Cancale, 5 500 habitants, perle de la baie du Mont-Saint-Michel et haut lieu ostréicole, vient de franchir une étape symbolique : le conseil municipal a voté l’interdiction de construire de nouvelles résidences secondaires. Désormais, tout logement neuf devra être occupé à titre de résidence principale au moins huit mois par an, et la location touristique limitée à 120 jours. Les contrevenants s’exposeront à des amendes allant jusqu’à 1 000 euros par jour, avec un plafond de 100 000 euros.
Une mesure radicale mais jugée nécessaire par la municipalité : entre 2011 et 2022, la part des résidences secondaires est passée de 35,5 % à plus de 41 % du parc immobilier. En parallèle, les meublés de tourisme ont bondi de 30 % en quatre ans, atteignant près de 600 unités fin 2024. Dans certains quartiers du port, les habitants de l’année se comptent sur les doigts d’une main.
La loi Echaniz-Le Meur, un outil pour les communes
La décision cancalaise s’appuie sur la loi Echaniz-Le Meur, votée en novembre 2024, qui autorise les communes fortement exposées à la spéculation à inscrire dans leur plan local d’urbanisme une « servitude de résidence principale ». Plusieurs villes basques – Bayonne, Biarritz, Anglet – ou encore Chamonix, déjà saturée par 70 % de résidences secondaires, ont ouvert la voie. Cancale devient ainsi la première commune bretonne à utiliser ce nouvel outil. L’enjeu est clair : il s’agit de préserver l’équilibre démographique et social d’une cité menacée de devenir un décor de carte postale vidé de ses habitants à l’année.
Une jeunesse bretonne privée d’avenir immobilier
Cette évolution nourrit un débat de fond en Bretagne : comment garantir à la jeunesse locale la possibilité de rester sur son territoire et d’y devenir propriétaire, hors du seul logement social ?
À Cancale, Mélanie, qui travaille en hôtellerie, raconte ses difficultés à se loger : « J’ai galéré pour trouver quelque chose à l’année. Beaucoup de jeunes n’y arrivent pas et finissent par partir ». Même constat pour des restaurateurs ou des artisans, inquiets de voir leurs enfants contraints de s’installer à plusieurs dizaines de kilomètres.b Face à cette situation, des voix bretonnes réclament l’instauration d’un permis de résident.
L’idée : réserver l’accès à la propriété, en Bretagne, aux autochtones d’abord, puis aux personnes pouvant justifier d’un ancrage durable dans la commune ou dans la région. Une telle mesure, déjà débattue dans d’autres régions d’Europe (notamment au Pays basque espagnol), permettrait de protéger la jeunesse locale contre la spéculation et de préserver le patrimoine breton.
L’interdiction des nouvelles résidences secondaires à Cancale est une première étape. Mais elle illustre surtout une tension croissante dans toute la Bretagne littorale : entre tourisme mondialisé, investisseurs extérieurs et habitants enracinés, l’équilibre est de plus en plus difficile à maintenir.
Pour beaucoup, seule une régulation plus ferme – comme le permis de résident – pourra empêcher que la côte bretonne ne devienne inaccessible à ceux qui y sont nés. Vivre et travailler au pays qu’ils disaient…
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Une réponse à “Cancale interdit les nouvelles résidences secondaires : A quand un « permis de résident » en Bretagne ?”
La Bretagne est à nous. Les Français nous l’ont volée, maintenant ils s’installent après nous avoir pillé. On devrait afficher ses « quartiers de Bretagne » comme on a affiché jadis les « quartiers de noblesse ». Les nouveaux arrivants gagneraient leur premier quartier au bout de 15 ans, comme en Nouvelle Caledonie. Ils auraient alors le droit de participer aux élections locales. Après selon les quartiers, il pourrait y avoir des droit à habiter..Les bretons de souche auraient obligatoirement 4 quartiers de breton.