En septembre 2025, l’ONG Prisoners Defenders, en partenariat avec Transición Justicia, a publié le premier rapport exhaustif sur le travail forcé dans les prisons cubaines. Fruit de plusieurs années d’enquêtes, ce document de 48 pages accuse le régime castriste d’exploiter près de 60 000 détenus comme une main-d’œuvre corvéable à merci, au service de l’État et de ses exportations.
L’étude, validée par l’Institute for Crime & Justice Policy Research de l’Université de Londres, repose sur une méthodologie rigoureuse : 53 témoignages directs, plus de 60 entretiens complémentaires, et l’analyse de documents officiels. Les conclusions sont accablantes : le travail forcé ne serait pas un abus ponctuel mais une politique structurelle, légalisée par les propres lois de Cuba.
Une méthodologie scientifique pour contourner la censure
La recherche s’est appuyée sur un échantillon aléatoire de 53 détenus parmi les 60 000 condamnés à des « travaux correctionnels ». Les enquêteurs ont administré un questionnaire de 61 questions, entre avril et août 2025, dans des conditions de sécurité maximales pour protéger les témoins. Tous les témoignages ont été anonymisés et corroborés par des dossiers judiciaires.
Résultat : 100 % des personnes interrogées affirment avoir subi une forme de travail forcé, sous menace directe ou indirecte. Près de 70 % n’ont jamais signé de contrat, 98 % n’avaient ni outils adaptés ni formation, et plus de 94 % ont été contraints de travailler malgré des maladies graves (asthme, diabète, tuberculose).
Témoignages de l’horreur
Les récits des prisonniers dévoilent des conditions dignes d’un bagne du XIXᵉ siècle :
- « On m’a forcé à porter des sacs de charbon malgré une blessure à l’épaule. Quand j’ai protesté, j’ai perdu mes visites familiales pendant un mois. »
- « Nous produisons du charbon dans les champs, dormant à même le sol, buvant l’eau des abreuvoirs pour vaches. »
- « À cause du travail et de l’absence de soins, j’ai développé une septicémie aux mains. »
81 % des témoins souffrent de séquelles permanentes : problèmes de dos, mutilations, maladies infectieuses ou troubles psychologiques. Les représailles pour refus sont systématiques : coups, isolement, sanctions disciplinaires inventées de toutes pièces.
Les détenus sont employés dans toutes sortes de tâches :
- production de charbon de marabu (prioritaire), destinée à l’exportation, notamment vers l’Europe,
- coupe de canne à sucre, avec des journées de dix heures sous un soleil écrasant,
- construction, notamment de maisons pour des officiers,
- fabrication de cigares, fleuron de l’export cubain,
- travaux d’entretien, de nettoyage ou de ramassage de déchets.
Le charbon constitue le symbole de ce commerce macabre : en 2023, Cuba a exporté pour 61,8 millions de dollars de charbon de marabu, principalement vers l’Espagne, le Portugal, la Grèce et l’Italie. Les prisonniers, eux, ne touchaient que 0,62 dollar par tonne, quand l’État engrangeait 99,9 % de la valeur.
Même constat pour les cigares : dans certaines prisons, des détenus produisent jusqu’à 130 unités par jour pour des marques prestigieuses comme Cohiba ou Montecristo. Leur « salaire » ne dépasse pas 7 dollars par mois, quand chaque cigare est vendu plusieurs dizaines d’euros sur les marchés occidentaux.
L’étude met aussi en lumière une dimension par sexe, mais aussi raciale. Les femmes détenues, souvent affectées à des tâches dégradantes (nettoyage, toilettes, déchets), subissent dans 50 % des cas du harcèlement ou des violences sexuelles, parfois jusqu’au viol.
Les Afro-Cubains sont surdimensionnés dans le système carcéral et surexploités : ils représentent 64 % des prisonniers interrogés, soit presque deux fois leur poids démographique. Ils déclarent aussi davantage de violations (surcharges horaires, accidents, absence de salaire).
Une législation qui légalise la servitude
L’un des points les plus graves du rapport est la démonstration que ce travail forcé est inscrit dans la loi cubaine. Le Code pénal (2022), la Loi d’exécution des peines (2022) et le Décret 74/2023 permettent de conditionner les permissions, réductions de peine ou avantages aux « résultats au travail ». En clair : qui refuse de travailler perd tout espoir d’allègement de peine et s’expose à des prolongations arbitraires.
