Les résultats de l’étude PestiRiv, pilotée par Santé publique France et l’Anses, viennent de tomber après plusieurs mois de retard. L’enquête, menée sur trois ans dans six régions viticoles, confirme une exposition accrue aux pesticides pour les riverains, en particulier les jeunes enfants. Face à ce constat, le député écologiste de Gironde Nicolas Thierry annonce le dépôt prochain d’une proposition de loi.
Une surexposition documentée
L’étude a porté sur plus de 3 500 personnes vivant près des vignes. Les analyses d’urines, de poussières et d’air ambiant montrent des niveaux de contamination supérieurs à ceux relevés dans les zones éloignées de toute culture.
Les résultats de l’étude montrent que :
- Les riverains des zones viticoles sont plus exposés aux pesticides appliqués sur ces cultures que les personnes éloignées de toute culture. Ces expositions sont par ailleurs plus importantes en période de traitement. L’augmentation de l’imprégnation biologique en zones viticoles est observée à la fois chez les adultes et les enfants.
- Les quantités de produits utilisés et la proximité des habitations avec les vignes sont les deux principaux facteurs d’exposition.
Ces résultats sont robustes pour les différents échantillons analysés (urines, cheveux, poussières, air ambiant, air intérieur) et cohérents avec ceux des quelques études réalisées sur d’autres cultures aux Etats-Unis (blé, soja) et aux Pays-Bas (fleurs).
Cette exposition plus importante est due au transfert vers l’environnement des substances appliquées sur les vignes, qui est constaté pour la majorité des substances mesurées. Cette exposition concerne aussi bien des substances très spécifiques de la vigne (par exemple le folpel ou le métirame) que des substances qui le sont moins (par exemple le glyphosate, le fosétyl-aluminium, la spiroxamine).
Il est à noter que les faibles pluies et les températures élevées du printemps et de l’été 2022, période de l’étude, ont pu limiter les besoins de traitement. Les niveaux d’exposition en zones viticoles pourraient donc être plus élevés en cas de temps pluvieux.
Pour certaines substances, aucune différence entre les deux groupes de population ou entre les deux périodes n’est observée. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il existe d’autres sources d’exposition que les traitements agricoles (cas des pyréthrinoïdes, qui sont des insecticides utilisés pour des usages variés, ou encore du cuivre) ou que l’utilisation de la substance sur les vignes a été faible dans la période étudiée (exemple du tébuconazole).
Les enfants âgés de 3 à 6 ans sont les plus touchés : leurs comportements (jeux au sol, port des mains à la bouche) les rendent particulièrement vulnérables.
Ces résultats rejoignent les alertes déjà émises par l’Inserm en 2021, qui avait établi des liens entre exposition professionnelle aux pesticides et certaines pathologies graves (maladie de Parkinson, cancers, troubles du neurodéveloppement).
Le député de Gironde, qui avait déjà interpellé le ministre de la Santé en juin dernier sur le retard de publication, se dit préoccupé par cette « surimprégnation des enfants » et par les risques sanitaires à long terme.
Il appelle à des mesures immédiates, parmi lesquelles :
- l’information des riverains 48h avant tout épandage,
- l’élargissement des zones tampons autour des habitations (aujourd’hui limitées à 10 m, ou 20 m pour les substances les plus préoccupantes),
- la création d’une base de données nationale transparente recensant l’utilisation réelle des produits phytosanitaires.
« On ne peut pas laisser des millions de personnes, dont des enfants, exposés quotidiennement aux pesticides, dont certains sont cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, et rester les bras croisés », s’inquiète Nicolas Thierry.
Le député annonce qu’il déposera dans les prochaines semaines une proposition de loi pour renforcer la protection des habitants des zones viticoles. Avec plus d’un demi-million de Français vivant à moins de 200 mètres des vignes, le sujet est désormais posé comme un enjeu majeur de santé publique.
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