Ziŋtká Nagwáka. Graham Greene, le visage inoubliable de Danse avec les loups, s’est éteint

Hollywood vient de perdre l’une de ses voix les plus singulières. Graham Greene, immense acteur canadien issu de la nation indienne Oneida, est décédé le 1er septembre 2025 à Stratford, en Ontario, à l’âge de 73 ans. Le grand public retiendra surtout son rôle d’homme médecin sioux de Danse avec les loups (Ziŋtká Nagwáka, Oiseau Bondissant), qui lui valut une nomination aux Oscars en 1991. Une reconnaissance internationale, et une porte entrouverte pour les acteurs autochtones dans une industrie qui, jusque-là, les cantonnait trop souvent à la caricature.

L’héritage de Danse avec les loups

Lorsque Kevin Costner sort son épopée en 1990, peu de spectateurs connaissent Graham Greene. Mais son interprétation de Oiseau Bondissant, Ziŋtká Nagwáka, à la fois digne et profondément humaine, bouleverse. Dans ce western revisité, il n’est plus question de silhouettes anonymes en arrière-plan, mais de personnages à part entière, porteurs d’une culture et d’une mémoire. Greene y incarne une autorité tranquille, un contrepoids spirituel aux fureurs du monde. Sa nomination aux Oscars – rare pour un acteur issu des Premières Nations – fut un signal : le cinéma américain pouvait, enfin, accorder une place aux voix trop longtemps réduites au silence.

Réduit à ce seul rôle, Greene aurait pu devenir un symbole figé. Mais il a refusé les étiquettes. On l’a vu dans des registres très différents : l’officier tribal sarcastique de Thunderheart, le compagnon ironique de Mel Gibson dans Maverick, le policier de Die Hard with a Vengeance, ou encore l’aîné condamné de La Ligne verte. Chaque apparition portait sa marque : une présence grave, teintée d’humour, et cette capacité à donner chair à des personnages que d’autres auraient rendus secondaires.

Sa carrière s’étendait bien au-delà du cinéma : théâtre, télévision, jeux vidéo (Red Dead Redemption 2), séries à succès comme The Last of Us ou Longmire. Toujours, la même volonté : restituer la complexité de l’expérience amérindienne.

Un pionnier respecté

Membre de l’Ordre du Canada depuis 2016, lauréat de nombreux prix, Graham Greene a ouvert une brèche. Son parcours rappelle que le cinéma n’est pas seulement un divertissement, mais aussi un lieu de mémoire et de transmission. À une époque où Hollywood peine à représenter sans déformer, Greene a su imposer une exigence : celle de la vérité.

Sa disparition laisse un vide. Mais il restera ce visage que l’on revoit dans Danse avec les loups : des yeux clairs, profonds, capables de dire l’intelligence d’un peuple et la noblesse d’un destin. En 1990, Greene donnait une voix au silence des plaines. En 2025, il s’en va, mais son rôle demeure comme l’un des plus beaux legs du cinéma moderne.

YV

Crédit photo : DR

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3 réponses à “Ziŋtká Nagwáka. Graham Greene, le visage inoubliable de Danse avec les loups, s’est éteint”

  1. mouchet dit :

    Un grand homme dans notre humanité destructrice surtout avec l’abominable massacre de 11 millions d’Amérindiens par les colons américains et canadiens. Que son âme parcoure l’au delà interstellaire pour l’éternité et fasse honneurs aux victimes.

  2. Bran ruz dit :

    J’appréciais beaucoup cet acteur amérindien qui n’a d’ailleurs pas joué que dans danse avec les loups qui est le film le plus connut de sa carrière cinématographique. Les grandes célestes lui tendent maintenant les bras.

  3. Michel BERAUDO-MARCH dit :

    Que ce grand acteur repose en paix dans les grandes prairies du Grant Esprit.

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