Cette législation entre en conflit direct avec les conventions internationales ratifiées par Cuba, notamment les Conventions 29 et 105 de l’Organisation internationale du travail, qui prohibent le travail forcé à des fins disciplinaires.
L’un des aspects les plus sensibles de ce rapport est l’implication indirecte des pays européens. Charbon et cigares issus des prisons cubaines alimentent les marchés d’Espagne, du Portugal, de la Grèce, de l’Italie ou encore de la Turquie. Plusieurs distributeurs européens sont cités, avec un risque juridique majeur : depuis 2023, l’Union européenne a adopté un règlement interdisant l’importation de biens produits par le travail forcé (EUFLR).
La France, comme ses partenaires, se retrouve face à une contradiction : continuer à importer ces produits revient à fermer les yeux sur un système d’esclavage moderne, aux antipodes des discours officiels sur les droits de l’homme.
Une répression politique sous-jacente
Parmi les 60 000 prisonniers forcés au travail, le rapport identifie environ 600 détenus politiques. Ceux-ci, souvent opposants au régime, sont affectés à des tâches humiliantes ou épuisantes, dans le but de les briser psychologiquement. L’exploitation économique se conjugue donc avec une stratégie de répression politique, visant à neutraliser toute dissidence.
Pour Prisoners Defenders, les faits documentés constituent une violation flagrante des conventions internationales, mais vont plus loin : ils s’apparentent à un crime contre l’humanité, du fait de leur caractère massif, systématique et organisé par l’État. L’ONG appelle à la saisine de mécanismes internationaux, et à des sanctions ciblées contre les responsables cubains et leurs partenaires commerciaux.
Une révolution trahie
Cuba aime encore se présenter comme un bastion de dignité face à « l’impérialisme », mais la réalité décrite par ce rapport est celle d’une économie fondée sur la souffrance de dizaines de milliers de prisonniers. Le charbon et les Cohiba, symboles d’un savoir-faire exporté dans le monde entier, reposent en partie sur la sueur, les larmes et parfois le sang de détenus réduits en esclavage.
Ce document de Prisoners Defenders constitue un tournant : pour la première fois, le travail forcé dans les prisons cubaines est chiffré, documenté et juridiquement analysé. Ses révélations mettent l’Europe face à ses responsabilités : continuer à importer ces produits reviendrait à cautionner un système d’exploitation d’État.
Soixante mille prisonniers esclaves à Cuba, et des millions de consommateurs européens complices malgré eux : voilà la véritable face cachée du commerce cubain.
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6 réponses à “Cuba : 60 000 prisonniers réduits en esclavage, l’Europe complice malgré elle”
A ma connaissance,ce n’était pas de l’ignorance « malgré eux » mais connu depuis des décennies mais la gauche interdisait de le publier et les bobos y allaient joyeusement en vacances. Merci pour cette étude et sa publication.
Mieux vaut tard que jamais, pour dénoncer ce que fût en vrai le régime castriste, mais il faut remettre les pendules à l heure et ne pas oublier que tous les régimes totalitaires ont été encensés par la gauche bien pensante. Souvenons des voyages de Sartre avec sa Simone ( de Beauvoir ) qui n’en pouvait plus de glorifier le régime cubain , et de Daniele Mitterrand avec les yeux énamourés pour le leader maximo .Lire le livre de Armando Valladares sur son incarcération dans les prisons de Fidel.Ce fût la même chose au moment de la « libération » de Phom Penh par les khemrs rouges ( lire les articles du jurnaliste de gauche : Jean Lacouture )
Dans les années 60 Cuba était premier exportateur…d’exilés vers les Etats-Unis en particulier Floride et…volontaires pour étoffer et soutenir les mouvements révolutionnaires d’Afrique par exemple le MPLA qui prit le pouvoir en Angola.
Encore un pays admiré par « Méronchon » et la gauche ne voulant pas voir la réalité de cette dictature épouvantable…partout où elle a le pouvoir c’est la désolation, la faillite économique, la pauvreté pour tous et la violence institutionnelle d’un régime abject.
Le travail forcé des prisonniers est une grande spécialité des régimes communistes : goulag soviétique, laogai chinois, …
Les Droits de l’Homme, c’est seulement valable dans nos contrées ; ailleurs, on s’en fout, du moment que ça rapporte.