C’est une bombe sociale qui enfle dans le silence. Huit ans après leur premier baromètre sur la solitude des plus de 60 ans, les Petits Frères des Pauvres publient une nouvelle enquête édifiante : 750 000 personnes âgées sont aujourd’hui en situation de « mort sociale » en France. Elles étaient 300 000 en 2017, 530 000 en 2021. Si rien n’est fait, l’association prévient qu’elles pourraient être un million en 2030, soit l’équivalent de la population entière de la Corse.
Ces aînés ne voient jamais ou presque jamais d’amis, de voisins, de parents, ni même de bénévoles associatifs. Leur vie se déroule sans contact, dans un isolement absolu. « Ce baromètre est un cri d’alerte », martèle Yann Lasnier, délégué général de l’association. « L’isolement n’est pas une fatalité, mais un enjeu de société que les pouvoirs publics doivent enfin prendre à bras-le-corps. Il est urgent de sortir de l’indifférence. »
Un phénomène en forte accélération
Les chiffres du baromètre, réalisé avec l’institut CSA Research auprès de 1 860 personnes âgées vivant en métropole, Martinique et Guadeloupe, font froid dans le dos. Deux millions d’aînés sont aujourd’hui isolés de leur famille ou de leurs amis. Quatre millions disent ressentir une solitude installée depuis plusieurs années. Et la moitié des plus de 60 ans, soit environ neuf millions de personnes, ne sort pas de chez elle chaque jour. L’exclusion numérique renforce encore la fracture : plus de cinq millions de seniors n’utilisent jamais Internet, accentuant leur mise à l’écart d’une société qui vit désormais connectée.
Pour Anne Géneau, présidente de l’association, la tendance est claire : « L’isolement des personnes âgées n’est pas du tout en recul, bien au contraire. Avec l’âge, les relations sociales diminuent, y compris les liens familiaux. Et comme le montrent nos indicateurs, ce sont les plus âgés, les plus fragiles, qui sont les plus à risque. À cela s’ajoute un autre facteur aggravant : la pauvreté. »
L’effet boule de neige du vieillissement
Cette réalité ne se résume pas à des chiffres. Elle traduit une transformation profonde de la société française. Les familles éclatées, la mobilité accrue, le recul de la pratique religieuse ou associative, mais aussi la pauvreté, accentuent l’isolement. Le taux de pauvreté des plus de 60 ans, qui atteignait 11,4 % en 2023, ne cesse de progresser. À mesure que l’espérance de vie s’allonge, le risque d’une fin de parcours dans la solitude se renforce.
Les Petits Frères des Pauvres dénoncent aussi un désintérêt politique. Malgré la loi « Bien vieillir » et une stratégie nationale annoncée en grande pompe, le secteur reste marqué par une instabilité chronique : pas moins de sept ministres du « Grand Âge » se sont succédé en quatre ans. « Les mesures sont mal coordonnées, sans vision d’ensemble », regrette Yann Lasnier. « Nous avons besoin d’une politique cohérente et ambitieuse, pas de déclarations ponctuelles. »
Quinze propositions pour agir
Dans leur rapport, l’association avance quinze recommandations. Parmi elles, la création d’une délégation interministérielle contre l’isolement social, la revalorisation du minimum vieillesse au seuil de pauvreté, ou encore l’intégration de la question du lien social dans le programme ICOPE de l’OMS, qui vise à prévenir la perte d’autonomie. L’association propose aussi de tester un système national d’alerte pour éviter les morts solitaires, ces drames dont la presse se fait régulièrement l’écho lorsqu’un corps est découvert des semaines après le décès.
Car au-delà des chiffres, il y a une réalité crue : chaque jour, en France, des personnes âgées meurent seules dans l’indifférence.
La Bretagne particulièrement exposée
La Bretagne n’échappe pas à cette évolution. Les données régionales sont révélatrices. Près de la moitié des Bretons de plus de 60 ans se disent concernés par la solitude, et 14 % en souffrent quotidiennement. Plus inquiétant encore, la région compte 6 % de personnes âgées en situation de mort sociale, contre 4 % au niveau national. Autrement dit, la proportion y est plus élevée qu’ailleurs.
Les Bretons âgés se distinguent aussi par un isolement associatif marqué : près de 70 % d’entre eux ne participent pas à la vie collective, alors que la moyenne nationale est de 62 %. Les associations, longtemps moteur du lien social en Bretagne, peinent à renouveler leurs bénévoles et à intégrer les plus âgés.
En revanche, les liens de proximité semblent mieux tenus qu’ailleurs. Six seniors bretons sur dix déclarent avoir chaque semaine des échanges de qualité avec des voisins, des commerçants, des aides à domicile ou leur facteur, contre la moitié seulement en France. Ces relations du quotidien, modestes mais essentielles, constituent un dernier filet social.
L’enjeu est d’autant plus fort que la Bretagne est l’une des régions les plus âgées de France. Le taux de pauvreté atteint 8,1 % chez les 60-74 ans, et grimpe à 9,2 % au-delà de 75 ans. Près d’un cinquième des plus de 75 ans est en perte d’autonomie. Dans des départements comme le Finistère ou les Côtes-d’Armor, la proportion de personnes âgées isolées rejoint ou dépasse les moyennes nationales.
Les Petits Frères des Pauvres Bretagne alertent : si rien n’est fait, l’isolement pourrait devenir un problème sanitaire majeur dans les dix prochaines années.
Une urgence sociale
Les Petits Frères des Pauvres n’ont de cesse de le rappeler : la solitude n’est pas une fatalité. Le maintien du lien social, l’encouragement des associations, la valorisation des métiers du grand âge, ou encore le soutien aux aidants familiaux sont autant de leviers possibles. Mais sans une mobilisation politique et citoyenne, le phénomène ne pourra que s’amplifier.
La France compte aujourd’hui 750 000 personnes âgées en mort sociale, soit l’équivalent du Morbihan. Dans cinq ans, elles pourraient être un million. La Bretagne, avec son tissu local encore vivant mais fragilisé, illustre à la fois les dangers et les ressources possibles. La balle est désormais dans le camp de l’État, mais aussi des collectivités et des citoyens.
« Il est temps de sortir de l’indifférence », conclut Yann Lasnier. À l’heure où le pays se prépare à vieillir massivement, l’isolement de nos aînés n’est pas seulement une statistique : c’est un miroir de notre société.
Illustration : DR
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2 réponses à “Isolement des personnes âgées : en France et en Bretagne, une bombe sociale à retardement”
RIEN NE SERA FAIT POUR LE GRAND AGE ! RIEN ! tout est fait pour que les vieux disparaissent aux profite des envahisseurs avec 5à10 gosses par famille ! il faut bien les payer à faire des gosses et prendre les logements des vieux pour qu’ils se logent gratuitement ! l’état aide les vieux avec l’euthanasie assisté !
vous avez certainement regardés ce que la gauche propose de prendre les habitations des personnes âgées qui sont trop grandes, pour des famille qui en ont besoin ! VOUS PENSEZ QUE C’EST POUR DES FAMILLES FRANCAICE !
Bravo Breizh Info d’alerter sur ce sujet méconnu et/ou passé sous silence… En espérant que cela nous invite à agir, chacun selon nos moyens…