Le chauffage n’est plus un « détail technique ». Selon une enquête réalisée en septembre 2025 (4 101 répondants, dont 1 300 propriétaires bailleurs), 91 % des acheteurs considèrent le système de chauffage comme un critère déterminant lors d’une visite : 54 % le vérifient systématiquement, 37 % le regardent surtout pour les biens anciens. À l’inverse, seuls 9 % déclarent ne pas le prioriser.
En toile de fond : la pression réglementaire sur la performance énergétique (DPE), l’interdiction de remise en location des logements classés G depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, et des arbitrages budgétaires de plus en plus serrés.
Pouvoir de négociation : DPE et facture pèsent lourd
Près de 92 % des futurs acquéreurs jugent le type de chauffage « essentiel » (49 %) ou au moins « décisif » (43 %). Un mauvais DPE peut rogner jusqu’à 15 % le prix final selon les références courantes du marché ; à l’inverse, un système moderne et économe rassure sur la facture d’énergie (d’autant que la baisse de 10–15 % de l’électricité annoncée en février 2025 a reconfiguré certains calculs de coût d’usage).
Face à la hausse des coûts de l’énergie, 69 % des candidats à l’achat écartent un bien jugé trop énergivore (38 % sans hésiter ; 31 % si rien ne compense). Seuls 31 % accepteraient encore un système coûteux (dont 27 % « sauf si les coûts sont vraiment excessifs »). Concrètement, les « passoires » ne sont plus seulement décotées : elles sont disqualifiées dans l’esprit de nombreux acheteurs.
L’hiver, révélateur impitoyable des défauts
Pour 83 % des Français, un logement mal chauffé ou équipé d’un système vieillissant se vend moins bien en automne/hiver (dont 56 % « beaucoup moins bien »). Les mois froids exposent les lacunes : confort thermique médiocre, surconsommation, nuisances (bruit des appareils, odeurs de combustion), etc. Les professionnels constatent déjà des décotes à deux chiffres pour les biens mal classés.
Interrogés sur les chauffages qui facilitent une vente, les répondants placent en tête :
- Pompe à chaleur : 76 %
- Électrique moderne (radiateurs performants, plancher chauffant) : 68 %
- Bois / pellets : 59 %
Le gaz décroche (42 %), reflet des aides publiques recentrées sur des solutions décarbonées et de l’image devenue défavorable des chaudières gaz, même récentes.
Louer plus vite : avantage clair au chauffage récent
Côté location, 83 % estiment qu’un chauffage moderne accélère la mise en location (dont 64 % « partout », 19 % « surtout en zones tendues »). Pour un bailleur, c’est un différenciateur qui réduit la vacance, sécurise le loyer cible et limite les objections lors des visites (« combien ça coûte l’hiver ? », « est-ce bruyant ? », etc.).
31 % des Français pensent – à raison – qu’un chauffage économique et récent peut soutenir une hausse de loyer… mais uniquement en améliorant réellement le DPE et dans les limites légales : un bien F/G reste contraint, et les revalorisations après travaux sont encadrées. Pour prétendre à un prix supérieur, viser la classe E (ou mieux) avec justificatifs (DPE, factures) est indispensable.
Face au couperet réglementaire, 82 % des propriétaires envisagent d’intervenir sur le chauffage : 38 % citent la réglementation comme facteur clé, mais 44 % veulent d’abord isoler (logique : l’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas).
Côté investissement locatif, 65 % sont disposés à moderniser le système (48 % sans hésiter, 17 % pour réduire les charges du locataire). 32 % attendraient une obligation formelle.
Vendeur, bailleur, acheteur : que faire concrètement ?
- Vendeurs : faites auditer le chauffage (rendement, âge, entretien) et mettez en avant les coûts d’usage (factures, contrats d’entretien). Une PAC récente, des radiateurs performants pilotables ou un poêle/chaudière pelletsentretenu sont des arguments prix.
- Bailleurs : priorisez d’abord isolation + régulation (programmation pièce par pièce, robinets thermostatiques), puis modernisez l’émetteur (radiateurs à inertie/accumulation ou plancher) et, si possible, la génération (PAC, réseau de chaleur performant). Constituez un dossier travaux pour sécuriser le DPE et justifier le niveau de loyer.
- Acheteurs : demandez l’historique d’entretien, les références d’équipement, le diagnostic de performance, et projetez un coût total de possession (consommations réelles, maintenance, pièces). Un chauffage « pas cher à l’achat » peut coûter très cher à l’usage.
Méthodologie
Méthodologie : enquête Rothelec réalisée en septembre 2025 auprès d’un échantillon de 4 101 personnes, âgées de 18 ans et plus dont 1 300 se sont déclarées propriétaires d’un bien immobilier locatif, résidant en France métropolitaine. Le recueil des données a été effectué en ligne, via le panel propriétaire de BuzzPress France, composé de 27 600 panélistes actifs, recrutés sur la base du volontariat et sollicités par e-mail.
L’échantillon interrogé a été constitué selon la méthode des quotas, sur les critères suivants : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de résidence et taille d’agglomération, conformément à la structure de la population française. Les résultats ont ensuite été pondérés afin de garantir leur représentativité vis-à-vis de la population cible.
Les données de redressement sont basées sur les dernières sources de référence de l’INSEE (population active, recensement, structure des ménages, etc.) et les données administratives publiques disponibles à la date de l’enquête.
Ce protocole garantit la fiabilité statistique et la reproductibilité de l’étude selon les normes reconnues par les professionnels du secteur des études d’opinion.