La démence, souvent associée aux pertes de mémoire, peut en réalité se manifester bien avant sous des formes plus discrètes. Des spécialistes rappellent qu’une reconnaissance précoce de ces symptômes inhabituels est essentielle pour un diagnostic rapide, ouvrant la voie à de meilleurs parcours de soins et à une meilleure qualité de vie pour les patients.
Au-delà de la mémoire : des signaux inattendus
Le cas de l’acteur Bruce Willis, atteint de démence fronto-temporale, illustre ces symptômes insidieux. Son entourage a d’abord constaté une indifférence croissante, des changements de personnalité, puis des difficultés de langage et un bégaiement. Autant de signes qui, mis bout à bout, ont conduit au diagnostic.
Mais la cognition ne se résume pas à la mémoire. Chez certains patients, c’est la vision, le comportement ou la capacité à planifier qui sont touchés en premier.
On distingue ainsi deux grandes catégories :
- la démence vasculaire, liée à des problèmes de circulation sanguine dans le cerveau ;
- la démence neurodégénérative, provoquée par l’accumulation de protéines anormales dans certaines zones cérébrales.
Ainsi, selon l’endroit où se logent ces dépôts, les symptômes diffèrent : perte de mémoire dans la maladie d’Alzheimer, troubles du langage dans la démence fronto-temporale, hallucinations dans la démence à corps de Lewy.
Les signes qui passent inaperçus
Parmi les indices précoces les plus fréquents :
- Changements alimentaires : goût soudain pour les sucreries, aversion pour certains aliments ou textures, voire une perte de contrôle des envies.
- Rêves perturbants : cauchemars plus fréquents ou mouvements inhabituels pendant le sommeil, parfois annonciateurs de troubles cognitifs.
- Comportements inédits : manger dans l’assiette des autres, s’habiller de façon inappropriée, tenir des propos déplacés.
- Variation de la libido : certains patients voient leur désir sexuel s’éteindre, d’autres au contraire développent une désinhibition problématique.
- Perte d’empathie et d’humour : un proche qui ne rit plus comme avant, ou qui rit à contretemps, peut donner un indice sur un dérèglement cérébral.
- Troubles visuels : difficultés à juger les distances, se cogner dans des meubles, ou être désorienté dans un environnement familier.
- Hallucinations visuelles : typiques de la démence à corps de Lewy, elles peuvent prendre la forme de petits objets ou silhouettes inexistantes.
- Problèmes de langage : perte du vocabulaire, difficultés à trouver les mots justes, impression de “perdre son dictionnaire intérieur”.
En France, environ 900 000 personnes sont concernées.
Un nouveau test sanguin (plasma p-tau217), attendu dans les prochaines années au Royaume-Uni, pourrait révolutionner le diagnostic d’Alzheimer en repérant plus rapidement les protéines tau et amyloïdes caractéristiques de la maladie. Mais pour l’heure, la clé reste la vigilance.
La démence ne se limite pas aux pertes de mémoire. Changements alimentaires, comportements sociaux inhabituels, troubles du sommeil ou du langage peuvent en être les premiers signaux. Plus le diagnostic est posé tôt, plus la prise en charge sera efficace.
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