont été saisis en Bulgarie la semaine passée, deuxième prise en moins de trois semaines, illustrant la nécessité d’une coopération internationale.

Reste que le coût humain demeure tragique. Le 11 août, une femme d’une trentaine d’années est décédée en tentant d’embarquer sur la plage de Malo à Dunkerque, malgré les secours. Selon l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), au moins 20 décès liés aux traversées de la Manche ont déjà été recensés cette année, incluant des accidents en amont des départs.

Politiquement, la pression monte chez les Anglais. La dirigeante conservatrice Kemi Badenoch a jugé que le plan travailliste « n’était qu’un slogan ». Nigel Farage (Reform UK) a asséné : « Comme je l’avais prédit il y a cinq ans, à moins d’expulser les migrants illégaux, l’invasion sera massive. 50 000 depuis l’arrivée au pouvoir de ce Premier ministre faible, et rien n’indique que cela va s’arrêter ». Le ministre de l’Intérieur du cabinet fantôme Chris Philp accuse les travaillistes d’avoir « abandonné nos frontières » et « créé les conditions du chaos, laissant le peuple britannique payer la note ».

Même côté français, les doutes existent. Le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, a dénoncé une « gestion absurde, inefficace et terriblement cruelle », estimant que le schéma « ne ferait qu’accroître la prise de risques et les tensions sur l’ensemble du littoral ».

Enfin, les profils à l’arrivée sur les côtes britanniques restent ceux déjà observés : Afghans (première nationalité), Syriens, Iraniens, Vietnamiens et Érythréens, 61 % des arrivées à eux cinq (année glissante jusqu’à mars 2025). Au-delà des annonces, les chiffres confirment qu’il n’existe pas de solution miracle et que l’effet dissuasif de l’accord ne pourra être mesuré qu’une fois les retours effectifs et multipliés.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Manche : malgré l’accord « un pour un », les traversées de migrants se multiplient”

  1. vert dit :

    que les anglais imposent la carte d’identité biométrique a leurs sujets .
    une carte de séjour aux étrangers.
    dechéance de la nationalité britannique aux binationaux qui logent et emploient des clandestins.
    et faire fermer les commerces qui les emploient.
    Et si le patron est un étranger l’expulser.

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